Le Canadien vient de compléter une première moitié de saison des plus encourageantes : ses 22 victoires et sa récolte de 49 points l’assurent d’une place en séries. Pour l’instant!

 

Avec les Islanders de New York qui gagnent et leur soufflent dans le dos, avec les Panthers de la Floride qui sont habituellement meilleurs en deuxième moitié de saison et des Sabres de Buffalo qui semblent vouloir se ressaisir après une séquence difficile, la course sera longue et ardue. C’est clair.

 

Mais avec ce qu’il a démontré au fil des 41 premiers matchs, le Canadien devrait faire partie du groupe de quatre clubs qui se battront pour les deux places réservées aux équipes repêchées.

 

C’est déjà un grand pas en avant en comparaison au merdier dans lequel le Tricolore s’enlisait à la même époque l’an dernier.

 

« On vivait un véritable cauchemar », a reconnu candidement le vétéran défenseur Jordie Benn lorsqu’on lui a demandé de dresser des comparaisons entre la réalité du Tricolore après sa victoire de 2-0 aux dépens des Canucks de Vancouver et celle qui prévalait il y a 12 mois.

 

Pas question de partir en peur et de laisser poindre un espoir de coupe Stanley pour cette année.

 

Ça non!

 

La disette de 25 ans se prolongera donc encore, mais le cauchemar de l’an dernier fait aujourd’hui place à une réalité qui permet de croire aux chances réelles du Canadien d’accéder aux séries. Et si la coupe Stanley demeure un rêve, il est aujourd’hui permis de rêver parce que les sources d’espoir sont nombreuses.

 

Huit joueurs avec 40 points

 

Carey Price, le Carey Price qui a réalisé 33 arrêts, dont 23 en deuxième moitié de match, pour signer son deuxième jeu blanc de la saison, son 42e en carrière, est bien sur une de ces sources d’espoir.

 

Surtout qu’avec la performance qu’il a offerte jeudi, Price a balayé du revers de la main tous les doutes et les inquiétudes soulevés par la «blessure» qui l’a contraint à rater les trois derniers matchs de 2018 de son équipe.

 

Tout comme Shea Weber qui joue du très gros hockey depuis son retour le 27 novembre dernier. Non seulement Weber récolte plus que sa part de points – cinq buts, 11 points en 17 matchs – mais son différentiel de plus-8 confirme l’efficacité du capitaine qui rend tous ses coéquipiers meilleurs autour de lui.

 

À commencer par Price, bien sûr, en passant par les attaquants, mais surtout ses coéquipiers défenseurs. Autant ceux qui se sont succédé à sa gauche que ceux qui sautent sur la patinoire, plus reposés et contre des adversaires davantage à leur portée parce que le capitaine relève les plus gros défis. Les plus gros duels.

 

ContentId(3.1303664):L'Antichambre : Notre bilan du CH à la mi-saison dans la LNH
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Mais ce qui me surprend le plus chez le Canadien à la mi-saison, c’est sa production offensive. Une production qui n’est plus l’affaire d’un, deux, trois ou quatre joueurs.

 

Jonathan Drouin a marqué jeudi soir son 13e but de la saison. C’est loin derrière les meilleurs francs-tireurs de la LNH. C’est vrai. Mais c’est quand même son total de l’an dernier au grand complet.

 

Au rythme actuel Drouin pourrait connaître une saison de 26 buts et 66 points. Ce qui serait un bond plus qu’intéressant vers le genre de production que les fans du Canadien sont en droit de s’attendre de la part de ce joueur rempli de talent.

 

Mais en plus de Drouin qui se dirige vers une saison de 60 points, sept de ses coéquipiers pourraient, en maintenant le rythme actuel, atteindre le plateau des 40 points. Sans oublier que Kotkaniemi flirte avec ce plateau potentiel puisqu’il revendique 19 points après 41 matchs.

 

Je sais! Le passé n’est pas toujours garant de l’avenir. Mais quand même. Ça fait longtemps que le Canadien n’a pas offert à ses partisans – à ses gardiens et ses défenseurs aussi – une production aussi diversifiée et abondante.

 

De fait, ça fait très longtemps.

ContentId(3.1303663):Point de presse de Claude Julien
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Il faut remonter à la saison 1993-1994 pour retrouver huit joueurs du Canadien qui ont connu une saison de 40 points et plus. L’année d’avant, il en comptait dix. Ces dix marqueurs de 40 points et un gardien au sommet de son art avaient permis de rapatrier la coupe Stanley à Montréal pour la 24e fois de son histoire.

 

Non seulement Drouin, Domi, Tatar, Petry, Danault, Gallagher, Shaw, Lehkonen et peut-être même Kotkaniemi pourraient fracasser le plateau des 40 points s’ils évitent les blessures et maintiennent leur rythme, mais Max Domi pourrait atteindre les 76 points. Ce qui éclipserait le plus haut total des 10 dernières années chez le Canadien : une récolte de 70 points en 2009-2010 par Tomas Plekanec.

 

Plus de vitesse, plus de talent

 

Comment expliquer pareil éveil offensif alors que le Canadien s’est contenté de quatre joueurs de 40 points et plus l’an dernier et que Brendan Gallagher a terminé au tout premier rang avec une production de 31 buts, mais seulement 54 points?

 

« Le personnel à notre disposition est l’une des explications. Avec Tatar, Domi et Drouin qui est plus productif que l’an dernier, nous avons de meilleurs résultats. Nous avons aussi changé un peu notre façon de jouer. Nous axons notre jeu sur la vitesse. On joue du hockey plus ouvert. À l’image de ce qu’on voit autour de la Ligue cette année. Les buts sont en hausse », a expliqué l’entraîneur-chef Claude Julien.

 

Drouin libéré

 

Comme il l’avait indiqué lors du dernier camp d’entraînement, Jonathan Drouin concède que le fait d’être libéré des responsabilités associées au rôle de centre qu’il occupait l’an dernier l’aide beaucoup cette année.

 

ContentId(3.1303685):L'histoire du match : Canucks - Canadiens
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« Je peux me libérer davantage », a convenu le rapide patineur qui a démontré beaucoup de fougue et de vigueur sur la patinoire hier soir. Non seulement a-t-il filé à vive allure sur la poussée qui lui a permis de marquer le deuxième but du Canadien, son 13e de la saison, mais il a aussi orchestré tout un jeu qui aurait permis à Max Domi d’enfiler son 15e de la saison – son premier après une disette de 10 matchs – n’eut été de l’arrêt brillant du gardien Jacob Markstrom.

 

Jonathan Drouin a étalé son talent jeudi soir. Du talent qu’il camoufle des fois un brin trop, mais du talent qui lui permet de dominer la patinoire lorsqu’il a des jambes et qu’il les pousse. Comme il l’a fait contre Vancouver.

 

« C’est vrai que certains soirs je n’ai pas autant de jambes que j’en avais ce soir. Et elles n’étaient pas aussi fortes lors des derniers matchs. On est tous humains. On a des meilleurs soirs que d’autres. Mais ce soir, c’était un bon soir », a reconnu Drouin.

 

Attaquer oui, mais défendre aussi

 

Jordie Benn qui joue du hockey aussi solide depuis quelques semaines qu’à son arrivée avec le Tricolore il y a deux ans a contribué à la 22e victoire de la saison de plusieurs façons.

 

Non seulement a-t-il marqué le premier but du match, son troisième de la saison, son deuxième en trois matchs, séquence au cours de laquelle il a aussi ajouté deux passes, mais Benn a été solide défensivement protégeant bien la cage de son gardien Carey Price contre les assauts des joueurs des Canucks tout en bloquant trois tirs, dont un qui l’a atteint aux côtes lors d’un désavantage numérique en au dernier tiers.

 

Bon! Benn s’est permis un revirement à la ligne bleue adverse et a du coup offert une échappée à la recrue de l’année dans la LNH Elias Pettersson. C’est vrai. Mais loin de demeurer passif après sa bévue monumentale, le vieux Jordie a trouvé le moyen d’effectuer un repli défensif efficace. Non il n’a pas rejoint Pettersson. Du moins pas complètement. Mais il l’a rejoint suffisamment pour l’embêter un brin et permettre à Carey Price d’effectuer l’arrêt. Son premier vrai du match.

 

J’ai demandé à Jordie Benn après le match si les commentaires du chef de la direction des Stars de Dallas Jim Lites qui a qualifié de « pomme de route » le qualité du jeu de son frère Jamie,

Price a sauvé la mise pour le Canadien

l’avait davantage fouetté que son frérot. Il s’est contenté de sourire…

 

« Je ne ferai pas de commentaires sur ce dossier. Surtout qu’il doit y avoir des gens qui pourraient avoir ce genre de commentaire sur la qualité de mon jeu », a ensuite souligné le vétéran défenseur.

 

En jouant comme il le fait présentement, Benn n’a pas à être inquiet. Pas du tout. De fait, de la façon dont il joue en ce moment, Benn pourrait facilement être jumelé à Shea Weber. Quoi qu’il est sans l’ombre d’un doute dans un meilleur siège avec Brett Kulak au sein du troisième duo.

 

« Je suis prêt à jouer avec n’importe quoi en dans n’importe quelles circonstances pour le bien de l’équipe », a-t-il ajouté.

 

Quant à la production offensive revigorée du Canadien en première moitié de saison, Jordie Benn reconnaît qu’elle aide l’équipe au grand complet. Mais il s’empresse d’ajouter que le travail beaucoup plus complet des attaquants aide davantage.

 

« Nous marquons plus de buts cette année et c’est certainement plaisant de compter sur des coussins au cours des matchs ou de réaliser que nous pouvons effectuer des remontées en fin de partie. Mais en plus de marquer davantage, nous attaquants jouent beaucoup mieux défensivement aussi. Ils nous aident bien plus que l’an dernier. Ça aide à récupérer les rondelles en zone défensive et à orchestrer des sorties plus rapides. »

 

Après 41 matchs, les succès du Canadien autant à l’attaque qu’en défense, ne sont plus anecdotiques. On doit les prendre en considération et conclure qu’ils font du Canadien un club capable de se battre pour une place en séries.

 

Mais le plus dur reste à faire : y accéder!

 

En bref

  • Les Canucks pourraient avoir perdu bien plus que le match qui les opposait au Canadien jeudi. Leur sensationnelle recrue Elias Pettersson a quitté le match après un accrochage l’opposant à Jesperi Kotkaniemi en zone du Tricolore. La recrue du Canadien a nettement accroché la recrue des Canucks qui s’est tordu la jambe en effectuant sa chute. Les nombreuses reprises ne laissaient rien envisager de positif. Mais Pettersson, qui est seul pour le moment dans la course au trophée Calder remis à la recrue de l’année, a fait le voyage vers Toronto avec ses coéquipiers après la rencontre. Espérons pour Pettersson, les Canucks et leurs partisans que les nouvelles seront bonnes...
     
  • Joel Armia a effectué un retour au jeu après une absence de 25 rencontres. Après cette très longue pause, Armia a reconnu avoir eu de bonnes, mais aussi de moins bonnes présences en compagnie de ses compagnons de trio et compatriotes Jesperi Kotkaniemi et Artturi Lehkonen. Armia a récolté une passe sur le premier but du match. Il aurait pu en obtenir une autre lorsqu’il a donné la rondelle dans l’enclave à Bo Horvat qui s’est fait voler un but certain par Carey Price qui a sorti la mitaine d’un geste vif et précis. «Je suis allé lui dire merci», a simplement répondu Armia lorsqu’on lui a demandé ce qu’il avait mentionné à son gardien lors de l’arrêt de jeu...
     
  • En passant : Kotkaniemi, Lehkonen et Armia se parlent en Finnois lorsqu’ils sillonnent la patinoire et lorsqu’ils sont au banc. Normal. En plus, ça leur donne un net avantage sur leurs adversaires qui ne peuvent rien comprendre des stratégies et directives qu’ils s’échangent pendant le déroulement du jeu...
     
  • Brock Boeser a dominé les joueurs des deux équipes avec 14 tirs tentés dont six ont été bloqués par Carey Price...
     
  • Chez le Canadien, Jeff Petry a aussi cadré six tirs. Il en a décoché un total de 10...