Après quatre revers de suite et à l’aube d’un voyage qui s’annonçait difficile sur la côte ouest Américaine, le Canadien n’avait pas le choix : il devait trouver une façon de gagner. De battre les Sharks contre qui ils avaient perdu 10 fois lors de leurs 10 dernières visites à San Jose.

 

Parce que le Canadien a multiplié les façons de perdre au lieu de se concentrer sur des façons de gagner, la triste série s’est prolongée à 11.

 

Eh oui! Le Tricolore a perdu. Il s’est même fait solidement ramasser 5-2 par des Sharks un brin chanceux peut-être, mais qui ont moussé leurs chances en balayant du revers de la main leurs adversaires du Canadien qui eux ont miné leurs chances de victoires en perdant plus de batailles qu’ils en ont gagnées et surtout en offrant bien trop d’attaques massives à une équipe qui n’attendait que ça pour en tirer profit.

 

ContentId(3.1249844):Canadiens 2 - Sharks 5
bellmedia_rds.AxisVideo

Et vous savez quoi? Le Canadien a perdu le match qui à bien des égards pouvait être son plus facile du voyage. Car dès ce soir, le Tricolore croisera des Kings, à Los Angeles, qui non seulement connaissent un excellent début de saison avec quatre victoires et un revers en prolongation, mais profitaient aussi d’un mardi de congé. Vendredi : le Canadien visitera des Ducks qui battent un brin ou deux de l’aile en raison des blessures, mais qui seront eux aussi bien reposés après quatre longues journées de congé.

 

Mes observations en marge de cette cinquième défaite du Canadien en six matchs, un quatrième revers en temps réglementaire déjà cette saison:

 

  1. Où diable est passé Pacioretty?
  2. Encore quatre buts accordés par Price
  3. L’indiscipline mine les chances de victoires
  4. Les plus et les moins de Drouin

 

Chiffre du match : 13 – Fort de ses deux buts et quatre points récoltés mardi, le prolifique Logan Couture a moussé à 13 points (six buts) en neuf rencontres, sa récolte aux dépens du Canadien depuis son entrée dans la LNH.

 

Où diable est passé Pacioretty?

 

Max Pacioretty fonctionne par séquences. Quand il marque, il marque à un rythme effréné. Mais quand il est au neutre, il l’est pour vrai.

 

L’an dernier, le capitaine revendiquait un but après sept matchs, deux après 14 parties, quatre après 20 rencontres et cinq après les 24 premiers matchs du Canadien.

 

Après? Pacioretty a connu une poussée de fièvre avec 23 buts en 32 parties, en route vers une saison de 35 buts; sa quatrième consécutive de 30 filets et plus. Une saison qui lui a permis de se hisser parmi les meilleurs francs-tireurs de la LNH au cours de cette période.

 

Mardi à San Jose, le capitaine a été blanchi dans un cinquième match de suite. Pis encore, il s’est contenté de deux tirs au filet défendu par le gardien Martin Jones qui est loin d’avoir eu à se signaler pour contrer les efforts du capitaine.

 

Après six matchs, Pacioretty n’affiche toujours qu’un petit but. Vous direz que c’est à l’image de sa production à pareille date l’an dernier et qu’il est donc bien trop tôt pour lui lancer la pierre. Encore moins pour lancer la serviette.

 

Je veux bien.

 

Mais après un camp d’entraînement au cours duquel il a créé une complicité avec Jonathan Drouin au sein du premier trio, après un premier match de la saison – à Buffalo – au cours duquel Pacioretty a marqué sur un puissant tir frappé sur réception d’une belle passe de Drouin, on s’attendait tous à plus de régularité de la part du capitaine et de son nouveau joueur de centre.

 

On attend encore. Surtout de la part du capitaine.

 

Si Pacioretty bourdonnait autour des filets adverses, s’il avait multiplié les bonnes occasions de marquer, s’il avait poussé les gardiens à multiplier les miracles à ses dépens ou encore s’il avait fait résonner poteaux et barres horizontales, on pourrait dire : le capitaine est sur la « job ». Il se démène. Il met les chances de son côté et les buts s’en viennent. C’est clair.

 

Les buts viendront peut-être encore cette année. Ils viendront peut-être en mitraille à l’image de sa production de l’an dernier.

 

Mais pour le moment, Pacioretty n’en affiche qu’un. Et contrairement à l’an dernier et à l’autre saison d’avant, le Canadien perd bien plus souvent qu’il ne gagne. Et c’est quand tu perds comme le Canadien perd en ce moment qu’un club a besoin que ses leaders se dressent au lieu de s’effacer.

 

Car oui, en ce moment, Pacioretty est effacé. Il est effacé comme il l’a été dans les six matchs de la série que les Rangers ont gagnée le printemps dernier aux dépens du Canadien et au cours de laquelle Pacioretty n’a pas marqué un seul but. À l’image de ses dix derniers matchs de la saison régulière, dix matchs au cours desquels il a aussi été blanchi.

 

Si on fait le décompte, Pacioretty n’affiche donc qu’un but à ses 22 dernières rencontres.

 

Il serait donc grand temps pour le capitaine de clore cette triste séquence pour en amorcer une autre plus productive, mettons. Ça aiderait ses statistiques personnelles. Ça aiderait la moyenne d’efficacité de l’attaque massive. Ça aiderait surtout le Canadien à gagner, ce qui permettrait du coup à Carey Price de souffler un peu.

 

Encore quatre buts accordés par Price

 

Carey Price a pris le blâme samedi après la défaite aux mains des Maple Leafs de Toronto. Il n’avait pas le choix. Car oui, sa générosité inhabituelle devant le filet a propulsé les jeunes Leafs vers la victoire.

 

Mardi à San Jose, Carey Price n’avait pas à prendre le blâme pour le reste de l’équipe. Car non, il n’a pas fait de cadeaux aux Sharks.

 

Est-ce qu’il aurait pu bloquer des rondelles qui l’ont déjoué? Bien sûr. Surtout que c’est à ce genre de performances que Price nous a habitués depuis qu’il a repris le plein contrôle sur sa carrière en 2011-2012.

 

Il est là le problème.

 

Que Price soit coupable ou non, totalement ou partie, des buts marqués à ses dépens mardi, il en a quand même accordé quatre. Quatre buts accordés dans un deuxième match de suite. Ça en fait 19 en six parties, dont une rencontre qui s’est terminée abruptement après une période à Washington où les Capitals l’ont déjoué quatre fois en 20 minutes.

 

Price doit être meilleur. Il doit être plus gros devant son but. Plus confiant. Il doit retrouver ce statut qui lui permettait d’intimider les adversaires fonçant vers lui au lieu de se retrouver en déséquilibre comme c’est encore arrivé à quelques reprises mardi à San Jose.

 

Mais devant lui, l’équipe doit être bien meilleure aussi. C’est impardonnable de laisser les attaquants adverses contrôler le devant du filet du Canadien comme les Sharks l’ont fait hier. Si, en plus d’être un brin en contrebas de ses patins en ce moment, Price doit aussi colmater la perméabilité de sa défense, le Canadien n’est pas sorti de l’auberge.

 

Pis encore, plusieurs de ses fans continueront à vociférer, et les impulsifs qui ont déjà oublié les contrecoups du départ abrupt de Patrick Roy de Montréal et les conséquences désastreuses que ce départ a eues sur le Canadien pendant des années, mettront plus d’énergie à contester le contrat de huit ans et 84 millions $ qu’il a signé l’été dernier tout en réclamant son départ pour le remplacer par Charlie Lindgren. Ce qui est un non-sens!

 

Mais ce qui est vrai pour Pacioretty l’est aussi pour Price. Quand une équipe traverse un passage à vide, ses leaders doivent donner le ton, calmer le jeu et sortir la bande du merdier dans lequel elle est empêtrée.

 

Et pour le moment, que ce soit de sa faute ou non, Price ne remplit pas son rôle.

 

L’indiscipline mine les chances de victoires

 

Quand tu affrontes un club contre qui tu as perdu tes 10 derniers duels à l’étranger. Quand tu affrontes un club chez qui tu n’as pas gagné depuis 1999, tu fais quoi d’autre que te raser les cheveux comme l’a fait Brendan Gallagher afin de donner l’idée à dame chance de changer de côté?

 

Tu amorces le match en force. Tu patines. Tu es intense. Tu mets l’adversaire sur les talons. Tu le places en déséquilibre pour le forcer à écoper des pénalités à tes dépens et en profiter lors des attaques massives que tu obtiens.

 

Un beau plan de match.

 

Un beau plan de match que le Canadien a complètement bousillé en amorçant le match sur les talons. En se contentant trop souvent d’être deuxième sur les rondelles libres. Et surtout en écopant des pénalités bêtes pour des coups de bâton et autres ripostes qui tiraient bien davantage sur de l’indiscipline et même de la paresse comme l’a spécifié Claude Julien dans son point de presse.

 

« Ces pénalités ont brisé notre rythme. Elles ont creusé un trou », a indiqué l’entraîneur-chef du Canadien. Un trou dans lequel son équipe s’est enfoncée aurait-il pu ajouter. Mais bon, c’est moi qui l’écris pour lui...

 

Les Sharks qui sont gros, trop pour les défenseurs du Canadien qui semblent être incapables de chasser une mouche de l’enclave, qui sont aussi très bons avec la rondelle, et qui mieux encore, sont implacables en avantage numérique ont regardé le Canadien multiplié les pénalités en se frottant les mains d’aise.

 

Ah oui, ils en ont aussi profité pour marquer deux fois. Deux buts importants qui leur ont permis de s’offrir des avances de 3-1 et 4-2 en période médiane pour ainsi sérieusement ralentir le Canadien... qui n’était déjà pas très rapide.

 

Ales Hemsky, oui, oui, encore lui, a écopé une de ces pénalités coûteuses. Déjà qu’il ne fait rien pour aider sa cause offensivement, est-ce qu’on doit encore accepter ces pénalités qui minent son club et ses coéquipiers.

 

L’idée de donner une chance à Hemsky pouvait se défendre bien que beaucoup d’autres candidats auraient pu lui être préférés. Mais si Hemsky n’est pas plus en mesure d’aider le Canadien que Mark Streit ne l’était, il faudrait peut-être éviter de prolonger l’expérience trop longtemps et entreprendre des procédures de transaction ou de rachat le plus tôt possible.

 

Car en ce moment, je ne peux pas croire une seconde qu’un jeune attaquant du Rocket de Laval, ne pourrait pas en donner plus au grand club que Hemsky lui offre présentement.

 

Les plus et les moins de Drouin

 

Jonathan Drouin a de gros patins à chausser à Montréal.

 

Débarqué à la maison avec le mandat de piloter le premier trio, de marquer des buts, d’aider Max Pacioretty à en marquer plus que lui, d’orchestrer l’attaque massive, tout en remportant des mises en jeu et en étant efficace en défense, le petit joueur de centre n’a pas beaucoup de marge d’erreur.

 

Quelques-unes des rares consolations dans la défaite de mardi à San Jose, sont venues de la lame du bâton de Drouin qui a marqué un très beau but pour niveler les chances 1-1 tôt en première en plus d’orchestrer le but de Shea Weber en avantage numérique.

 

Défensivement, Drouin a relevé quelques missions en zone du Tricolore, mais le premier but a été enfilé à ses dépens. Du moins en partie. Drouin a échappé son joueur le long de la bande à la gauche de Carey Price. Et comme Brandon Davidson et Joe Morrow se sont laissés attirer loin dans le centre de la zone du Tricolore au lieu de remarquer la présence du joueur dont Drouin venait de perdre la trace, les Sharks ont pris les devants en marquant un but facile qui a fait mal paraître tous les joueurs du Canadien présents sur la glace. Incluant Carey Price qui n’y pouvait pourtant rien.

 

Comme me l’ont fait remarquer mes collègues Benoit Brunet et Denis Gauthier, c’est le genre de situation avec lesquelles il faudra de temps en temps composer avec Drouin qui a bien des mandats à remplir à sa première saison à Montréal.

 

Mais s’il peut débloquer à l’attaque, faire débloquer du coup Pacioretty et l’attaque massive, il me semble qu’on sera tous plus enclins à lui offrir des pardons pour des missions défensives bousillées un brin ou deux. Surtout que d’autres spécialistes de la défense devraient normalement être en mesure de lui venir en aide.

 

J’insiste sur devraient... Le temps nous le dira.

 

En passant, la présence de Shea Weber plus bas en zone ennemie lors des attaques massives a déjà donné des résultats. Weber, le meilleur marqueur de la LNH l’an dernier chez les défenseurs en avantage numérique, a inscrit son tout premier de l’année avec une frappe qui n’a donné aucune chance au gardien Martin Jones.

Au lieu d’être une cible facile à couvrir, perché comme il l’était à titre de seul joueur à patrouiller la ligne bleue adverse pour: tirer avec un couvreur sur le dos, ou effectuer des passes pas évidentes parce que les corridors étaient occupés, Weber devient une menace de premier plan du haut des cercles de mises en jeu.

 

Cet ajustement devrait vraiment sourire au Canadien lors de ses prochaines attaques massives. Car Weber est l’arme de prédilection – Pacioretty devrait lui faire la lutte, mais il ne le fait pas en ce moment – de l’attaque à cinq du Canadien. Et cette arme doit être en mesure de faire feu à tout moment, au lieu d’être gardée à double tour dans un coffre de sécurité comme Weber l’était avant les ajustements apportés à cinq contre quatre.

 

Il ne reste qu’à attendre les autres ajustements. Ceux qui permettront au Canadien de trouver des façons de gagner, au lieu de se contenter de trouver des façons de perdre comme il le fait depuis sa première, et seule, victoire de la saison le 5 octobre dernier à Buffalo.