Le renvoi à Hamilton de Joey MacDonald représente la meilleure nouvelle de la semaine, du mois, peut-être même de la saison pour le Canadien et ses partisans. Plus encore que les paroles réconfortantes du principal intéressé, ce retour au club-école du gardien qui agissait samedi à titre d’auxiliaire de l’auxiliaire confirme que Carey Price n’est pas sérieusement blessé.

Tant mieux.

Ça ne veut pas dire que Price sera devant le filet mardi face aux Predators de Nashville. Ça non. Je me demande même si le Canadien ne fera pas exprès pour garder Price sur la touche afin de lui permettre de faire faux bond au match des étoiles en imputant cette absence à une blessure. Aussi légère soit-elle.

Ne riez pas. Ce ne serait pas la première fois qu’une ou des équipes prendraient les moyens pour donner congé à l’un de ses joueurs. Rappelez-vous le match des étoiles marquant le centenaire du Canadien, à Montréal, en 2009, Nicklas Lidstrom et Pavel Datsyuk, avec l’appui inconditionnel des Red Wings de Detroit, avaient fait faux bond à la rencontre pour profiter d’un congé. Ils avaient été mis à l’amende. Puis après! Pour éviter les foudres de la LNH, Sidney Crosby, même s’il n’avait pas joué en raison de petits bobos à l’ensemble du corps, était venu faire acte de présence au Centre Bell.

Depuis, un joueur doit rater le match immédiatement avant ou après la partie des étoiles pour déclarer forfait sans encourir de sanction.

Bon! Je veux bien croire que le match des étoiles représente un bel honneur. Mais l’honneur réside bien plus du fait d’avoir été élu par les partisans ou sélectionné par la LNH que dans le fait de prendre une part active à cette partie qui n’a de partie que le nom.

Les chances que Price ou tout autre joueur impliqué dans ce match bidon se blesse sont minces. Nulles en fait, à moins qu’un des joueurs ne pose le pied sur un pain de savon dans les douches.

Mais le fait d’échapper aux facéties entourant la fin de semaine des festivités permettrait à Price de profiter d’un long congé pleinement mérité. Un congé peut-être même nécessaire compte tenu de l’importance du défi qui l’attend pour le reste de la saison et les séries éliminatoires que la direction de l’équipe espère prolonger le plus longtemps possible.

Si les Predators débarquaient à Montréal avec un Pekka Rinne en pleine forme, le retrait, même préventif, de Carey Price mardi soir serait plus dur à effectuer. Il serait aussi très difficile à justifier. Mais comme les Preds s’amènent au Centre Bell privés de la pierre d’assise de leur club, le Canadien pourrait facilement faire confiance à Dustin Tokarski pour sauver la face.

Il l’a fait samedi face aux Islanders.

Bon! Vrai que Tokarski a accordé quatre buts sur les 31 tirs des Islanders. Vrai qu’il a été ordinaire sur un, deux, voire trois de ces buts. Vrai que l’auxiliaire a compliqué un match qui aurait été bien plus facilement gagné si Price avait profité de l’explosion offensive de ses coéquipiers et du bon travail défensif effectué aux dépens des Islanders. Mais Tokarski a fait ce qu’il avait à faire : il a donné une chance de gagner à son équipe. Une bien meilleure chance que celle offerte par Jaroslav Halak aux Islanders. Et c’est le Triciolore qui a gagné.

Samedi, avec Joey MacDonald et non Carey Price au bout du banc, Tokarski se retrouvait dans un rôle bien plus inconfortable que celui qu’il remplit habituellement. Au lieu d’être le second que l’on envoie dans la mêlée pour d’abord donner congé au numéro un et ensuite tenter de gagner le match, Tokarski occupait le rôle de numéro un.

C’est beaucoup plus stressant.

« C'est un défi »

Regardez ce qui est arrivé aux Predators samedi soir. À son premier départ après l’annonce de la perte de son coéquipier Pekka Rinne pour une période de trois à cinq semaines, Carter Hutton, l’auxiliaire très anonyme des Predators, s’est retrouvé au vestiaire après qu’il eut accordé trois buts sur les quatre premiers tirs dirigés par les Red Wings de Detroit. Quatre tirs décochés en 12 minutes de jeu.

C’est justement parce qu’il est bien plus difficile de remplacer un numéro un blessé qu’un numéro un en congé que Dustin Tokarski est avec le Canadien cette année.

L’an dernier si vous vous souvenez bien, Peter Budaj que tout le monde dans le vestiaire, surtout Carey Price, aimait bien faisait un fichu bon travail comme gardien occasionnel.

Ses statistiques (8-4-2) le confirment avec éloquence alors qu’il a gagné deux fois plus de matchs qu’il en a perdus… en temps réglementaire bien sûr.

Lorsque Carey Price, médaille d’or au cou, s’est retrouvé sur la touche à son retour des Jeux olympiques de Sotchi, Budaj a cédé sous la pression. Ses statistiques à titre de «numéro un» ont plongé (2-4-1) affichant un rendement contraire à celles de gardien occasionnel puisqu’il a perdu deux fois plus de matchs qu’il en a gagnés.

C’est pour cette raison que Tokarski s’est retrouvé devant les Rangers de New York en finale d’Association Est après que Chris Kreider eut percuté le genou de Carey Price au terme de sa glissade… accidentelle.

Depuis septembre, comme gardien occasionnel, Dustin Tokarski (4-3-1) a connu moins de succès que Peter Budaj en a connu l’an dernier.

Mais samedi, comme gardien «numéro un» contre Jaroslav Halak et les Islanders, il a salué ce premier défi avec une victoire. Plusieurs amateurs ont souligné, avec raison, la faiblesse relative de quelques buts accordés.

ContentId(3.1113171):Le CH de retour à Brossard
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Comprenons-nous bien ici : Tokarski, comme Budaj avant lui, comme Carter Hutton à Nashville et bien d’autres gardiens auxiliaires aux quatre coins de la LNH est un gardien numéro deux. Et je ne fais pas partie du contingent de fans et d’observateurs qui le croient en mesure de devenir un jour un vrai numéro un quelque part dans la grande ligue.

Mais au-delà des buts douteux accordés, il a réalisé quelques très solides et importants arrêts, surtout en début de rencontre, qui ont permis à son équipe de maintenir le contrôle d’une partie qui était solidement entre les mains du Tricolore.

C’est ça de gagner.

Est-ce que ça durera?

Je ne suis pas plus devin que vous ne l’êtes. Il faudra donc attendre quelques matchs collés, des matchs accordés à Tokarski peu importe les adversaires qui s’amènent pour le savoir vraiment.

Mais d’ici là, on doit donner la chance au coureur.

Ça n’empêche personne de souhaiter que l’absence de Price soit la plus courte possible et qu’il reprenne rapidement son rôle de numéro un laissant à Tokarski celui de gardien occasionnel qui le sied sans doute mieux.

On verra ce que le Canadien et/ou Carey Price décideront mardi.