Ceux et celles qui adorent P.K. Subban n’arriveront jamais à s’entendre avec ceux et celles qui aiment le détester quant à la vraie valeur du défenseur qui soulève toujours les passions une saison et demie après son départ de Montréal.

 

Mais peu importe la position sur laquelle ils sont campés, ceux et celles qui adorent P.K. ou qui aiment le détester peuvent unanimement le remercier pour la qualité du match que le Canadien et les Predators ont offerte samedi soir.

 

Je sais : Claude Julien a assuré que son plan de match n’avait pas été élaboré en fonction de P.K. Subban, mais bien en fonction d’un affrontement contre une des meilleures brigades défensives de la Ligue. Tout comme Brendan Gallagher a assuré que c’est pour rivaliser avec l’une des meilleures équipes de la LNH et non seulement pour ternir tête à un ancien coéquipier avec qui il a déjà eu maille à partir qu’il s’est transformé en petit diable de Tasmanie sur la patinoire du Centre Bell samedi.

 

Libre à vous de les croire ou non.

 

Mais que Julien ou Gallagher aient dit vrai ou non, qu’ils aient volontairement omis quelques explications, il est clair que Gallagher et ses coéquipiers étaient animés par une énergie particulière samedi soir. Et c’est tant mieux. Tant mieux pour les amateurs de hockey qui ont eu droit à un match inspiré de la part du Canadien.

 

Que ce soit devant le filet, le long des bandes, après les coups de sifflet et même en passant devant le banc des Predators, Gallagher s’est rué sur Subban combien de fois? Quatre? Six? Dix fois? Je ne sais plus. À un moment donné, j’ai cessé de compter.

 

Et quand il a marqué le premier but du match, ce n’est pas le capitaine Roman Josi qu’il est allé invectiver au banc des Preds après avoir théâtralement célébré son but. Mais bien P.K. en personne. P.K. qui venait de partiellement bloquer son premier tir et qui était étendu sur la patinoire lorsqu’il a déjoué Pekka Rinne pour marquer son 20e but de la saison.

 

Je soupçonne d’ailleurs Gallagher d’avoir bien pris le temps de souligner à Subban qu’il était sur le dos lorsqu’il a marqué. Même que si ce but n’avait pas été marqué si tôt dans le match et que l’avance avait été plus confortable en faveur du Tricolore, je crois dur comme fer que Gallagher aurait imité la célébration habituelle de P.K. lorsqu’il marque des buts.

 

Pourquoi?

 

Parce que Gallagher, qui est l’âme et le cœur du Canadien dans le cadre de cette saison atrocement difficile pour tout le monde, savait que l’affrontement contre P.K. n’était pas un affrontement comme les autres. Il savait que plusieurs milliers de partisans étaient prêts à se ranger derrière Subban qui a d’ailleurs été chaleureusement accueilli et salué chaque fois qu’il s’emparait de la rondelle en début de match.

 

En joueur fier qu’il est, Gallagher ne pouvait priser voir le Canadien passer lointain deuxième derrière Subban qui revenait triomphant à Montréal fort de ses performances impressionnantes et celles tout aussi impressionnantes de son équipe. Voilà pourquoi il avait son ancien coéquipier en joue dès que les deux hommes étaient sur la patinoire.

 

Suivant l’exemple de Gallagher, Charles Hudon et Nicolas Deslauriers pour ne nommer que ceux-là ont mis l’épaule à la roue eux aussi. On a même vu Max Pacioretty redoubler d’ardeur le long des bandes lorsqu’il s’est retrouvé opposé à Subban. Le capitaine s’est même permis une feinte savante aux dépens de son ancien coéquipier pour couper au centre de l’enclave et filer vers Pekka Rinne. Certainement pas le genre de percée à laquelle Pacioretty nous a habitués cette année.

 

Est-ce que c’est juste à cause de P.K. qu’on a vu autant d’intensité dans le camp du Canadien? Je ne sais pas. Et les petits gars refuseront sans doute encore longtemps de l’admettre. Du moins officiellement.

 

Mais il y a des signes qui ne mentent pas. Alors qu’il dominait le match et qu’il aurait pu s’offrir une avance d’un, de deux, voire de trois buts, n’eût été des arrêts sensationnels et de quelques vols de Pekka Rinne, le Canadien ne s’est pas effondré parce que le gardien adverse semblait trop fort pour eux. Le Canadien ne s’est pas effondré non plus lorsque les Predators ont marqué un but chanceux pour niveler les chances en fin de période médiane. Il ne s’est pas effondré lorsque les Preds ont pris les devants en troisième non plus. Non seulement le Canadien ne s’est pas effondré, mais il est revenu de l’arrière pour pousser la partie en prolongation, puis en tirs de barrage.

 

Très souvent cette saison, trop souvent en fait, le Canadien s’est effondré pour bien moins.

 

Samedi, il ne l’a pas fait.

 

À cause de P.K.?

 

J’aimerais mieux écrire grâce à Subban. Car grâce à lui, on a eu droit à un bon match samedi. À un match enlevant, surtout en deuxième et troisième période. Tout comme en prolongation.

 

Et même si la logique a été respectée, que les Predators ont gagné en tirs de barrage, je suis convaincu que les fans du Canadien, comme les fans des Predators, que les adeptes de P.K. tout comme ses détracteurs, sont tous rentrés à la maison avec la satisfaction d’avoir assisté à une bonne soirée de hockey.

 

Mes observations sur le match Canadiens - Predators

  1. Bon ou mauvais P.K. samedi?
  2. Des Preds meilleurs que l’an dernier
  3. Scherbak confirme son talent
  4. Retour discret d’Emelin
  5. Quand la sirène sonne faux

Chiffre du match : 20 – Brendan Gallagher a atteint le plateau des 20 buts samedi soir. Comme quoi il arrive parfois que les bons gars soient récompensés et qu’ils ne terminent pas toujours derniers. En 55 matchs cette saison, Gallagher a déjà doublé sa production de l’an dernier… en 64 parties. C’est la deuxième fois qu’il atteint le plateau des 20 buts dans la LNH et si la tendance se maintient, il éclipsera son plus haut total de buts marqués en une saison en carrière soit les 24 marqués en 82 parties en 2014-2015. Gallagher a accentué son avance à titre de meilleur franc-tireur du Tricolore devant Max Pacioretty (16), Paul Byron (13) et Alex Galchenyuk (12)…

 

Bon ou mauvais P.K. samedi?

 

Sur la galerie de presse, samedi, plusieurs collègues s’attendaient à un pétard mouillé de la part de la grande visite. Il va vouloir donner un show. Il va vouloir trop en faire, tout faire prétendaient-ils. D’autres, et j’étais de ce camp, croyaient que les émotions moins vives que celles vécues l’an dernier lui permettraient de se laisser aller et de disputer un grand match.

 

Résultat? Personne n’a eu tort. Personne n’a eu raison non plus. Car si on est loin d’avoir assisté à un grand match de Subban, il n’a pas été mauvais non plus.

 

Vrai que P.K. a eu les mains pleines à quelques occasions. Il s’est aussi rendu coupable de quelques revirements, dont un «majestueux» en troisième période alors qu’il s’est appliqué à faire une passe à Paul Byron sous les yeux de deux «Preds» qui attendaient la rondelle pour amorcer une poussée en attaque massive. Une attaque massive qui n’a pas généré grand-chose dans le camp de Nashville. Et Subban n’a dirigé qu’un tir sur son ancien gardien Carey Price, quatre de moins que Yannick Weber qui a pourtant passé près de 16 minutes de moins sur la patinoire que P.K..

 

Mais il est loin d’avoir mal joué non plus.

 

Des Preds meilleurs que l’an dernier

 

Le match de samedi et le fait que P.K. ait été plus impliqué dans l’éveil émotif du Canadien que dans la victoire proprement dite de son équipe a permis – du moins je l’espère – à plusieurs de réaliser à quel point les Predators forment une équipe solide, équilibrée, en mesure d’aller loin, même très loin. De réaliser que les Predators sont bien plus que l’équipe de P.K. Subban.

 

C’est Ryan Ellis qui a été envoyé comme tout premier tireur en fusillade par Peter Laviolette. Il a d’ailleurs marqué le but décisif.

 

Ellis et Roman Josi ont aussi pris part à la séance de tirs de barrage mercredi à Toronto. Josi et Ellis forment l’un des meilleurs duos de la LNH et si Subban en forme un tout aussi bon, une part du crédit doit aussi aller à son partenaire Mattias Ekholm. Du moins il le faudrait bien…

 

La ligne de centre est percutante. Ryan Johansen a été sensationnel samedi. Il a remporté 14 des 23 mises en jeu qu’il a disputées (61 %), derrière lui Turris et Bonino sont très solides dans les deux sens de la patinoire. Et Mike Fisher viendra les appuyer au sein du quatrième trio à la fin du mois.

 

Vous avez vu Pekka Rinne aller encore hier?

 

Pour une raison que j’ignore, on ne lui a pas accordé la première étoile du match. Avec ses 47 arrêts en 65 minutes de jeu et les trois qu’il a ajoutés en fusillade, il me semble que cela allait de soi. Mais bon. Il a amélioré à 8-2-2 sa fiche en carrière aux dépens du Canadien. Une fiche à laquelle on doit ajouter une moyenne de buts alloués par parties de moins de 1,5 et une efficacité de 95,1 %...

 

Je ne sais pas si les Preds atteindront la finale de la coupe Stanley comme ils l’ont fait l’an dernier. Encore moins s’ils soulèveront le plus beau des trophées.

 

Mais je les considère meilleurs encore qu’ils ne l’étaient l’an dernier.

 

Scherbak confirme son talent

 

Il n’a pas marqué samedi. Il n’a pas même récolté de point. Mais Nikita Scherbak a une fois encore démontré le talent qui l’habite et qui devrait lui permettre non seulement de terminer l’année à Montréal, mais de devenir éventuellement un atout offensif pour le Canadien.

 

Comme ses compagnons de trio Jonathan Drouin et Alex Galchenyuk, Scherbak a connu une première période timide. Mais en deuxième, il s’est offert deux excellentes occasions de marquer en bataillant devant le filet des Predators. Rinne lui d’ailleurs réservé l’un de ses bons arrêts de la soirée. En troisième, après une solide pièce de jeu de Jonathan Drouin qui l’a rejoint à la droite du filet des Preds, Scherbak a mystifié Rinne avec un mouvement de rondelle vif et précis. Peut-être un brin trop vif, car il a perdu la rondelle en la ramenant sur son revers. Ce qui l’a privé d’un but certain. Mais pour réaliser un jeu pareil, il faut des mains, des vraies, des bonnes. Le petit gars les a.

 

Il ne reste qu’à conjuguer travail et talent et on saura rapidement si le premier choix de la cuvée 2014 du Canadien pourra imiter les David Pastrnak et autres choix de première ronde de 2014 qui participent déjà activement aux succès des clubs qui les ont sélectionnés.

 

Un mot sur Jonathan Drouin : après un début de partie plutôt lent, il s’est beaucoup plus impliqué en deuxième moitié de partie. Non seulement a-t-il marqué le but égalisateur avec un bon tir frappé, mais on l’a vu orchestrer de belles poussées et on l’a même vu revenir à fond en défensive après des jeux avortés en zone ennemie. Ça mérite d’être souligné…

 

Retour discret d’Emelin

 

Dans l’ombre de P.K. Subban, Alexei Emelin était de retour à Montréal pour la première fois depuis qu’il a été sélectionné par les Golden Knights de Las Vegas au repêchage d’expansion.

 

Non! Emelin n’a pas eu droit à une bande vidéo hommage comme son coéquipier Kyle Turris jeudi à Ottawa. Mais lorsqu’il a été présenté à l’écran géant pendant un arrêt de jeu, Emelin a eu droit à des applaudissements nourris. Assis au banc, il a salué la foule de la main. J’ai même cru apercevoir un sourire au coin de sa bouche…

 

Emelin aura pu gâcher ce retour en blessant Nikita Scherbak qu’il a frappé au genou en fin de première période. Emelin a été chassé pour deux minutes, mais il s’en est fallu de peu pour que cette pénalité mineure se transforme en pénalité majeure pour avoir donné du genou…

 

En 53 matchs cette saison, Emelin n’affiche qu’un but et huit points. Mais il domine son équipe avec 137 mises en échec et est troisième avec 74 tirs bloqués derrière Roman Josi (81) et Mattias Ekholm (79)…

 

Quand la sirène sonne faux

 

La sirène au son pur que le Canadien a transporté du Forum au Centre Bell jouait faux samedi soir. En fait non, elle ne jouait pas du tout. Parce qu’elle est défectueuse, les responsables de l’animation au Centre Bell ont tenté de la remplacer en faisant appel un genre de synthétiseur. Disons qu’il faudra quelques ajustements avant de trouver la bonne note. En espérant que la vraie sirène soit réparée le plus vite possible…