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MONTRÉAL - Comme il l’avait fait jeudi dernier à Philadelphie, Carey Price a renforcé une fois encore, mardi, les prétentions selon lesquelles le Canadien grimpera aussi haut qu’il le pourra au classement et ira aussi loin qu’il le pourra en séries que son gardien le lui permettra.

 

Sensationnel face aux Flyers, Price l’a été plus encore devant les Blue Jackets de Columbus.

 

Non seulement a-t-il su éviter de gâcher sa soirée de travail en accordant un vilain but en prolongation comme il l’avait fait à « Philly », mais Price a réalisé trois arrêts au cours des cinq minutes supplémentaires dont un magistral alors que les Jackets jouaient à quatre contre trois pendant une pénalité écopée par Victor Mete.

 

En prime, il a blanchi une fois de plus ses adversaires en tirs de barrage permettant à son équipe d’ajouter deux points importants au classement.

 

Deux points que Price a volés. Comme celui qu’il a ramené le Philadelphie jeudi dernier.

 

Loin de moi l’intention de minimiser la contribution de ses coéquipiers. Ils ont quand même comblé deux fois plutôt qu’une des reculs d’un but au cours de la troisième période. Et la passe effectuée par Nick Suzuki vers Tomas Tatar pour permettre au Tchèque de propulser le match en prolongation a été réalisée alors que Price avait été rappelé au banc à la faveur d’un sixième attaquant.

 

Mais quand même.

 

N’eût été les arrêts de leur coéquipier et du fait qu’à l’autre bout de la patinoire le gardien des Blue Jackets a prouvé qu’il faut plus que le prénom Elvis pour être une grande vedette, les joueurs du Canadien auraient été beaucoup moins loquaces et festifs dans le vestiaire après la rencontre tant Price a racheté leurs erreurs et leur manque de combativité tout au long de la rencontre.

 

« C’est ça un grand gardien. C’est un gardien qui fait la différence. Qui fausse les données », m’a lancé un observateur dépêché sur la galerie de presse du Centre Bell par une formation rivale en se grattant la tête.

 

« Il va falloir que je donne des explications à mon boss, parce que mes évaluations générales sont bien plus négatives que le laisse croire le résultat de la partie. Sans les arrêts de Price, il y a bien des joueurs dans cette équipe qui auraient la tête basse je te l’assure. »

 

L’arrêt du match n’a jamais compté

 

Après ses 33 arrêts multipliés en 65 minutes de jeu, 33 arrêts dont, cinq, sept, peut-être même dix entrent dans la catégorie des « arrêts du match » et la séance de tirs de barrage au cours de laquelle il a été parfait, Price était tout seul, tout tranquille, à son casier pendant que dans le reste du vestiaire ses coéquipiers répondaient aux questions des journalistes dans une bonne humeur évidente.

 

Ils ont tous remercié leur gardien. Bien sûr! Oublier de le faire aurait été carrément indécent.

 

Mais je fixais Price afin de voir s’il allait à un moment donné ou un autre lever les yeux vers le reste de vestiaire pour savourer le spectacle qui aurait été bien différent s’il n’avait pas volé les deux points.

 

Pas du tout.

 

Se contentant de ranger bien adroitement ses jambières et les autres pièces de son équipement, Price a apporté une attention spéciale à ses patins qu’il a frottés avec soins avant de protéger les lames et de les glisser entre les jambières.

 

Une fois, il a levé les yeux. Et il a semblé surpris de voir que j’étais déjà prêt à poser mes questions alors que la routine habituelle veut que les journalistes fassent le tour du vestiaire avant de compléter la banque d’entrevues avec le gardien.

 

Loin d’être froissé, Price a simplement souri.

 

Je lui ai posé deux questions : est-ce que la performance qu’il venait de réaliser lui permettait de passer l’éponge sur le mauvais but accordé en prolongation à Philadelphie et est-ce qu’il se parle dans le cadre d’un match comme celui qu’il venait de disputer pour se motiver à continuer à voler l’adversaire?

 

« Ça n’efface pas le but que j’ai donné, mais disons que ça me permet d’être de meilleure humeur ce soir que je l’étais jeudi passé », a-t-il répondu en riant. Est-il besoin de rappeler qu’il a fracassé son bâton en retraitant au vestiaire jeudi dernier?

 

« Dans un match comme ce soir, je ne me parle pas vraiment non. Comme gardien, tu es le premier à savoir que tu es dans de bonnes dispositions. Que les choses vont bien. Que tu es bien placé et que les rondelles te frappent. Alors je tente de simplement demeurer dans cette zone de confort. C’est lors des matchs ou ça va moins bien que tu te mets à chercher des solutions que tu te parles un peu plus », a ajouté Price sans lever le voile sur la nature des propos qu’il s’envoie à ces occasions.

 

De tous les beaux arrêts réalisés par Price mardi, et il y en a eu beaucoup, le plus beau n’a jamais compté et ne comptera jamais.

 

On s’en souviendra malgré tout longtemps. Ça oui!

 

Price a sorti la mitaine pour capter le tir aussi puissant que précis que venait de décocher Zach Werenski. Mais comme le filet avait quitté ses amarres après qu’Alexander Wennberg, fauché par Victor Mete, se soit retrouvé dans le fond du but, l’arrêt n’a jamais compté puisque les arbitres avaient stoppé le jeu.

 

« Je n’avais pas entendu le sifflet et je n’avais jamais réalisé que le but était déplacé. Je ne pouvais prendre aucune chance. Les réflexes prennent alors le dessus », a convenu Price dont les réflexes étaient très aiguisés mardi.

 

Si l’arrêt n’a jamais compté et ne comptera jamais, il a toutefois permis à Price de sauver Alexander Wennberg qui aurait autrement reçu en pleine poire, la rondelle tirée par Werenski.

 

Pauvres Blue Jackets

 

Sans les arrêts de Price, les joueurs auraient retraité au vestiaire la tête basse et les partisans eux seraient rentrés à la maison en hochant la tête de dépit. Ils ont d’ailleurs plusieurs fois hué les manques d’implication et de cohésion de leurs favoris en cours de match dénonçant ainsi une autre très vilaine sortie de leurs favoris contre une bien vilaine équipe.

 

Car oui, les Jackets forment une vilaine équipe de hockey. Un club ordinaire qui en plus est incapable de marquer. C’était la 10e fois en 18 rencontres que les Jackets se contentaient de deux buts ou moins dans un match jusqu’ici cette saison.

 

« En plus de gaspiller des occasions, on s’est retrouvé ce soir devant un des meilleurs gardiens de la Ligue qui était en pleine forme. Il nous a volés plusieurs fois ce soir. C’est frustrant. On a eu une chance de gagner en obtenant une attaque massive en prolongation. Mais tu l’as vu comme moi : on n’a pas été capable d’en profiter. Ces deux minutes expliquent pas mal ce qu’on vit en ce moment », a analysé le défenseur québécois David Savard croisé à sa sortie du vestiaire après la rencontre.

 

Visiblement dépité par le résultat de la rencontre, un résultat qui prolonge à huit la séquence de matchs au cours de laquelle son équipe n’a remporté qu’une petite victoire (1-5-2), John Tortorella ne pouvait tomber à bras raccourci sur ses joueurs après la rencontre.

 

« On a travaillé ce soir. On a mis l’effort. On a généré plus d’une vingtaine de bonnes occasions de marquer. C’est énorme. Mais à un moment donné, il va falloir qu’on trouve une façon de transformer ces occasions en buts », qu’il a défilé.

 

Lorsque j’ai demandé au coach des Jackets si l’incapacité de marquer était attribuable à la performance de Price ou au fait que son équipe est dans une telle léthargie que ses joueurs bousillent les occasions en raison de la pression qui les étouffe, « Torts » a répondu : « Un peu des deux je dirais. C’est clair qu’on a une part de responsabilité à prendre. Mais Price a joué à la hauteur de sa réputation ce soir. Il a prouvé pourquoi il fait partie des meilleurs de la Ligue », a conclu le coach des Jackets.

 

En bref

 

  • Carey Price n’a accordé qu’un but en neuf tirs de barrage cette saison. Il a cédé devant Dougie Hamilton lors de la toute première partie de la saison. Il a blanchi les Maple Leafs dès le match suivant avant de répéter l’exploit mardi contre les Blue Jackets...

 

  • Plutôt discret lors des trois premières périodes, Jonathan Drouin s’est distingué en tirs de barrage avec la feinte sensationnelle qui lui a permis de marquer le but décisif. Drouin et Paul Byron sont les deux seuls joueurs du Canadien qui ont marqué en tirs de barrage en trois séances cette année...

 

  • Le Canadien a comblé des reculs d’un but 12 fois en huit matchs cette saison. Il l’a fait deux fois en troisième période mardi pour gonfler sa fiche à 42-1-1 en pareille situation...

 

  • Les spécialistes du désavantage numérique ont blanchi les Jackets en trois occasions mardi. C’était la septième fois cette année que le Canadien ne concédait pas de but en désavantage numérique. Sa fiche : 60-1 alors que les Flyers ont gagné en prolongation jeudi dernier malgré le fait que le Tricolore eut stoppé six attaques massives...

 

  • Nick Suzuki a récolté sa quatrième passe de la saison et son septième point sur le but égalisateur en fin de troisième. Ces statistiques sont peutêtre un brin timides, mais elles cachent surtout le fait que le jeune homme est tout simplement sensationnel dans ses prises de décision sur la patinoire, dans l’aisance qu’il démontre et la confiance qu’il gagne de match en match. Suzuki jouit d’ailleurs de la confiance entière de ses entraîneurs qui l’envoient sur la glace en fin de période et lors d’autres situations cruciales...

 

  • Shea Weber a écopé des deux premières pénalités du Canadien jeudi. Le capitaine a aussi et surtout récolté une passe sur le but égalisateur en fin de troisième. Ce faisant, il a gonflé à 12 points (dont cinq buts) sa récolte de points à ses 12 derniers matchs. On n’entend plus les doléances des amateurs qui le trouvaient trop vieux en début de saison alors qu’il s’est contenté de deux passes à ses six premiers matchs...

 

  • Jeff Petry a passé 32 minutes 12 secondes sur la patinoire mardi contre Columbus. C’est énorme. C’est non seulement un sommet personnel pour lui cette année, mais c’est la plus grande utilisation d’un joueur du Tricolore cette année...

 

  • Phillip Danault a connu une soirée faste aux cercles des mises en jeu avec une efficacité de 71 % (20 en 28). PierreLuc Dubois (5 en 17, 29 %) a été l’une de ses principales victimes...
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