JOUEURS SUR LE MARCHÉ

La date limite des transactions approche à très grands pas. Les directeurs généraux ont jusqu’à lundi 15 h pour procéder à une transaction.

Plusieurs ont déjà eu lieu et le marché s’est activé cette semaine. Des équipes, dont le Canadien, ont bougé, mais il sera difficile de prévoir à quel point la formation du Tricolore changera d’ici la fin du présent décompte.

Je peux vous dire que cette équipe aura une composition bien différente en septembre prochain. On ne sait simplement pas quand les changements vont s’opérer. Est-ce que ce sera justement durant cette date limite des transactions? Peut-être… Au repêchage en juin? Encore une possibilité. Et il y a aussi le marché des joueurs autonomes au cours de l’été.

Le directeur général Marc Bergevin devra à mon avis piger éventuellement dans son noyau s’il souhaite modifier son équipe drastiquement avec le chemin des transactions.

Lorsqu’on regarde ce qui se présente à lui pour lundi, ce ne serait pas surprenant de voir des joueurs qui deviendront autonomes et sans compensation quitter le Bleu-Blanc-Rouge. Nate Thompson fait partie du groupe, lui qui devrait sensiblement changer d’adresse.

Il faut maximiser leur valeur et au sommet de la liste chez le CH, on retrouve le dossier d’Ilya Kovalchuk. Pour ce qu’il a fait à son arrivée avec le club, la question peut se poser à savoir s’il faut l’échanger ou le garder. Des rumeurs laissaient entendre que son agent avait eu quelques discussions pour une prolongation de contrat.

De mon point de vue, je ne suis pas certain que ce soit nécessaire d’en arriver à une entente d’ici le 24 février. Ce n’est pas une priorité pour l’état-major qui doit continuer d’écouter les offres pour ce joueur.

Dans le cas de l’attaquant russe, je tenterais de maximiser sa valeur sur le marché des échanges actuellement. Il reviendra à la charge cet été s’il souhaite le mettre sous contrat.

Je suis simplement inquiet que l’échantillon de Kovalchuk qui soit plus proche de la réalité soit celle des six ou sept derniers matchs et non celle de ses premiers avec l’organisation. On ne voudra pas à ce moment se mordre les doigts de lui avoir consenti un autre contrat à un salaire trop élevé par rapport à son rendement. Il y a trop d’incertitude dans son cas, donc je crois que Bergevin évalue toutes ses options, mais il doit demeurer alerte pour les transactions.

Piger ou pas dans le noyau?

On ne se le cachera pas, si Bergevin pige dans un groupe de joueurs qui se retrouvent plus près du noyau du Canadien, la valeur est intéressante, mais des choix au repêchage n’aideront sans doute pas le Canadien dès la saison prochaine. Il faut des joueurs dès cette saison ou à tout de moins pour la prochaine campagne afin de combler les différentes lacunes du Canadien.

D’échanger Jeff Petry, d’accord, mais si on obtient principalement des choix en retour, rien ne garantit qu’ils vont jouer dans la Ligue et, si oui, ce ne sera pas tout de suite. Il va falloir s’armer de patience, car la perte dans la formation se ferait sentir.

Petry apporte beaucoup aux Canadiens, surtout si on considère que Shea Weber a raté plusieurs matchs en raison de blessure. Il ne restera plus grand-chose du côté droit et si le côté gauche est déjà une faiblesse actuellement, on pourrait parler d’une brigade défensive sensiblement complète à remettre sur pied.

Parmi les autres joueurs que Bergevin doit se poser des questions à savoir ce qu’il peut en tirer et comment ceux-ci figurent dans les plans sur le plus long terme, il y a bien évidemment Tomas Tatar. J’inclus aussi dans la discussion Max Domi, Jonathan Drouin et Artturi Lehkonen. Même s’il a été laissé de côté, il peut intéresser quelques formations et c’est à la direction d’évaluer son rôle dans l’équipe.

Bergevin doit se demander aussi quelle direction il va donner au navire, à savoir s’il veut être compétitif l’an prochain ou s’il souhaite y aller d’une reconstruction et faire comme les Sénateurs d’Ottawa tentent de faire avec un virage qui peut prendre au moins deux ou trois saisons.

Je ne pense pas que la dernière option soit la bonne, car je ne suis pas convaincu que le DG puisse vendre cette avenue à Carey Price et Weber ou même qu’il ose le faire.  En réalité, il faut si tel est le cas les rassurer sur le plan. Si je suis l’un de ses deux joueurs, je cogne à la porte de Bergevin pour me faire éclairer sur la situation.

Je doute qu’ils veuillent simplement se contenter d’être à Montréal et de jouer au hockey. Ils veulent très certainement gagner, donc il y a un risque qu’ils perdent patience. Bergevin a une responsabilité alors qu’il a vendu un plan qui les mènerait à la victoire dans un court laps de temps, mais ce n’est pas ce qui semble se produire.

Price et Weber font encore partie du noyau, mais à leur âge, je ne peux les considérer comme intouchable. Avec une offre qui vaut la peine, c’est à considérer de leur rendre ce service, mais aussi de rendre ce service à l’équipe et de tout repartir la roue.

La difficulté des joueurs autonomes

J’ai de la difficulté à croire que le Canadien soit en mesure d’effectuer un « reset », soit de demeurer compétitif d’un côté, mais de se rajeunir de l’autre. Ce n’est presque pas possible de renflouer une équipe avec l’arrivée de trois ou quatre joueurs autonomes d’impact en raison de la masse salariale notamment et le Canadien peine à attirer les grandes vedettes dans le marché.

Les Flyers de Philadelphie avaient réussi le coup il y a quelques années, alors qu’ils présentaient leur plan comme étant un souhait de se « ré-outiller ». En un été, ils avaient ajouté Daniel Brière, Kimmo Timonen, Scott Hartnell et Jason Smith.  Ils avaient été capables de les convaincre de rejoindre les rangs de l’équipe.

À Montréal, on a vu au cours des dernières années que cette approche ne rapportait pas des dividendes comme les gros noms n’ont pas rejoint le Canadien. John Tavares a fait monter sa valeur avant de signer avec les Maple Leafs de Toronto. Artemi Panarin a utilisé passablement la même stratégie pour mousser les enchères avant de s’entendre avec les Rangers de New York.

Chaque année, les gros noms sur le marché ne viennent pas à Montréal. L’organisation doit donc s’assurer de bien repêcher avant de bien développer ses joueurs. Elle doit aussi frapper des coups de circuit lorsque l’occasion se présente avec de hauts choix. C’est pourquoi j’ai l’impression que des sélections comme celle d’Alex Galchenyuk et peut-être Jesperi Kotkaniemi font mal aux Canadiens. Il y a d’autres formations qui ont repêché au troisième rang et ils ont obtenu des joueurs d’impact.

*Propos recueillis par Maxime Tousignant