Quelle saison pour le Canadien avec ses 50 victoires, ses 110 points au classement et surtout une première place de la division atlantique qui l’assure de l’avantage de la patinoire au moins pour les deux premières rondes des séries. En espérant qu’il dispute au moins deux rondes.

Quelle saison pour Carey Price et ses 44 victoires, pour P.K. Subban qui a atteint le plateau des 60 points, pour Andrei Markov qui a atteint les plateaux des 40 mentions d’aide et des 50 points.

Quelle saison pour Max Pacioretty qui n’a pas atteint les plateaux des 40 buts et des 70 points, mais qui s’est élevé au rang de leader incontesté sur la glace, sur le banc et surtout dans le vestiaire du Canadien.

Quelle saison pour Brandon Gallagher qui est devenue la bougie d’allumage du Tricolore. Celui qui a souvent su relancer les trios au sein desquels il était envoyé en mission par Michel Therrien.

Quelle saison qui a dépassé les projections les plus optimistes dans le camp du Canadien. Oui, le Tricolore a dû trimer plus dur qu’il l’aurait voulu pour gagner son dernier match de l’année face aux bien ordinaires Maple Leafs de Toronto. Mais en l’absence de Max Pacioretty, le Canadien a signé une troisième victoire de suite en enfilant au passage quatre buts dans chacune de ces rencontres.

Ce n’est pas rien.

Duel Ottawa-Montréal

Bien sûr, Carey Price a faussé les données positivement cette saison avec le Tricolore. Puis après !

Bien sûr, le Canadien a des lacunes. Oui, il n’a pas été aussi incisif depuis la date limite des transactions qu’il ne l’avait été jusque là et il amorce les séries en traînant quelques doutes contre des Sénateurs qui eux sont sur une lancée incroyable.

Et c’est le drame qui guette le Tricolore.

Car peu importe tout ce qu’il a fait de bien et de bon, et il a fait beaucoup plus de bien et de bon que de mal au cours des 82 matchs de la saison régulière, tout ça ne comptera pas si le Canadien n’est pas en mesure de faire fructifier ses 50 victoires et 110 points au classement en séries.

Même si le défi qui se dresse devant lui est imposant alors que les Sénateurs forment depuis leur victoire contre le Canadien le 18 février dernier l’un des meilleurs clubs de la LNH, le Tricolore ne peut se permettre de perdre dès la première ronde sans risque de voir même ses partisans les plus enjoués remettre ses succès de la saison régulière en question. Ou en veilleuse.

Ce qui serait injuste. Mais bon, c’est la loi du sport professionnel. La saison c’est une chose, mais ce sont les séries qui confirment les prétentions… ou les démolissent.

Quelles sont les chances de victoire du Canadien contre les Sens en séries ? Elles sont bonnes. Elles seront même très bonnes si Carey Price s’impose comme le meilleur gardien au monde en ce moment. Oui, Andrew Hammond affiche des statistiques plus éloquentes que celles de Carey Price depuis qu’il a donné le coup d’envoi de la remontée fantastique des Sénateurs. Des Sens qui viennent de passer à l’histoire en comblant un recul de 14 points pour accéder aux séries. Ce qui n’était jamais arrivé avant. Au-delà les exploits multipliés par Hammond, il est toutefois impossible de favoriser Hammond devant Price dans un duel de gardien.

Mais voilà ! Aussi importants soient les gardiens dans les succès ou insuccès des 30 équipes de la LNH aujourd’hui, l’issue des matchs, et surtout d’une série, ne dépend pas uniquement sur eux.

Alors s’il est évident que le Canadien a des chances, et de bonnes à part ça, de battre Ottawa en première ronde, les Sénateurs ont aussi des chances bien réelles de surprendre le Tricolore.

C’est arrivé il y a deux ans, ça pourrait arriver à nouveau.

Du suspense jusqu’à la toute fin

Avant de se lancer dans de grandes prédictions qui n’ont rien de scientifique et qui sont lancées – je vous les proposerai lundi – dans le simple but de divertir et de s’ouvrir les flancs à des critiques et des invectives, mieux vaut faire le point sur cette saison, cette belle saison, cette très belle saison.

Et je ne me limite pas seulement ici aux 110 points du Tricolore et à la remontée des Sens. Que non ! Car c’est à la LNH au grand complet qu’il faut rendre hommage pour la belle saison qui vient de prendre fin.

Dans les bureaux de l’antichambre samedi soir, comme dans votre salon j’en suis convaincu, on était en train de perdre le nord tant on jonglait avec les résultats qui défilaient aux quatre coins de la LNH et surtout les scénarios visant à déterminer qui allait finalement accéder aux séries et qui allait affronter qui en première ronde.

Je ne me souviens pas de la dernière fois que le classement a été aussi serré et qu’en fin de soirée lors de la toute dernière journée de la saison, il y avait beaucoup plus de duels potentiels que de duels déjà déterminés.

À mes yeux, il s’agit là d’une belle victoire pour le hockey. D’une belle victoire pour la saison régulière qui, plus que jamais, veut dire quelque chose.

Dans un passé pas si lointain, seules les équipes paquetées récoltaient 100 points dans une saison. Et encore.

Cette année, 11 des 16 clubs invités en séries ont atteint le plateau des 100 points. Les Penguins de Pittsburgh, huitièmes et derniers invités aux séries, en ont récolté 98.

Dans l’Ouest, les Jets de Winnipeg, dernier club repêché, ont 99 points à leur fiche. Un de moins que le Wild du Minnesota alors que cinq clubs de la division centrale, la plus forte de la LNH, s’est hissé en séries.

Les Canucks de Vancouver et les Flames de Calgary sont peut-être choyés d’évoluer dans la division pacifique, mais ils ont quand même récoltés 98 et 97 points. À une victoire ou deux du plateau des 100 points.

C’est énorme.

Les champions exclus : bravo! 

Oui, les points primes accordés pour les défaites en prolongation et tirs de barrage moussent ces récoltes. Mais pour que tous ces matchs se décident au-delà les 60 minutes réglementaires, il faut que toutes ces parties soient serrées et donc la plupart du temps enlevantes.

Qui peut s’en plaindre?

Le fait que le classement ait été aussi serré tout au long de la saison et qu’on ait dû attendre la dernière journée du calendrier pour connaître les clubs invités et les duels en première ronde est vraiment une victoire pour le hockey et les amateurs.

Une victoire, car il devient périlleux de bousiller son début de saison sans en subir de conséquences néfastes ou sans avoir à réaliser des remontées sensationnelles comme celles des Sénateurs dans l’Est et du Wild dans l’Ouest.

Le fait que sept des 16 clubs invités en séries le printemps dernier se réveillent en vacances ce matin le démontre d’ailleurs avec éloquence.

Mieux encore, pour les amateurs et non les équipes victimes de cette nouvelle et si belle parité, les Kings de Los Angeles et les Bruins de Boston sont du groupe de ces exclus des séries. Pour la première fois depuis 1968-1969, les champions en titre de la coupe Stanley et les champions en titre de la saison régulière ne sont pas en séries.

Un scandale?

Au contraire. Un bienfait pour le sport. Un bienfait pour la saison qui est longue avec ses 82 matchs, mais qui est sans merci alors que toutes ces parties, ou presque, deviennent importantes et que plusieurs deviennent même cruciales.

Dommage pour Claude Julien, Darryl Sutter et leurs patrons qui pourraient perdre leur job, mais tant mieux pour le sport dont l’issue des matchs devient de moins en moins prévisible.

Benn par un point…

Il n’y a pas que le classement final et les duels de la première ronde qui se sont décidés dans les derniers instants des derniers matchs de la saison.

La course au trophée Art-Ross s’est décidée dans les dernières secondes du duel Nashville-Dallas alors que Jamie Benn, après avoir marqué trois buts, a ajouté une passe pour devancer John Tavares au premier rang des marqueurs.

Et que dire de la course au trophée Calder?

Avec ses deux autres buts importants qui ont permis aux Sénateurs d’Ottawa de confirmer leur place en séries, Mark Stone a moussé ses chances de coiffer Aaron Ekblad, des Panthers, et Johnny Gaudreau, des Flames, dans la course au titre de recrue de l’année dans la LNH.

Ce n’est pas rien.

Sans oublier qu’en accordant un 3e but à l’Avalanche du Colorado en fin de 3e période, les Blackhawks de Chicago n’ont pas seulement perdu le match. Ils ont aussi perdu l’exclusivité du titre de meilleure défensive de la LNH.

Sans ce but accordé à Jarome Iginla, Corey Crawford – en congé samedi soir – aurait soulevé seul le trophée Jennings. Un trophée qu’il devra partager avec Carey Price car les Hawks et le Canadien ont tous deux accordé 189 buts après leurs 82 matchs de saison régulière.

C’est la deuxième fois seulement de l’histoire de ce trophée que deux équipes le partagent. En 2002-2003, Martin Brodeur (Devils du New Jersey) l’avait partagé avec Roman Cechmanek et Robert Esche des Flyers de Philadelphie.

En passant, seuls Price et Crawford apposeront sur le trophée Jennings cette année parce que leurs adjoints n’ont pas disputé le minimum requis de 25 matchs pour obtenir ce privilège.

Pendant des années, la saison régulière n’était qu’un long prétexte, pour ne pas écrire calvaire, visant à mettre la table pour la vraie saison qui commençait avec les séries.

Ce n’est plus le cas.

La saison est devenue enlevante. Et si les séries sont à l’image des 1230 parties disputées par les 30 équipes depuis octobre, on aura un fichu beau printemps finalement, un printemps marqué de surprises agréables et de déceptions qui feront grincer des dents.

Là encore, ce sera tant mieux…