La saison du Canadien est commencée depuis une semaine et déjà on sent un petit mouvement d'inquiétude se former après trois défaites d'affilée en temps réglementaire.

D'un côté, l'échantillon est encore bien mince, mais je ne peux pas dire que je suis tombé en bas de chaise en voyant le rendement de l'équipe jusqu'à présent.

Peut-être que l'attaque prend plus de temps à trouver son synchronisme que je m'y serais attendu, mais défensivement, c'est sensiblement ce que j'anticipais. Les questionnements formulés avant le camp et pendant les matchs préparatoires sont encore les mêmes; ils concernent la brigade défensive.

Shea Weber offre du bon hockey comme c'est son habitude, mais personne n'a réellement pris charge jusqu'à présent, à commencer par Jeff Petry, pour qui c'est difficile en ce début d'année. D'autre part, on ne peut pas exiger d'un jeune de 19 ans de prendre davantage de responsabilités alors qu'il est en plein apprentissage.

Victor Mete a profité des lacunes du Canadien en termes de mobilité, de vitesse et de jeu de transition. Pour différentes raisons (blessures, performances décevantes), les acquisitions du club à la ligne bleue n'ont pas encore rapporté, de sorte que le produit des Knights de London est devenu quasiment indispensable dans certaines phases du jeu.

La porte est grande ouverte pour Schlemko

J'ai hâte de voir ce que David Schlemko peut apporter à l'équipe. Il semble de plus en plus probable qu'on le verra faire ses débuts samedi face aux Maple Leafs de Toronto. La force de ce dernier est son efficacité dans le jeu de transition. Son dynanisme dans les relances fait de lui un partenaire de jeu intrigant pour Weber.

Est-ce réaliste de penser que Schlemko peut disputer d'importantes minutes soir après soir? Cela reste à voir, car il campait le rôle d'un cinquième ou sixième défenseur à San Jose. Mais il y a certainement une opportunité prête à être saisie pour le nouveau venu.

Beaucoup d'observateurs ont critiqué le jeu du duo formé de Petry et Karl Alzner en ce début de saison. Je suis conscient qu'ils ont commis des impairs, mais je serais disposé à leur laisser plus de temps pour apprendre à se connaître. N'oublions pas qu'à Washington, Alzner formait avec John Carlson le tandem le plus fiable et le plus constant. Oui, Carlson est un meilleur défenseur que Petry, mais ils ont des styles similaires, et lorsque ce dernier joue à son plein potentiel, il est le genre de patineur qu'Alzner peut bien compléter.

Cela laisserait l'occasion à Claude Julien de tenter l'expérience de jumeler Mete à Jordie Benn, même si celui-ci est également décevant comparativement aux services rendus en fin de saison 2016-2017. Il semble plus lent, et ses prises de décisions le sont aussi.

Par ailleurs, je ne suis pas étonné que le nom de Mark Streit ait été soumis au ballottage aussi rapidement. C'était selon moi une union qui était condamnée à ne pas fonctionner. Dans le hockey d'aujourdhui, c'est hyper difficile de garder dans sa formation un joueur unidimensionnel. À ce stade-ci de sa carrière, Streit est un spécialiste de l'avantage numérique. Il nuit plus qu'autre chose dans les autres facettes du jeu.

L'idée de remplacer l'apport d'Andrei Markov (et dans l'ensemble du jeu) par l'arrivée de Streit a été un gâchis majeur à mon avis, même s'il est vrai qu'il s'est greffé à l'équipe à un coût tout à fait modeste.

Galchenyuk doit sortir du trou qu'il s'est creusé

Je comprends Julien de ne pas vouloir récompenser Alex Galchenyuk en lui donnant du temps de jeu avec d'autres joueurs offensifs en ce début de saison. Il n'a simplement pas fourni l'effort jusqu'à maintenant.

Avec un contrat de trois ans en poche, il doit s'apercevoir qu'il se sert mal de ses atouts. Je le vois à l'oeuvre depuis suffisamment longtemps pour avoir mes doutes quant à son intelligence sur la surface glacée. Mais ce qu'il fait bien, il le fait généralement très bien.

Mon impression sur cette situation est que Marc Bergevin a fait des démarches pour l'échanger durant la saison morte, sans obtenir le retour souhaité. Et puisqu'il est conscient que l'intérêt des autres directeurs généraux n'est pas assez haut envers Galchenyuk, il ne sent pas le besoin de le mettre en valeur en le faisant jouer avec Max Pacioretty et Jonathan Drouin, par exemple. Il a choisi de trouver des solutions à l'interne.

Ce qui expliquerait, à mon avis, qu'on lui ait passé un autre message en le renvoyant sur le 4e trio. C'est rendu une question de mérite. Le message est clair : « Réveille-toi mon garçon, et fais preuve de caractère pour te sortir de cette situation si elle ne te plaît pas ». Autrement dit, aide-toi et le ciel t'aidera!

Malgré sa rétrogradation, on verra tout de même le no 27 sur l'avantage numérique. Il faut lui trouver une place, que ce soit sur la première ou la deuxième vague.

Le jeu de puissance n'a fourni aucun but en 14 occasions durant ces quatre premiers matchs, mais les occasions de marquer sont là. Je me demande toutefois si le premier quintet ne mise pas sur trop de tireurs... Galchenyuk, Weber et Pacioretty sont tous à leur meilleur lorsqu'ils peuvent décocher des tirs sur réception. Faut-il les séparer pour tirer profit de leurs habiletés? C'est une avenue à considérer.

* propos recueillis par Maxime Desroches