Rafaël Harvey-Pinard mérite pleinement sa chance
MONTRÉAL - Martin St-Louis a trimé dur pour atteindre la LNH. Il a trimé plus dur encore pour s'y installer; pour devenir un joueur étoile; pour soulever la coupe Stanley; pour finalement être intronisé au Temple de la renommée du hockey.
Quand on lui a demandé, après la défaite de 5-4 encaissée mardi aux mains des Sénateurs, s'il était enclin à donner une chance à Rafaël Harvey-Pinard afin de l'aider à imiter son ascension vers la LNH, l'entraîneur-chef a été direct. Presque tranchant : « Les coachs ne distribuent pas des chances, c'est aux joueurs à mériter ces chances et c'est ce qu'il fait », que Martin St-Louis a répliqué.
La réponse était loin d'être négative. Surtout que quelques questions plus tôt, St-Louis venait de souligner qu'il découvrait lui aussi Harvey-Pinard. Qu'il le remarquait sur la patinoire.
Mieux encore, St-Louis a muté Rafaël Harvey-Pinard au sein du premier trio au cours du match. Le Québécois faisait très bien depuis quelques matchs en compagnie d'Alex Belzile et Michael Pezzetta. Tellement, qu'il a obtenu le privilège d'aller rejoindre Nick Suzuki et Josh Anderson.
Un privilège qu'il a maximisé en marquant deux fois au cours de la troisième période. Un privilège qui a aussi servi la cause de ses deux nouveaux compagnons de trio alors que Suzuki et Anderson ont été complices de son premier but. Alors qu'Anderson a ajouté une autre mention d'aide sur son deuxième but.
Mais plus encore que les points qu'ils ont récoltés, on a remarqué une hausse du dynamisme du capitaine et de l'un de ses assistants lorsque celui qu'on surnomme « HP » dans le vestiaire est venu leur donner un genre de... survoltage.
Cinq buts égalisateurs
Rafaël Harvey-Pinard joue avec courage et passion. Il est rapide. Il fonce au filet. Il maximise ses chances de réussite en évitant de se fier uniquement à son talent.
Et les résultats suivent :
Le Québécois de 25 ans revendique cinq buts marqués au fil des sept matchs disputés depuis son rappel du club-école.
Tous les buts sont importants. Je veux bien. Mais les cinq buts enfilés par « RHP » ont tous permis au Canadien de créer l'égalité : deux fois, mardi soir contre Ottawa – égalité de 3-3 et de 4-4 en troisième période – deux fois la semaine dernière contre Detroit – égalité de 2-2 et de 3-3 dans un revers de 4-3 en prolongation aux mains des Red Wings – et une fois (égalité de 2-2) le 21 janvier dernier alors que le Canadien a comblé un recul de 0-2 pour finalement battre les Leafs 3-2 en prolongation.
Mieux encore, selon un relevé de nos collègues de SportsCentre à TSN, seuls Jean Béliveau (huit buts), de même que Fern Majeau en 1943 et Craig Laughlin en 1981-1982 avec sept, revendiquent plus de buts que Rafaël Harvey-Pinard (six) après les 11 matchs disputés dans l'uniforme tricolore.
Harvey-Pinard partage cette troisième place (6 buts) avec les Yvan Cournoyer, Kjell Dahlin, Mats Naslund, Stéphan Lebeau sans oublier les illustres Aurel Joliat et Howie Morenz.
Pas question de prétendre ici que Rafaël Harvey-Pinard est promis à des carrières aussi grandioses que celles de Béliveau, Cournoyer ou Naslund pour ne nommer qu'eux en raison de cette donnée statistique.
Mais de la façon dont il joue, de la façon dont les Dieux du hockey récompensent sa manière de jouer, de tout donner, Rafaël Harvey-Pinard oblige le Canadien à non seulement le garder au sein de la formation, mais à maximiser son utilisation.
Car pour l'instant ce n'est pas à Rafaël Harvey-Pinard que le Canadien fait plaisir en lui offrant du temps de jeu de qualité, c'est Rafaël Harvey-Pinard qui fait plaisir au Canadien, à ses coéquipiers et leurs partisans en saisissant à deux mains l'opportunité qu'il a de démontrer qu'il est beaucoup plus utile que bien des vétérans qui ne font rien de rien pour justifier l'utilisation généreuse qu'ils obtiennent depuis le début de l'année.
Rafaël Harvey-Pinard passera la pause du Match des étoiles et le congé annuel qui suivra avec le grand club alors qu'Alex Belzile et Jesse Ylönen ont pris la direction de Laval, après le match de mardi, pour aller aider le Rocket.
Rafaël Harvey-Pinard mérite pleinement de demeurer avec le Canadien même s'il est en pause. Mais une formalité l'a aussi aidé à garder sa place avec le grand club. Décimé par les blessures comme il l'est, le Canadien a besoin de garder Pinard et Rem Pitlick pour s'assurer d'avoir le nombre minimum de joueurs requis par la LNH – 18 patineurs et deux gardiens – au sein de la formation.
Cette liste est même un brin « illégale » si l'on considère que Cole Caufield, dont la saison est terminée puisqu'il sera opéré à l'épaule la semaine prochaine, est toujours au sein de l'alignement régulier et non sur la liste des blessés.
Entre les lignes
- Le Canadien a accordé le premier but du match pour une 34e fois en 51 parties jusqu'ici cette saison. Sa fiche quand c'est arrivé : 10 victoires, 23 revers et une défaite en prolongation...
- C'était aussi la 15e fois lors de ses 18 dernières rencontres que le Tricolore concédait le premier but à un adversaire. Il n'a gagné que quatre de ces 15 matchs (4-10-1)...
- Les Sénateurs ont pris les devants 2-0 dans leurs trois matchs face au Canadien jusqu'ici cette saison. Ils ont signé trois victoires dont deux se sont décidées par un but : 5-4 hier soir, au Centre Bell, et 3-2 le 14 décembre à Ottawa. C'est Brady Tkachuk qui a marqué les buts gagnants lors de ces deux gains par un but...
- Le Canadien a accusé des reculs de 0-2 dans 22 de ses 51 matchs disputés jusqu'ici cette saison. Il n'a signé que trois gains. Les trois acquis au Centre Bell : deux en prolongation contre les Penguins et les Maple Leafs et un autre en tirs de barrage aux dépens des Flyers de Philadelphie...
- Sur une note plus positive, le Canadien a inscrit, mardi, aux dépens des Sénateurs, deux buts, ceux de Kirby Dach et Mike Hoffman, en cinq attaques massives. C'était la quatrième fois seulement que l'avantage numérique donnait un doublé : le 29 octobre, à St Louis, deux buts de Cole Caufield et Juraj Slafkovsky en trois occasions dans un gain de 7-4; le 5 décembre, à Edmonton, des buts de Suzuki et Xhekaj en trois occasions, dans un revers de 5-3; le 12 janvier, au Centre Bell, contre Nashville, deux buts de Cole Caufield en trois occasions dans un gain de 4-3 aux dépens des Predators...