DALLAS - Claude Julien devra-t-il dorénavant réclamer un temps d’arrêt lorsque les adversaires du Canadien marqueront un but?

 

Ne riez pas! En fait oui vous pouvez rire, mais c’est loin d’être drôle. C’est même rendu ridicule de voir à quel point les joueurs du Canadien perdent le nord lorsqu’ils sont victimes d’un but.

 

Mardi soir à Dallas, les Stars ont prolongé à neuf la liste des deux buts encaissés par le Canadien en moins d’une minute depuis le début de la saison. Si nous étions tard au mois de mars ou à la toute fin du calendrier en avril, un tel résultat ne donnerait pas autant le vertige. Ou un haut-le-cœur... c’est selon.

 

« Un bon match... à part cette minute »

Mais dans 8 de ses 22 premières parties – les Maple Leafs de Toronto ont fait subir cet affront deux fois plutôt qu’une au Tricolore samedi dernier –, le Canadien s’est fait poivrer deux buts en moins d’une minute.

 

Huit fois en 22 matchs, c’est plus d’une fois par trois parties si je sais bien compter. Et quand une équipe peine à marquer comme le Canadien peine à le faire et qu’un but accordé à l’adversaire c’est un but de trop. Imaginez deux. Imaginez deux en moins d’une minute.

 

Ça efface une avance en moins de temps qu’il en faut pour l’écrire comme c’est arrivé hier. Ça mine le moral comme c’est arrivé encore hier. Ça conduit tout droit vers la défaite – ou la prison sans passer go, sans réclamer 200 $ – comme c’est encore arrivé hier.

 

Car lors des huit matchs au cours desquels le Canadien s’est rendu coupable de pareils cadeaux offerts à ses adversaires, il n’a pas gagné une seule fois. J’espère que vous n’êtes pas surpris. Seule consolation à cette triste séquence : un petit point sauvé dans le cadre d’une défaite en prolongation. Un bien petit point qui ne pèse pas lourd dans la balance.

 

J’ai commencé ce texte en lançant à la blague que Claude Julien devrait réclamer un temps d’arrêt lorsque (si) les Predators marqueront leur premier but ce soir à Nashville.

 

Claude Julien a balayé du revers de la main cette possibilité de temps d’arrêt dans ses échanges avec les collègues anglophones après la rencontre.

 

Mais quand même : à défaut de réclamer un temps d’arrêt, l’entraîneur-chef du Canadien devra trouver le moyen d’éviter la paralysie qui frappe ses joueurs lorsque le Canadien accorde un but.

 

Car ça ne peut plus durer. Surtout que ça témoigne de la très grande vulnérabilité de la défense du Tricolore. Son grand manque de cohésion. Son plus grand encore manque de confiance.

 

Que s’est-il passé hier à Dallas où le Canadien a finalement perdu 3-1?

 

Parce qu’il jouait bien collectivement, parce qu’il jouait serré, parce qu’il jouait du hockey plate de la route, le Canadien a suffisamment endormi les Stars pour prendre les devants 1-0.

 

Quand Ken Hitchcock a réveillé son club qui dormait au gaz, les Stars ont haussé leur niveau de jeu et d’intensité d’un cran. Le Canadien, surtout ses défenseurs, s’est alors retrouvé sur les talons.

 

Sur leur premier but, les Stars ont profité du manque de confiance de Brandon Davidson et de Jordie Benn qui ont reculé, reculé et reculé encore vers leur gardien Charlie Lindgren au lieu de fermer l’enclave.

 

Résultat : John Klingberg a eu tout l’espace et le temps pour glisser une belle passe vers Devin Shore qui à son tour a eu tout le temps pour balayer la glace avec la lame de son bâton, placer la rondelle à son goût, avant de décocher un bon tir que Lindgren n’a pu saisir.

 

Claude Julien a changé ses joueurs. Jordie Benn est le seul à être demeuré sur la patinoire. Il a été rejoint par Joe Morrow qui a des qualités offensives indéniables, mais qui est ô combien mollasson en défense. Mais devant ce duo de défenseurs un brin suspect, le Canadien y est allé avec son quatrième trio. Loin de moi l’intention d’imputer toute la responsabilité au quatrième trio, mais le dégagement refusé dont le vétéran Torrey Mitchell s’est rendu coupable a finalement contribué au but de Jason Spezza. Car après la reprise du jeu, le Canadien n’a jamais été en mesure de prendre le contrôle de la rondelle dans sa zone. De fait, il a été débordé, désorganisé et Morrow, une fois encore, a été incapable de contenir un adversaire près du filet et comme cet adversaire s’appelait Jason Spezza et qu’il est capable de marquer des buts, le Canadien a vu son avance de 1-0 se transformer en déficit de 2-1 en 59 petites secondes.

 

Je vous repose la question : Claude Julien devrait-il réclamer un temps d’arrêt à la suite du prochain but marqué contre son équipe ?

 

Ça vaudrait peut-être la peine d’y songer.

 

Car le Canadien ne peut plus se permettre de perdre des matchs par sa faute, sa grande faute, sa très grande faute comme il l’a encore fait hier.

 

Avec 18 points à sa fiche, le Canadien a besoin de 77 points pour se rendre à la barre des 95 points qui devraient être nécessaires pour accéder aux séries. Pour récolter 77 points sur les 120 disponibles lors des 60 dernières rencontres le Canadien devra jouer pour ,642. Dans la vraie vie, ça exige une fiche qui ressemblerait à 34-18-9…

 

Mes observations à la suite de ce troisième revers consécutif en temps réglementaire, cette cinquième défaite (1-4-1) lors des six dernières parties…

  1. Un bien petit gros trio...
  2. Une victoire, c’est une victoire
  3. Une défaite, c’est une défaite
  4. Sans Weber point de salut
  5. Conséquence d’une pénalité oubliée

 

Chiffre du match : 69 – Jason Spezza a marqué le but de la victoire aux dépens du Canadien mardi. C’était son 32e but et son 69e point en 61 matchs en carrière aux dépens du Tricolore. « J’ai joué mon plus grand nombre de parties contre Toronto et Montréal, je crois. Ça aide à mousser des statistiques, mais pour une raison que j’ignore, j’ai vraiment toujours eu du succès contre le Canadien », a commenté Jason Spezza croisé dans le vestiaire des Stars après la rencontre.

 

Un bien petit gros trio

 

Claude Julien est revenu mardi avec son « gros trio » composé de Pacioretty, Drouin et Galchenyuk. Ça n’a rien donné. Rien de rien. Non seulement ce gros trio a été pris sur la glace sur deux des trois buts des Stars – le dernier dans un filet désert –, mais le gros trio n’a rien généré en attaque.

 

Jonathan Drouin n’a pas obtenu un seul tir au but. Je veux bien qu’il soit le centre de ce trio et qu’un centre doive d’abord distribuer la rondelle, mais quand même.

 

En plus, il n’a gagné que deux des 10 mises en jeu qu’il a disputées. Je serai moins sévère sur les mises en jeu que sur les autres aspects de son match, car Drouin aura besoin de temps et de «pratique» pour s’améliorer aux cercles des mises en jeu.

 

Mais la question mérite d’être posée : est-il vraiment un centre. LE centre tant recherché par le Tricolore. Le petit gars ne dit rien. Il travaille. Il tente de générer de l’attaque. Mais est-ce que c’est vraiment à titre de centre qu’il peut le mieux laisser libre cours à son imagination? À son talent? Je commence sérieusement à en douter.

 

Derrière Drouin, Max Pacioretty n’a décoché que deux tirs en 60 minutes. Un très bon que Ben Bishop a bloqué. Un autre, moins bon, qui a raté la cible.

 

Parlant de rater la cible, Alex Galchenyuk qui, comme les autres membres de son trio a connu un match difficile hier, a tiré trois fois hors cible que les quatre tirs qu’il a tentés. Un non-sens. Surtout qu’il a raté la cible en troisième période, alors que le Canadien avait besoin d’un but pour niveler les chances, sur une frappe d’à peine 15 pieds.

 

Ah oui : le quatrième tir tenté par Galchenyuk a été bloqué.

 

Ça veut dire quoi tout ça? Ça veut dire que le gros trio du Canadien a obtenu un tir au but seulement en 60 minutes. Un bien petit gros trio…

 

Le plus drôle dans tout ça, et non ce n’est pas vraiment drôle, c’est qu’en regroupant ses meilleurs éléments au sein d’un même trio, Claude Julien devrait obtenir des résultats de ce gros trio tout en acceptant une baisse de régime des autres.

 

C’est le contraire qui s’est passé hier.

 

Pendant que Pacioretty-Drouin-Galchenyuk patinaient dans le sable, le trio piloté par Phillip Danault et complété par Andrew Shaw et Charles Hudon a été au centre de plusieurs très bonnes occasions de marquer.

 

Hudon et Danault étaient en compagnie de Brendan Gallagher lorsqu’il a marqué le seul but du Tricolore sur la deuxième vague de l’attaque massive.

 

Outre le brio du trio de Danault, l’efficacité défensive du trio de Plekanec avec Gallagher et Byron doit être soulignée.

 

Est-ce normal que les trios de laissés pour compte soient plus productifs que le gros trio?

 

La réponse est non.

 

Il est plus intrigant encore de voir que le gros trio, une fois sur la glace, semble moins énergique, confiant, intéressé que les autres. À qui la faute? Je n’en ai pas la moindre idée. Mais si Pacioretty, Drouin et Galchenyuk sont incapables de générer de l’attaque quand ils sont réunis et qu’en plus ils semblent désintéressés d’y arriver, ce sont là de bien mauvaises nouvelles pour le Canadien qui patinent déjà au milieu d’un tas de mauvaises nouvelles…

 

Une victoire, c’est une victoire

 

Alexander Radulov espérait disputer un meilleur match à son premier duel contre le Canadien de Montréal. « Je n’ai pas été assez bon ce soir. J’en voulais plus. Une victoire est une victoire et en fin de compte, c’est tout ce qui compte. Mais nous avons obtenu de bonnes chances de marquer que nous avons gaspillées », a commenté Radulov qui n’a pas étanché sa soif offensive avec la passe récoltée sur le but d’assurance marqué par Tyler Seguin dans un filet désert.

 

« Ce n’est rien ça », a répliqué « Radu ».

 

Quand je lui ai demandé si le manque de production du trio des Stars était attribuable à la tenue de son ancien coéquipier Tomas Plekanec et aux autres membres du trio défensif du Canadien, Radulov n’a pas voulu embarquer. « Si nous avions profité des occasions que nous avons générées, tu ne me poserais pas cette question. Notre trio doit produire davantage. Avec le nombre de chances qu’on a créées, on devait marquer. Mais comme je l’ai dit, une victoire est une victoire », a conclu Radulov dont le prochain rendez-vous avec le Canadien, et ses anciens partisans, sera le 13 mars prochain au Centre Bell.

 

Une défaite, c’est une défaite

 

Charlie Lindgren ne peut être blâmé dans le revers du Canadien. Après des matchs au cours desquels il s’est montré plus généreux – cinq buts accordés aux Coyotes de l’Arizona et aux Maple Leafs de Toronto – Lindgren a cédé deux fois mardi. Deux fois en 59 secondes. Il a aussi réalisé plusieurs bons arrêts sur les 28 tirs qu’il a affrontés. « Je considère avoir disputé un match correct. Je crois avoir donné une chance de gagner à l’équipe. Mais en fin de compte j’ai perdu, et une défaite demeure une défaite », a conclu le gardien qui a maintenant perdu ses trois derniers départs et qui, comme le reste de l’équipe, n’affiche qu’une victoire à ses six dernières parties.

 

Sans Weber point de salut

 

Déjà qu’elle est sérieusement vulnérable, la défense du Canadien l’est devenue plus encore avec l'abandon de Shea Weber. « Il ne se sentait pas bien ce matin et il a subi des traitements en après-midi. Mais en fin d’après-midi, nous avons pris la décision de lui donner congé », a indiqué Claude Julien après le match.

 

Sans Weber la brigade défensive du Canadien est devenue bien petite. Le duo Alzner-Petry n’a rien d’un premier duo. Benn et Morrow en ont arraché et bien que Mete ait offert de beaux flashs offensifs une fois encore, il a plusieurs fois été débordé en zone défensive. On ne lui en voudra pas pour autant.

 

Mais il est clair que sans Weber pour colmater les brèches et imposer un peu de respect alors que ses coéquipiers n’en imposent pas du tout, le Canadien n’a point de salut… en défense.

 

Conséquence d’une pénalité oubliée

 

Le Canadien peut difficilement trouver des excuses pour expliquer les deux buts accordés aux Stars en 59 secondes. Deux buts qui, c’est clair, ont changé le cours du match.

 

Loin de mettre de côté les responsabilités qui pèsent sur le dos de son équipe dans la défaite, Claude Julien s’en est pris aux arbitres qui ont fermé les yeux sur une infraction flagrante en deuxième période.

 

Chassé du cercle des mises en jeu en raison d’un chamaillage opposant Antoine Roussel à Brendan Gallagher, le capitaine des Stars s’est retrouvé à la droite de la petite peste du Canadien. Les deux joueurs ont échangé des coups de bâton et une fois la rondelle mise en jeu, Jamie Benn a asséné un solide double-échec au dos de Gallagher. Sous l’impact, le bâton du capitaine des Stars s’est brisé. Les arbitres ont toutefois fermé les yeux.

 

Du haut de la passerelle de presse, je ne sais pas si Gallagher a dit des choses déplacées à l’endroit de Benn. Mais je sais que le double-échec était quant à lui illégal et qu’il aurait justifié une pénalité.

 

Surtout que les Stars, qui s’en sont bien tirés sur le jeu, ont nivelé les chances pas longtemps après, et pris les devants encore moins longtemps après…

 

Pas question ici de prétendre que cette décision des arbitres a coûté le match au Canadien. Le Tricolore s’est rendu coupable de tellement d’erreurs qu’il serait nettement exagéré de sauter à une telle conclusion. D’autant que les officiels ont « offert » cinq attaques massives au Canadien contre trois seulement aux Stars.

 

Mais sur ce jeu, il y avait pénalité, et ils n’ont pas sévi.

 

Après Alexander Radulov et les Stars, on reconnecte mercredi à Nashville, contre P.K. et les Predators.

 

 

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