Le retour de Nikita Scherbak, les adieux de François Beauchemin
Canadiens samedi, 3 févr. 2018. 19:02 jeudi, 12 déc. 2024. 19:55J’avais hâte de voir Nikita Scherbak. Ou de le revoir en fait, car c’était samedi le début de sa troisième chance avec le Tricolore.
Est-ce que la troisième sera la bonne? Il faudra plus que sa performance aux dépens des Ducks pour en arriver à une conclusion juste et éclairée.
Premier choix du Canadien en 2014 (26e sélection), le petit gars a du talent. C’est indéniable. Comme Galchenyuk, comme Drouin, comme des tas d’autres jeunes qui ont frappé à la porte de la LNH sans jamais réussir à l’ouvrir.
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Dès sa première présence, Scherbak a effectué une gaffe. Il a reçu une passe le long de la bande en sortie de zone, passe qu’il a aussitôt échappée pour offrir aux Ducks l’une de leurs nombreuses contre-attaques qui se sont succédé en début de rencontre et qui ont permis à Antti Niemi de garder le Tricolore dans le coup. Et sans doute de sauver le match. On y reviendra plus loin…
«J’étais nerveux et dès que je suis revenu au banc les coachs m’ont dit de me calmer et de faire le bon jeu», que le jeune de 22 ans a déclaré après la victoire.
De bons jeux, il en a fait quelques-uns à ses présences suivantes. Il a même récolté sa première passe en carrière sur le but en avantage numérique de Joe Morrow. Pas question ici de prétendre que Scherbak a réalisé un jeu du tonnerre sur le but. Ça non! Il a remis la rondelle à Victor Mete à la ligne bleue, Mete a glissé une passe parfaite vers son partenaire défenseur qui a décoché un très bon tir frappé sur réception que Ryan Miller n’a jamais vu passer.
Il faut dire que Miller ne semblait pas voir grand-chose au Centre Bell samedi après-midi. Victime d’un but sur la première occasion du Tricolore, il a cédé devant Morrow et ensuite devant David Schlemko qui a marqué le troisième but des siens sur le septième tir du Tricolore. Un but qui a chassé le vétéran du match et qui a propulsé le Canadien vers sa victoire de 5-2 aux dépens des Ducks.
La première victoire du Canadien après trois défaites consécutives. La troisième victoire du Canadien à ses dix derniers matchs.
Ce n’est pas la passe de Scherbak autant que sa présence sur la patinoire en attaque massive qui m’a plu. Avec une équipe d’ores et déjà éliminée, avec une équipe minée par des blessures en plus, l’occasion est belle de donner une chance à Scherbak. Une vraie. On l’a fait en le plaçant avec Drouin et Galchenyuk. On l’a fait aussi en lui offrant près de trois minutes en avantage numérique.
Parce que les deux équipes ont écopé beaucoup de pénalité, Scherbak n’a pas joué beaucoup à forces égales puisqu’il n’a pas atteint les 11 minutes d’utilisation. J’ai bien hâte de voir si ce temps d’utilisation grimpera dimanche contre les Sénateurs tout en demeurant du temps de qualité.
Vrai que c’est au jeune homme qui est un brin ou deux en retard sur son développement et les projections à son endroit de mériter ce temps d’utilisation de qualité. Il le fera en affichant plus de combattivité et de vitesse qu’il ne l’a fait lors de ses deux premières occasions avec le grand club. Et c’est là où Scherbak est rendu. Trop bon pour la Ligue américaine où il peut produire en comptant simplement sur son talent, il doit maintenant trouver une façon de combiner travail et talent pour s’établir dans la LNH… et y rester.
Sinon, il fera comme bien d’autres et ira marquer des buts dans la KHL.
Boudé quatre fois par le Canadien
Pendant que Nikita Scherbak renouait samedi avec les partisans du Canadien, François Beauchemin profitait de l’escale annuelle des Ducks pour leur faire ses adieux.
Le vétéran défenseur complète sa dernière saison. Il devait la compléter avec l’Avalanche du Colorado, mais la décision de Joe Sakic de racheter son contrat l’été dernier a contrecarré ses plans. Il aurait pu devancer sa retraite d’un an, mais les Ducks qui le connaissaient bien ont décidé de lui faire signe afin de solidifier une défensive déjà solide.
Sélectionné par le Canadien en 1998 et perdu au ballottage 2004 – il s’est retrouvé avec les Blue Jackets de Columbus – après qu’il n’eut disputé qu’une partie dans l’uniforme tricolore, Beauchemin aurait pu venir terminer sa carrière là où elle avait commencé.
J’ajoute même qu’il aurait dû. Car avec les déboires collectifs des défenseurs vers qui l’état-major s’est tourné pour combler les départs d’Andrei Markov, de Nathan Beaulieu et d’Alexei Emelin, Beauchemin, malgré ses 37 ans, aurait été bien meilleur que les Morrow, Schlemko, Jerabek et Streit mis ensemble.
Mais bon! L’état-major actuel a simplement perpétué un dédain difficile à comprendre à l’égard de cet arrière qui a gagné la coupe Stanley en 2006 à Anaheim, qui a terminé 4e dans la course au trophée Norris en 2013 – derrière P.K. Subban, Ryan Suter et Kristopher Letang – et qui est toujours un solide vétéran dans tous les aspects du jeu.
Est-il besoin de rappeler qu’à l’été 2009, le Canadien a préféré offrir à Jaroslav Spacek un contrat que François Beauchemin aurait accepté d’autant qu’il avait signifié à l’état-major du Tricolore son vif intérêt de revenir à Montréal?
Est-il besoin de rappeler qu’en 2015, le Canadien aurait encore pu faire appel à Beauchemin à titre de joueur autonome. Mais c’est l’Avalanche qui lui a fait confiance?
Quatre fois plutôt qu’une, le Canadien a raté ses rendez-vous avec Beauchemin.
Pour une organisation qui doit composer avec la chute libre du nombre de joueurs issus du Québec et qui est victime de la compétition féroce que lui livre les 30 autres organisations pour obtenir et garder les rares francophones évoluant dans la LNH, il est incompréhensible, voire inexcusable, de réaliser que François Beauchemin qui disputait hier son 880e match en carrière dans la LNH, n’en n’aura disputé qu’un seul avec le Canadien, alors qu’il voulait jouer à Montréal, malgré la pression, malgré les impôts, malgré les hivers et malgré les maudits journalistes.
C’est dommage. Et c’est bien plus dommage pour le Canadien, ses jeunes défenseurs et ses partisans que pour Beauchemin qui aura finalement eu une très belle carrière loin, trop loin, de Montréal.
Mes observations sur cette victoire du Tricolore
- 1- Niemi première étoile
- 2- Le bal des mal-aimés
- 3- Belle réaction de Deslauriers
- 4- Quand Perry bat de l’aile…
- 5- De la belle visite
Chiffres du match : 24 et -24 - Jeff Petry a marqué deux buts dans la victoire du Canadien. C’était son premier match de deux buts de la saison. Son premier en fait depuis le tout premier match de la saison dernière (15 octobre 2016) à Ottawa. C’était toutefois son 4e match de deux points de l’année. Fort de ses sept buts et 24 points, Petry n’est qu’à quatre points de sa récolte de l’an dernier. Sa meilleure en carrière. L’ennui pour le défenseur américain, c’est qu’il traîne un lourd différentiel de moins-24. Remarquez que ce différentiel et sa récolte de points illustrent à merveille la nature de Petry qui est capable du meilleur comme du pire. Quand ce défenseur joue avec confiance, qu’il patine comme il est capable de le faire, distribue la rondelle et décoche des tirs comme il est capable de bien le faire, il est vraiment utile. Mais dès qu’il commet une erreur ou qu’il perd sa concentration en raison d’une bévue de son partenaire ou de l’équipe en général, on dirait que tout s’écroule. Quand la chaîne débarque, certains joueurs arrivent à la replacer tout en pédalant. Dans le cas de Petry, la chaîne ne débarque jamais. Elle demeure bien huilée ou elle casse tout simplement. Un bel exemple de tout ou rien…
Niemi première étoile
Anti Niemi a récolté une première étoile fort méritée samedi. En relève à Carey Price, Niemi a été le seul joueur à vraiment toucher à la rondelle au cours des cinq premières minutes de jeu du match. Sans ses arrêts aux dépens des Ducks, la partie aurait été finie avant même qu’elle ne commence… ou presque.
Ses arrêts ont non seulement gardé le Tricolore dans le coup, mais alors que les Ducks croyaient qu’ils s’amuseraient autant que les enfants qui occupaient la majorité des sièges au Centre Bell, les largesses de Ryan Miller ont fait tourner le vent. Complètement.
Niemi a stoppé 43 tirs samedi. Ce n’était pas toujours beau. Il a même été un brin chanceux aux dépens d’Andrew Cogliano sur une échappée en troisième période. Mais son arrêt a permis de maintenir l’avance de 4-2 au lieu de permettre aux Ducks d’orchestrer une remontée. Mais il a fait le travail.
Avec la fragilité du Canadien en défensive et au chapitre de la confiance, les arrêts de Niemi en première période et les autres qu’il a multipliés au cours de la rencontre étaient non seulement nécessaires, mais cruciaux.
C’est ce qui est réclamé aux gardiens du Canadien depuis très longtemps, peu importe leur nom.
Le bal des mal-aimés
Le Canadien a marqué cinq buts samedi. Cinq buts qui sont venus de la lame des bâtons de mal-aimés : Logan Shaw, Joe Morrow, David Schlemko et Jeff Petry qui, comme je l’ai indiqué plus haut, offre deux visages aux partisans : un qu’ils aiment, un autre qu’ils aiment détester!
Avec leur but respectif, Morrow et Schlemko ont démontré qu’ils sont en mesure de contribuer de temps en temps en attaque. Défensivement, c’est une autre affaire.
On l’a vu sur le but de Rickard Rakell qui a ramené les Ducks dans le coup après que Morrow et Jordie Benn se soient séparés devant Nick Ritchie comme la Mer rouge s’est ouverte devant Moïse. Schlemko n’a pas été beaucoup meilleur, même s’il a été moins affreux que mardi dernier à St.Louis.
Morrow, Schlemko, Benn et Jerabek à qui c’était le tour de suivre un match de la galerie de presse sont des défenseurs qui peuvent entre et sortir de l’alignement sans que cela ne cause de grands fracas. En plein le rôle d’un sixième ou du septième défenseur. Ça met beaucoup de pression sur les Petry, Alzner qui devrait être un bon cinquième au lieu de jouer à titre de numéro deux en raison de l’absence de Weber et de Mete qui tirera, je l’espère, profit de cette situation en jouant plus qu’il ne le devrait et dans des circonstances plus ardues qu’elles ne le devraient…
Belle réaction de Deslauriers
Il était difficile de reprocher quoi que ce soit à Nicolas Deslauriers depuis qu’il s’est retrouvé au sein d’un trio de premier plan – avec Drouin et Galchenyuk – en raison des blessures subies par Phillip Danault et Andrew Shaw. En fait, il est difficile de reprocher quoi que ce soit à Nicolas Deslauriers depuis son rappel par le grand club.
Le petit gars aurait donc pu être affecté par la décision de Claude Julien de le reléguer au quatrième trio afin de donner sa place à Nikita Scherbak dès son rappel du club-école.
Si Deslauriers a rouspété, s’il a mal encaissé le coup, ça n’a pas paru du tout. Deslauriers a d’ailleurs réagi avec caractère en offrant une solide performance dès sa première présence. Car c’est au travail de Deslauriers, Froese et Shaw que le Canadien doit son premier but.
Au lieu d’imiter les vedettes de l’équipe, les gars du quatrième trio ont suivi l’exemple donné, présence après présence, par Brendan Gallagher. Ils ont foncé au filet, ont brassé des défenseurs, ont déstabilisé le gardien que Shaw a fini par déjouer.
La perte de Jonathan Drouin – il a été atteint aux côtes par un tir frappé de Karl Alzner et a ensuite quitté le match avec une blessure d’une gravité indéterminée – a permis à Deslauriers de remonter dans la hiérarchie offensive du Tricolore. Mais peu importe le trio au sein duquel il évolue, peu importe qu’il soit en désavantage numérique ou à forces égales, peu importe l’adversaire, Deslauriers fonce et se défonce. Ça explique ses succès avec le Canadien depuis son rappel.
Quand Perry bat de l’aile…
Les Ducks d’Anaheim ont dirigé 46 tirs sur la cage défendue par Antti Niemi. C’est beaucoup. Mais ça ne veut pas dire que les Ducks ont tous connu une grande partie. Que non! Même s’il a marqué un but en avantage numérique – Anaheim évoluait à 5 contre 3 – Corey Perry semblait en congé samedi.
Après son but, Perry a annulé ce qui restait de l’attaque massive de son équipe en écopant une bien vilaine pénalité près du filet du Canadien.
Sur le but de David Schlemko, le leader des Ducks se laissait tranquillement glisser sur ses patins en guise de repli pépère en zone défensive.
Sur le premier but du Canadien, un but marqué par le 4e trio, Perry s’est fait battre sans même offrir d’opposition dans le coin à la droite de son gardien. Cette mollesse de Perry combinée à la fougue des joueurs de soutien du Canadien a grandement souri au Tricolore.
Comme quoi même les meilleurs peuvent avoir des mauvais matchs ou prendre des parties de congé de temps en temps.
De la belle visite
Le week-End famille, cette tradition adoptée en 1990 par le Canadien dans le cadre de la fin de semaine du Super Bowl, donne l’occasion aux enfants de prendre d’assaut le Centre Bell accompagnés de ceux ou celles qui ont payé les billets. Eh oui! Ils apprendront un jour que ce n’est pas vraiment le Père Noël qui leur a fait cadeau des billets.
En plus de la visite de ces milliers de jeunes, le match de samedi a permis de renouer avec l’ami Jacques Demers. Ancien entraîneur-chef du Canadien, ami et collègue à RDS, Demers a suivi le match dans une loge où l’avait convié Réjean Houle, le président des anciens du Canadien.
Malgré l’accident vasculaire cérébral (AVC) qui l’a contraint à mettre un terme aux carrières qu’il menait de front et qui le confine aujourd’hui à un fauteuil roulant, le toujours positif Jacques Demers affichait un bon sourire dans le cadre de l’une de ses trop rares visites au Centre Bell. Je crois que c’était sa première depuis le match inaugural de la saison 2016-2017 alors qu’il avait été présenté sur la patinoire en compagnie de l’entraîneur-chef de l’époque Michel Therrien.
De la très belle visite…