Réveil du jeu de puissance, les pas de géant de Slafkovsky
COLLABORATION SPÉCIALE
Bienvenue à La semaine en CHiffres. Chaque semaine, je mets de l'avant trois statistiques clés qui ont défini les succès et ratés du Canadien au cours des sept derniers jours.
Cette semaine : l'avantage numérique se réveille, Cole Caufield continue sur sa lancée, et Juraj Slafkovsky performe sans Nick Suzuki et le no 22.
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Buts en avantage numérique lors des 8 derniers matchs
Après plusieurs saisons de ratés en avantage numérique, ça fait du bien de finalement voir le CH débloquer avec huit buts lors des huit derniers matchs, tous marqués par la première unité. Ce n'est pas un effort solo non plus, chacun des cinq joueurs de la première vague a marqué au moins un but lors de cette séquence.
Alex Burrows mérite aussi une part de reconnaissance pour avoir enfin changé les plans d'une attaque massive qui était devenue très prévisible. Suzuki n'est plus exclusivement du côté droit, Caufield joue plus près de la ligne des buts, Sean Monahan est plus souvent dans le haut de l'enclave, et Slafkovsky offre une option de tir sur réception en tant que gaucher du côté droit tout en demeurant plus que capable de faire une belle passe si l'option de tir ne se présente pas. Plus important encore, ils ne sont pas confinés à leurs positions et n'hésitent pas à se déplacer si, comme dirait Martin St-Louis, la game leur demande de le faire.
Ça mène à du jeu beaucoup plus dynamique et moins prévisible pour l'adversaire. La rondelle circule beaucoup mieux, avec le CH qui complète 19,0 passes en zone offensive par 2 minutes depuis le 13 janvier, comparativement à 15,8 auparavant. C'est l'équivalent de la différence entre le 25e et le 4e rang à ce chapitre cette saison.
Le but de Suzuki contre les Islanders est l'exemple parfait de cette nouvelle stratégie pour le CH.
Chacun des cinq joueurs touche à la rondelle dans les secondes précédant le but. Personne ne la garde trop longtemps, forçant la défense à faire des choix rapides. Suzuki, voyant que personne n'est devant le gardien, écoute la game et va se positionner devant Varlamov. Monahan ouvre finalement le jeu en attirant Scott Mayfield (no 24) vers lui, laissant Suzuki sans couverture devant le filet. Deux passes rapides de Monahan à Slafkovsky au capitaine et la rondelle se retrouve dans le filet.
L'avantage numérique ne continuera évidemment pas à marquer sur 32 % de ses opportunités indéfiniment, mais à 19,9 % présentement, un objectif réaliste serait de terminer la saison au-dessus de 20%. Ce serait une progression encourageante, surtout que l'attaque massive du Tricolore est 30e dans la LNH depuis que St-Louis est en poste avec un taux d'efficacité de 16,8%.
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Matchs consécutifs avec un point pour Caufield
Ça fait du bien de revoir Cole Caufield noircir la feuille de pointage avec régularité après un début de saison plutôt décevant. Ses 12 points lors de cette séquence de neuf matchs représentent plus de 30 % de sa production cette saison et sont plus en ligne avec les attentes de début de saison, où plusieurs s'attendaient à le voir marquer 40, voire même 50 buts. Mais encore plus important, Caufield est un joueur moins unidimensionnel cette année.
L'ailier américain s'est développé comme passeur. Il a déjà établi un nouveau sommet personnel avec 22 mentions d'aides et ce n'est pas par hasard. Il est passé de 0,43 passe complétée vers l'enclave par match à 1,15 et a la rondelle sur son bâton en zone offensive pour près de 10 secondes de plus par match. Il est plus patient et plus conscient des joueurs autour de lui, mais ça ne vient pas aux dépens de ses tirs. En fait, Caufield décoche plus de tirs par match cette saison que l'an dernier.
Une autre grosse différence est la provenance de ses buts. Cette saison, il attaque beaucoup plus le filet à bout portant. Huit de ses 17 buts cette saison sont venus du bas de l'enclave, c'est déjà plus que l'an dernier, où il n'en avait marqué que sept de cette partie de la glace.
La saison 2023-2024 en était toujours une de progression pour le CH où les résultats seraient secondaires. Une place en séries était moins importante que de voir les jeunes continuer à développer leur jeu et c'est exactement ce que l'on voit. Dans le cas de Caufield, il a fait les efforts nécessaires pour devenir un joueur plus complet et ça commence à porter fruit. Il ne continuera pas à marquer un point à chaque match indéfiniment, mais s'il peut jouer comme il l'a fait au cours des derniers matchs après la pause du match des étoiles, la fin de saison devrait être intéressante à Montréal.
65,6 %
% de buts attendus en faveur du trio de Slafkovsky-Monahan-Armia
Plusieurs, moi inclus, étaient déçus quand Martin St-Louis a décidé de séparer le premier trio de Caufield-Suzuki-Slafkovsky. Ils formaient de loin la meilleure unité du CH et développaient une belle chimie, mais je comprends l'idée de vouloir balancer ta formation et tenter d'avoir plus qu'une ligne qui produit bien.
Sans trop de surprise, Josh Anderson sur le premier trio ne fonctionne pas vraiment, mais Slafkovsky montre qu'il ne dépend plus de Suzuki-Caufield pour être un joueur efficace. Le trio qu'il complète avec Monahan et Joel Armia depuis deux matchs joue de l'excellent hockey. Ils obtiennent plus de 65 % des buts attendus lorsqu'ils sont sur la glace à forces égales, un de seulement deux trios qui se retrouvent au-dessus de 50% lors des deux dernières rencontres.
Tableau Juraj Slafkovsky
C'est très encourageant de voir que Slafkovsky peut briller même sans les nos 14 et 22. C'est fou de voir à quel point il a évolué cette saison, lui qui avait l'air carrément perdu sur la glace en octobre. Maintenant, il est un régulier sur le premier avantage numérique et est capable d'élever le jeu des joueurs autour de lui au lieu d'être un simple passager. Il n'a peut-être que 20 points cette saison, mais il a fait des pas de géants au cours des derniers mois. J'ai bien hâte de voir jusqu'où il peut aller lorsqu'il sera dans la vingtaine et plus expérimenté.