Alexei Emelin a été victime d’une mise en échec illégale sur le premier but des Canucks. C’est clair. Alex Burrows l’a frappé avec un brin ou deux de retard. Il l’a surtout atteint à la tête avec son épaule ou le haut de son bras. Burrows aurait dû être puni et si les arbitres avaient sévi à son endroit, il est évident que Nick Bonino n’aurait pu marquer sur le jeu.

Même s’il a été blanchi par les arbitres, même s’il est tout à fait probable qu’il ne voulait pas blesser Emelin et qu’il était soulagé de revoir le défenseur du Canadien sur la patinoire en troisième période et même si Emelin était en déséquilibre après s’être rendu coupable d’une vilaine passe qui a ouvert la porte à la poussée qui a mené au but des Canucks, Burrows pourrait malgré tout faire l’objet d’une mesure disciplinaire supplémentaire.

Stéphane Quintal, qui a été fort occupé cette semaine, déterminera la durée qui s’est écoulée entre la passe et l’impact. Étudiant l’action à la demi-seconde près, il déterminera aussi ensuite si l’impact a bel et bien été concentré à la tête afin de décider s’il doit sévir ou non.

Cela dit : peu importe la décision du préfet de discipline de la LNH, peu importe que le geste initial ait échappé ou non aux arbitres, ce n’est pas cette décision qui a coulé le Canadien.

Non!

Si le Canadien a perdu hier, c’est parce que son attaque massive a été anémique. Encore! Le Canadien avait bousillé trois autres attaques massives sur la route où il n’a toujours pas marqué cette saison (0 en 24) avant que Bonino ne donne les devants 1-0 aux Canucks.

Inversement, les Canucks ont profité de l’une de leurs deux supériorités numériques – au moins le Canadien a été plus discipliné jeudi que lors des escales à Edmonton et Vancouver – pour se sauver avec la victoire. Un gain de 3-2 arraché en prolongation sur un but de Daniel Sedin qui a déjoué Carey Price d’un tir précis sur le côté du bâton.

Vrai qu’il est plus facile de marquer à quatre contre trois qu’à cinq contre quatre.

Mais quand même.

Le Canadien a obtenu trois tirs en six minutes d’attaque massive à Vancouver. Ce n’est qu’un petit tir de plus que les deux obtenus alors que le Canadien jouait à court d’un homme.

Ce n’est pas normal.

D’ailleurs, Tomas Plekanec a obtenu une bonne occasion de marquer pendant que Tom Gilbert purgeait sa pénalité en prolongation avant que Daniel Sedin ne marque sur la séquence qui a immédiatement suivi la poussée de Plekanec.

C’est aussi sur une contre-attaque qui a suivi un bel arrêt de Ryan Miller aux dépens de Brandon Prust que les Canucks ont enfilé leur deuxième but donnant plus de poids à l’un des clichés de la LNH selon lequel une occasion ratée à un bout de la patinoire est souvent suivie par un but à l’autre bout…

Encore les arbitres…

Les fans du Tricolore, qui sont vite pour établir un lien direct entre les revers de leurs favoris et les « performances » biaisées des officiels aux dépens de leur club, se sont vidés le cœur encore hier soir comme ils l’avaient fait lundi lorsque le Canadien a perdu à Edmonton, ils l’ont fait aussi le lendemain à Calgary avec un peu moins d’insistance parce que le Tricolore a gagné.

Sans surprise, ils ont donc rapidement dénoncé les oublis des arbitres dans les secondes qui ont précédé le but gagnant.

Encore la théorie des grands complots.

Misère!

Si les fans qui dénoncent à pleins poumons les décisions allant contre leur club arrivaient, ne serait-ce que de temps en temps, à reconnaître que les arbitres oublient aussi des infractions dont les joueurs du Canadien se rendent coupables, on pourrait entendre leurs doléances. On pourrait même les écouter. Mais quand tout ce qui n’est pas bleu, blanc et rouge est noir, on n’écoute plus. On n’entend même pas. On n’y porte plus attention comme on ne porte pas attention à ceux qui passent leur temps à crier au loup sans raison jusqu’au moment où ils ont raison et que personne ne vient à leur secours. Vous connaissez l’histoire…

Encore une remontée

Au-delà de la défaite, le Canadien est quand même sorti du noir jeudi soir à Vancouver. Deux fois plutôt qu’une.

La même nouvelle de la soirée, c’est qu’Alexei Emelin a pu reprendre sa place au sein de la formation. Il a donc évité le pire sur la mise en échec – je crois vraiment que c’est un coup à la tête et j’ai hâte de voir si la LNH le confirmera – d’Alex Burrows. Vous savez que je ne suis pas le plus grand fan d’Emelin. Qu’avec son talent limité, je trouve qu’il serait bien plus à sa place à la gauche de Mike Weaver qu’avec P.K. Subban au sein du premier duo de défenseurs du Canadien.

Mais en l’absence d’Emelin le Canadien s’est retrouvé plus vulnérable qu’il ne l’est déjà en défensive. Et il l’est déjà pas mal.

Pendant qu’Emelin subissait des examens visant à déterminer s’il avait échappé au gouffre inquiétant d’une commotion cérébrale, les Canucks ont mis de la pression sur les cinq autres défenseurs. Subban et Markov s’en sont bien sûr tirés. Quoi que P.K. semblait en avoir contre un des jumeaux Sedin. Ou les deux…

Mais Gilbert, Tinordi et Weaver en ont arraché.

Comme quoi le Canadien est vraiment mieux de ne pas perdre un de ses ancrages à la ligne bleue. Car la défensive partira à la dérive obligeant Carey Price à être meilleur qu’il ne l’a été au cours des six derniers matchs. Et il a été excellent.

Emelin revenu, le Canadien a donc évité le pire.

Et parce que cette diable d’équipe a trouvé une fois encore le moyen de revenir du noir en comblant un recul de 0-2 au cours des huit dernières minutes de jeu, elle rentrera de l’Ouest canadien avec une récolte de trois points sur une possibilité de six.

Ce qui n’est pas mauvais considérant que le Canadien affiche seulement 11 victoires à ses 42 derniers matchs disputés à Calgary, Edmonton et Vancouver.

Histoire de secouer son club, Michel Therrien a eu la main heureuse en unissant Gallagher et Galchenuyk à qui le coach du Canadien a confié Rene Bourque. Galchenyuk, qu’on n’avait pas beaucoup (assez) vu jusque là, a fait dévier un tir de Subban pour amorcer cette autre remontée.

Max Pacioretty, très (trop) tranquille avec ses compagnons du premier trio, a complété cette remontée en marquant un but qui a couronné une entrée de zone disons peu orthodoxe alors que la rondelle ressemblait à une boule d’acier dans une machine à boules.

Mais Pacioretty a gagné et c’est tout ce qui compte après tout. Intéressant de souligner la présence de Dale Weise au sein de ce premier trio en fin de match.

Pour la neuvième fois en 11 matchs cette saison, le Canadien a accordé le premier but. Oui c’est trop. Non, il ne fait pas exprès.

Pour la 11e fois cette saison, oui, oui, tous les matchs, le Canadien ne profitait pas d’une avance après 20 minutes de jeu. Oui c’est trop peu. Non, il ne fait pas exprès.

Pour une quatrième fois cette année, le Canadien a trouvé malgré tout le moyen de revenir de l’arrière en troisième et de soutirer au moins un point. Oui c’est beaucoup. Et oui, il semble faire exprès. Il semble vraiment retrouver ses moyens en fin de match lorsqu’il a besoin de ces buts importants. Et inversement, ses adversaires semblent eux perdre un brin ou deux leurs moyens.

Le Canadien méritait-il son point arraché hier?

Bien sûr que oui. Il le méritait bien plus que les deux points que Carey Price a volés mardi soir à Calgary.

Le Canadien n’a pas disputé un grand match hier. Ça non. Mais il est loin d’avoir mal joué. L’effort était là. Le travail n’a pas été vain, sauf en avantage numérique. Même s’ils ont gagné sur une poussée digne des grands moments de la carrière des frères Sedin, les Canucks n’ont pas été impériaux non plus.

Les deux clubs ont échangé de belles poussées et les deux gardiens ont été les meilleurs joueurs de leur club respectif. Selon moi. Brendan Gallagher a peut-être chauffé Carey Price pour ce titre dans le camp du Canadien. Mais Miller a été le meilleur des Canucks sans l’ombre d’un doute.

Autre chance pour Eller et Bourque

Si Emelin est sorti du noir en revenant au jeu en troisième, si le Canadien est sorti du noir en poussant le match en prolongation avec sa remontée au troisième tiers, on peut dire que Lars Eller est lui aussi sorti du noir jeudi.

Cloué au banc en troisième période mardi à Calgary, plusieurs croyaient qu’il serait confiné à la galerie de presse du Rogers Center. Il était plutôt sur la glace.

Eller n’a pas mal joué. Il n’a pas excellé non plus, mais en dépit d’un différentiel de moins-2, sa performance a été meilleure que plusieurs de ses 10 premières cette saison.

Cela dit, pendant que Michel Therrien lui accordait une autre chance et que Rene Bourque échappait lui aussi à un « congé » qu’il aurait facilement mérité, Michaël Bournival et Jiri Sekac prolongeaient leur calvaire sur la liste des exclus.

C’est à se demander s’ils ne sont pas condamnés à attendre des blessures pour obtenir la chance de prouver qu’ils peuvent faire mieux que certains réguliers. Ou au moins qu’ils ne peuvent pas faire pire…

On verra.

Au-delà des petits points qui achoppent encore et du fait qu’il commence ses matchs en retard, le Canadien rentrera à Montréal avec 17 points au classement sur une récolte potentielle de 22.

Ça demeure une très grosse récolte.

Entre les lignes

Michel Therrien a pris une décision salutaire en envoyant Manny Malhotra, Dale Weise et Brendan Gallagher sur la patinoire pour amorcer la rencontre. Les deux premiers ont défendu les couleurs des Canucks et le petit dernier a joué son hockey junior avec les Giants à Vancouver. Cette décision de Therrien n’a rien donné en ce qui a trait au match, mais ce geste de l’entraîneur est important pour la gestion du vestiaire alors que les joueurs apprécient ce genre de décision témoignant des sentiments positifs de l’entraîneur à l’égard de ses joueurs…

Manny Malhotra a connu son premier match difficile aux cercles des mises en jeu où il a perdu plus de duels qu’il n’en a gagnés (6 en 14 pour une efficacité de 43 %) pour la première fois cette saison…

David Desharnais (14 en 19 pour une efficacité de 74 %) a été le meilleur du Canadien – et des deux clubs – aux cercles des mises en jeu…

Le Canadien a profité d’une nuit de sommeil à Vancouver avant de mettre le cap sur Montréal en matinée. Il recevra les Flames de Calgary dimanche.

Petite note en terminant, Marian Hossa, avec un but et une passe, a atteint le plateau des 1 000 points (466 buts) à son 1100e match en carrière. Un match disputé à Ottawa où l’excellent attaquant âgé de 35 ans a amorcé sa carrière il y a 17 ans. Hossa et les Hawks ont remporté le match 5-4 en tirs de barrage, mais c’est Patrick Sharp qui a scellé l’issue du match…