Au terme d’un long voyage de six parties qu’ils compléteront jeudi, à Ottawa, et d’une éreintante séquence de huit matchs en 13 jours, les Ducks sont débarqués à Montréal à bout de souffle.

C’est vrai.

« Encore une belle victoire d'équipe »

Mais il est impératif de rendre au Canadien le mérite d’avoir pris les moyens pour s’assurer que les Ducks ne trouvent pas de deuxième souffle.

Malgré les blessures qui privent l’équipe de quatre joueurs importants, dont deux piliers en Alexander Galchenyuk et Andrei Markov, le Tricolore s’est assuré de maîtriser un adversaire plus fort sur papier en travaillant simplement plus fort que lui. En patinant plus vite que lui. En lui se tenant droit devant lui au lieu de simplement le suivre pas à pas.

Du premier au quatrième trio – un quatrième trio composé de Daniel Carr, Michael McCarron et Chris Terry – qui m’a impressionné par la qualité de son travail et la constance de l’intensité déployée sur la patinoire, du premier au troisième duo de défenseurs – Nathan Beaulieu a disputé l’un de ses bons matchs de la saison à la gauche de Jeff Petry en relève au vétéran Markov – les joueurs de Michel Therrien ont été sans faille ou presque mardi face aux Ducks.

De fait, le Canadien a été impressionnant en maintenant le travail efficace amorcé samedi à Washington.

Et Carey Price?

À son retour devant ses partisans après sa sortie ratée tout comme celle de son équipe vendredi dernier face aux Sharks de San Jose, Price a connu une soirée pénarde.

Il a été victime d’un but sur la seule occasion de marquer digne de ce nom obtenue par les Ducks, ou offerte par le Canadien. C’est selon.

Au-delà du but d’Andrew Cogliano – Torrey Michell (sept mises en jeu remportées sur les 11 disputées) a joué de malchance alors qu’après un match nul l’opposant à Ryan Kesler, Shea Weber a poussé la rondelle vers l’ailier des Ducks qui en a profité pour surprendre Price – le gardien du Canadien n’a pas été occupé. Pas occupé du tout.

Détestable à affronter

On pourrait imputer cette facile soirée de travail à la fatigue des Ducks. Une fatigue évidente je veux bien. Mais bien honnêtement, je tiens à l’attribuer davantage au travail efficace du Canadien.

ContentId(3.1211613):Canadiens : Paul Byron saute sur un retour pour créer l'égalité avec son 11e but de la saison (LNH)
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Car au-delà des cinq buts du Tricolore qui représentent un total plus qu’intéressant, le chiffre du match à mes yeux, la statistique la plus révélatrice de la domination du Tricolore est le fait que la troupe de Michel Therrien a limité ce gros club à 13 petits tirs cadrés en 60 minutes. Il a limité les Ducks à 19 tirs tentés un point c’est tout. Une statistique qui confirme que le Canadien – 34 tirs cadrés sur ses 58 tentés – a eu la rondelle beaucoup plus souvent que ses adversaires.

Après ses deux derniers matchs contre des Capitals et des Ducks nettement plus forts que lui sur papier – encore plus en raison des blessures – le Canadien n’a concédé que deux buts. Mieux encore, il n’a accordé que 34 tirs cadrés.

« Ça doit être détestable de jouer contre nous en ce moment. On patine, on travaille, on ne donne pas un pouce sur la patinoire et on fonce sur toutes les rondelles. On complique la vie de nos adversaires. Avec les blessures qui minent l’équipe, on n’a pas le choix de jouer de cette façon. On ne doit rien donner. On doit décourager l’adversaire. Et c’est exactement ce qu’on a réussi à faire ce soir », a indiqué Nathan Beaulieu après la rencontre.

« La fatigue fait partie du jeu. Oui on a beaucoup de matchs dans le corps, mais nous sommes en même temps des professionnels. On doit prendre les moyens pour composer avec cette fatigue. Ce soir, contre le Canadien qui patinait sans relâche, il fallait respecter nos structures, éviter les pénalités, jouer du hockey responsable. On n’a pas fait ça du tout avec les résultats qu’on a connus », a analysé Antoine Vermette.

Ajoutez à ce laxisme des Ducks, le fait que Jonathan Bernier a encore connu un match difficile face au Canadien (1-9-3 en carrière) et qu’il a une fois encore perdu au Centre Bell où il n’a pas encore gagné dans la LNH (0-6-2) et vous avez l’ensemble des raisons qui expliquent la victoire du Canadien.

« C’est clair que j’ai plus que ma part d’ennuis contre Montréal. Pourtant, j’aime affronter le Canadien. J’aime jouer au Centre Bell. Je sais que j’ai mes parents et mes amis qui sont dans les gradins, mais ce n’est pas une pression supplémentaire à mes yeux. Je considère avoir bien entrepris la rencontre. J’ai effectué de bons arrêts. Mais quand j’ai raté mon dégagement et que cela a donné le troisième but – Jeff Petry a bloqué la rondelle à la ligne bleue avant de décocher un tir qui a déjoué le gardien québécois – l’équipe a cessé de jouer », a souligné Bernier qui a été victime de cinq buts sur 34 tirs.

Beaulieu aime les mandats difficiles

Après une longue séquence au cours de laquelle Beaulieu a offert du jeu en deçà des attentes, le jeune défenseur a disputé un très fort match mardi en relève à Andrei Markov.

Comme il l’avait fait en début de saison alors qu’il évoluait à la gauche de Shea Weber au sein du premier duo, Beaulieu a saisi l’occasion pour rappeler à quel point il pouvait être rapide, incisif, impliqué et ma foi solide en défensive. C’est à se demander si Beaulieu n’a pas besoin de recevoir des mandats relevés pour se motiver. Comme s’il refusait de se contenter d’un rôle de soutien au sein du troisième duo.

« Ce n’est pas faux », a admis Beaulieu d’amblée. « Je crois que c’est la nature humaine de vouloir très bien faire quand on t’offre un défi important. Quand tu sais que tu vas jouer beaucoup, que tu auras un rôle de premier plan à remplir, c’est plus facile de te motiver. De t’impliquer. Tu sais que tu vas jouer beaucoup et dans quelles circonstances tu joueras. Au sein d’un troisième duo, tu ne peux rien planifier à la maison en raison du jumelage des joueurs par les entraîneurs et sur la route c’est pire encore. Je sais que je profite de la confiance de mes coéquipiers et de mes entraîneurs. Mais c’est nettement plus facile de mieux jouer quand tu joues un rôle comme celui qu’on m’a donné ce soir. »

Nathan Beaulieu a récolté une passe en près de 22 minutes d’utilisation mardi.

Bien appuyé par son partenaire et surfant sur une séquence sensationnelle, Jeff Petry a marqué dans un troisième match de suite en plus d’ajouter deux passes pour signer son deuxième match de trois points en carrière. Avec ses trois points récoltés hier soir, Petry affiche sept points (quatre buts) en cinq matchs.

« Il joue son meilleur hockey en carrière », a justement décrit l’entraîneur-chef Michel Therrien.

Jeff Petry qui joue du très gros hockey; Ti-Paul Byron qui a égalé avec 11 buts son sommet en carrière établi l’an dernier avec le Canadien; Torrey Mitchell qui excelle dans son rôle; Phillip Danault qui, sans tambours ni trompette, remplace de belle façon Alex Galchenyuk au centre du premier trio : il faudra à un moment donné souligner la vision de Marc Bergevin à titre de directeur général, car le Canadien a obtenu ces quatre joueurs pour des bouchées de pain. Des miettes dans certains cas…

Weber solide… en défense

Comme il l’a fait samedi à Washington alors qu’il a éteint Alex Ovechkin, Shea Weber a été un roc à la ligne bleue du Canadien alors qu’il a muselé – pas à lui seul quand même – Ryan Getzlaf et Corey Perry qui n’ont fait qu’acte de présence au Centre Bell mardi.

Après des matchs de 26 :39 et 26 :29 à Washington samedi et la veille au Centre Bell contre San Jose, Shea Weber a passé 27 min 36 s sur la patinoire mardi soir.

Des bilans qui écartent du revers de la main les prétentions selon lesquelles le vétéran défenseur joue en dépit d’une blessure à un bras, une épaule ou ailleurs au haut du corps.

Au-delà ces imposantes minutes de travail, il est vrai que Weber semble tirer moins souvent au filet et qu’il le fait avec moins de vélocité, moins de précision.

J’ai posé la question à Weber dans le vestiaire après le match et il est loin d’avoir acquiescé. «Il me semble avoir vu le bâton de Getzlaf voler en éclats sur une de mes frappes», a répliqué Weber qui a décoché cinq tirs hier soir alors que deux ont touché la cible.

Et la passe effectuée à Pacioretty près du but alors que du haut des cercles tous – les Ducks inclus – s’attendaient à un tir violent de sa part au premier tiers? « Le gardien était sorti vers moi, je n’avais pas un bon corridor de tir, le jeu le plus payant était la passe et c’est ce que j’ai fait », a encore répliqué Weber.

C’était peut-être le jeu le plus payant, mais Max Pacioretty, aussi surpris que tout le monde par la stratégie de Weber, n’a pas même été capable de réagir à temps pour saisir l’offrande.

Tout ça pour dire que Shea Weber semble réfuter les prétentions selon lesquelles il soit blessé. L’entraîneur-chef Michel Therrien l’a d’ailleurs appuyé dans cette défense malgré une baisse de ses statistiques offensives. «Je n’ai aucun reproche à adresser à Shea. C’est un grand leader. Il rend les joueurs autour de lui meilleurs, et je lui demande d’affronter les meilleurs attaquants de l’autre bord. Shea a un impact immense sur notre club. Il est un vrai pro et sait garder ses coéquipiers concentrés», a conclu Michel Therrien.

Le coach du Canadien pouvait difficilement reprocher grand-chose à son équipe. Même l’attaque massive qui a connu des séquences difficiles mardi a fini par donner un but. Le troisième de la saison de Plekanec qui a facilement complété le travail brillant de Paul Byron et Artturi Lehkonen. Deux joueurs qui s’imposent de match en match.

Vous avez bien lu : c’est une unité d’attaque massive pilotée par Plekanec avec Byron et Lehkonen appuyés de Petry et Beaulieu à la pointe qui a inscrit le premier des deux buts du Tricolore en six attaques massives.

Comme quoi le Canadien n’en finit plus de surprendre avec ses 12 points récoltés sur les 16 à l’enjeu depuis que le Tricolore se défend sans les services d’Alex Galchenyuk.

Du gros travail d’équipe.