BROSSARD - Chacun à leur façon, Rene Bourque, Travis Moen, George Parros et Lars Eller s’accrochent à des objectifs contrastants et surtout pour des motifs différents.

Ces quatre joueurs du Canadien, qui sont dotés d’un physique idéal pour l’emploi, ont traversé des périodes creuses sans tous pouvoir se faire pardonner avant de procéder au ménage de leur casier samedi.

Dégageant une attitude détendue – ou nonchalante pour certains – Bourque n’a pas dérogé à ses habitudes quand est venu le moment de porter un regard sur sa saison pour le moins particulière.

Bien sûr, Bourque était ravi d’avoir enfin contribué aux succès des siens pendant les séries en démontrant l’étendue de son répertoire, mais il était incapable d’identifier la cause de son hibernation en saison régulière. Il a donc préféré blaguer sur la situation.

« Je n’ai jamais douté de moi-même aussi mauvais que je pouvais l’être! », a-t-il lancé en déclenchant un rire chez l’auditoire.

Ainsi, ce n’était guère surprenant de constater qu’il ne pouvait pas expliquer son réveil inattendu et fort apprécié pour la période éliminatoire.

« On parle des séries, tout le monde veut être à son meilleur en faisant tout ce qui est nécessaire et, pour une raison ou une autre, j’ai pu élever mon jeu d’un cran », a-t-il déclaré en reconnaissant que le style physique des séries lui convient.

À moins que la clé de l’énigmatique joueur s’avère la présence de Ginette Reno ?

« En espérant qu’on la reverra la saison prochaine », a-t-il gentiment répondu en embarquant dans le jeu.

Bourque ne représente peut-être pas un modèle de constance, mais il savait très bien à quoi s’attendre en débarquant à Montréal.

« C’est la réalité ici, tout le monde sait à quoi se préparer quand ça ne fonctionne pas sur la patinoire; les médias sont sur ton cas », a admis Bourque qui est parvenu à se tenir loin des commentaires des amateurs sur les réseaux sociaux.

Même s’il ne semble pas trop se morfondre dans les séquences ardues, c’était encourageant de voir Bourque insister pour mentionner qu’il veut poursuivre sur sa lancée la saison prochaine en souhaitant que l’équipe en fasse tout autant après un été qui aura un petit goût amer dans la bouche en ayant frôlé la finale.

Moen n’a pas pu retrouver son élan à temps

Contrairement à Bourque, Moen (photo) n’est jamais parvenu à effacer sa saison plus que modeste avec l’aventure éliminatoire. Le gros ailier a tardé à reprendre son rythme au retour d’une commotion cérébrale et il a disputé seulement quatre matchs en séries. Travis Moen

« Évidemment, c’était difficile puisque l’on veut toujours jouer, mais à la suite de mes blessures, l’entraîneur a pris la décision d’utiliser d’autres joueurs parce que je n’avais pas retrouvé mon élan », a confié Moen qui veut déployer les efforts nécessaires cet été pour effacer ce mauvais sentiment.

Cependant, le vétéran de 32 ans devra convaincre les dirigeants de son utilité la saison prochaine. Les deux dernières années à son contrat pourraient s’éterniser à moins qu’une transaction ne survienne, mais il ne penche pas vers cette option, du moins publiquement.

« Oui, c’est long deux ans, mais je m’attends à revenir en forme et j’espère que je pourrai prouver mon point en donnant l’effort maximal et en espérant que l’entraîneur ait confiance en moi et qu’il m’utilise dans des situations qui me conviennent », a argué Moen qui prétend que les commotions cérébrales n’ont pas altéré ou modifié son jeu.

Parros tient mordicus à continuer

De l’extérieur, on aurait pu croire qu’un athlète diplômé de la prestigieuse Université Princeton allait tirer sa révérence au terme d’une atroce saison réduite à 22 parties et un rôle de spectateur pendant les séries.

Mais non, le colosse, qui semble avoir perdu le secret de sa force, persiste et signe : il veut continuer à évoluer dans la LNH.

« Je n’ai jamais songé à reconsidérer ma carrière. Je veux continuer de jouer, j’ai retrouvé la santé et je vais travailler pour dénicher un emploi », a lancé celui dont le passage d’une saison à Montréal ne risque pas de se prolonger.

George Parros et P.K. SubbanCe verdict étonne encore plus quand le principal intéressé admet sans hésiter que ce fut la pire de ses 10 saisons dans le circuit Bettman.

« Non, je ne me souviens pas d’avoir vécu une année plus difficile que celle-ci et ce fut vraiment éprouvant au niveau personnel. Le tout s’est amorcé du mauvais pied (commotion cérébrale dès la première partie) et j’ai essayé de me replacer par la suite. J’ai tenté de tout faire pour aider l’équipe à gagner que ce soit sur la glace ou à l’extérieur en démontrant une bonne attitude », a-t-il raconté.

« Malgré tout, l’expérience demeure positive. Ma blessure m’a pris du temps à récupérer, mais je me sentais bien par la suite sauf que je ressentais un manque de momentum au sein d’une nouvelle équipe avec des dirigeants qui me connaissent peu », a-t-il ajouté sans blâmer ceux-ci.

Parros, qui ne refuserait pas de signer une nouvelle entente avec le Canadien, a tout de même trouvé sa saison à Montréal fascinante en vertu de l’attention sur l’équipe.

Quand on peut aspirer à une palpitante après-carrière et qu’on a déjà encaissé quelques millions, le danger de subir une commotion cérébrale de trop pourrait nous inciter à accrocher nos patins. Parros est loin d’adhérer à cette réflexion même s’il admet qu’un petit doute s’est installé dans le fond de ses pensées à la suite de ses récentes mésaventures de pugiliste.

« C’est un peu plus difficile de se laisser aller, mais tu n’as pas trop le temps de réfléchir quand tu te bats. J’espère que la possibilité de jouir d’une intéressante après-carrière ne disparaîtra pas, mais je vais continuer à jouer tant que je serai capable. Le risque a toujours été présent donc ça ne change pas », a exprimé devant micros et caméras celui qui est déjà impliqué dans une compagnie de vêtements.

Eller veut encore percer le top-6

À 25 ans, Lars Eller sent qu’il est arrivé à une période charnière de sa carrière et son souhait ultime demeure de s’établir comme un attaquant du top-6 préférablement en tant que joueur de centre où il se sent plus à l’aise.

Cette mission peut sembler audacieuse, mais le Danois se fie sur son retour en force pendant les séries pour s’accrocher à cet objectif.

« On apprend toujours beaucoup et encore plus quand les choses ne fonctionnent pas à ton goût. Dans mon cas, le plus important, c’est de devenir plus constant », a mentionné Eller. Lars Eller

Le numéro 81 a prouvé qu’il pouvait remplir plusieurs missions défensives de taille si bien qu’un rôle de troisième centre lui conviendrait sans doute. Eller retire de la fierté de son jeu complet, mais il ne modifie pas son but pour autant.

« Je pense que j’ai bien fait durant les séries en tournant la page sur la saison et en m’approchant de mon meilleur rendement. J’aimerais croire que mon jeu en séries m’a fait progresser pour être un attaquant du top-6 », a ajouté celui pourrait permettre au Canadien d’échanger Tomas Plekanec si Alex Galchenyuk peut faire le saut au centre la saison prochaine.

Eller, qui a bénéficié du travail de Bourque et vice-versa, doit maintenant parapher un nouveau contrat avec le CH car il profite d’un statut de joueur autonome avec restriction.

« Je crois que je suis dans une bonne situation et j’aimerais rester ici à long terme », a conclu l’auteur de 13 points en 17 matchs éliminatoires.