En l'absence de Joel Edmundson, Mike Matheson est prêt à prendre le relais
BROSSARD – Déjà que la brigade défensive du Canadien devait se débrouiller avec un niveau d'expérience très limité, Joel Edmundson sera absent pour une période indéterminée. Un refrain qui a de quoi inquiéter.
L'an dernier, un scénario similaire s'était produit alors que le grand gaucher n'avait pas été en mesure de participer au camp d'entraînement en raison d'une blessure au dos. Au final, il n'avait pu jouer que 24 parties en 2021-2022.
« C'est un bon ami et une grande partie de notre équipe. J'espère qu'il se rétablira rapidement », a indiqué Chris Wideman.
« C'est toujours difficile quand un joueur comme lui doit s'absenter, mais chaque équipe doit composer avec les blessures. Ça revient à tout le monde de tirer sur la corde, c'est un effort d'équipe », a commenté Michael Matheson.
« On est toujours inquiet quand un joueur se blesse, on ne connaît jamais la gravité. Comme entraîneur, c'est décevant », a reconnu l'entraîneur Martin St-Louis en précisant que l'équipe aura plus de détails prochainement.
À sa première année avec le Canadien, Matheson entrevoyait déjà le plus grand rôle de sa carrière. Tout d'un coup, il pourrait devenir encore plus indispensable au Tricolore et il croit pouvoir tenir son bout sur un premier duo.
« Je pense que oui. En Floride, j'ai eu des années un peu plus difficiles. Mais, à Pittsburgh, j'ai établi ce que je pouvais accomplir. Avec la maturité dans mon jeu, je suis prêt pour ça », a soumis le gaucher de 28 ans.
Jusqu'ici, le Montréalais n'a pas joué au grand frère dans la LNH. Ceci dit, il a exercé une telle influence dans le midget AAA et au niveau universitaire en étant capitaine. L'organisation ne se plaindra nullement s'il peut favoriser le développement des Jordan Harris, Kaiden Guhle, Justin Barron et compagnie.
« Vu que je suis dans la LNH depuis quelques années, ce sera important que je les aide à jouer leur meilleur hockey. Le plus important, c'est la confiance. Je veux essayer de les supporter de ce côté », a noté Matheson en ajoutant humblement que ça ne fera pas une grande différence pour eux de jouer avec lui.
Matheson pourra, bien sûr, piger dans ses expériences à Pittsburgh où il a découvert la culture gagnante des Penguins et Sidney Crosby.
« C'est sûr que j'ai beaucoup appris de Sidney, Kristopher Letang et Evgeni Malkin. La culture à Pittsburgh ne s'est pas développée du jour au lendemain. Ça dure depuis plus de 15 ans en raison du travail investi », a cerné l'auteur de 11 buts et 20 aides la saison dernière.
Ça prendrait toute une catastrophe pour éloigner Matheson d'une place dans la formation. Le portrait n'est pas le même pour Wideman qui pourrait écoper régulièrement si les jeunes démontrent qu'ils peuvent tenir leur bout.
« Kent Hughes l'a très bien décrit en citant Joe Sakic qui disait qu'il a passé la première moitié de sa carrière à prouver qu'il méritait de jouer dans la LNH et la deuxième moitié à en faire tout autant. Je me sens exactement comme ça. L'an dernier, je devais prouver que j'avais ma place ici. Cette année, avec plusieurs bons jeunes défenseurs, je dois encore démontrer que je mérite un poste », a témoigné Wideman tout en sachant que les ressources à droite ne sont pas nombreuses.
« Je sais, il y a de l'incertitude et des postes sont ouverts. Je m'attends à un camp très compétitif à cette position », a souligné St-Louis en sonnant confiant de voir des jeunes s'imposer.
L'entraîneur et ses adjoints devront aussi composer avec le risque de trop en demander à la relève si la blessure d'Edmundson s'éternise.
« C'est sûr que parfois tu accélères un peu les choses et que les gars ne sont pas toujours prêts pour ça. Mais on obtiendra plus d'informations en voyant leur comportement sur la glace », a répondu St-Louis.
Au final, le travail de groupe demeure la seule chose qui pourra limiter les dégâts.
« Notre mentalité est de travailler en groupe. La meilleure façon d'y arriver est de bien accomplir son boulot individuellement et d'aider les autres », a poursuivi Wideman que l'on imagine bien intégrer les jeunes puisqu'il n'est pas timide de nature.
Batman et Robin
Wideman ne se gênera pas non plus pour bavarder avec Juraj Slafkovsky. Mercredi, lors des tests physiques et médicaux, il s'est assuré de l'épier.
« J'étais si content de voir Slafkovsky sur le vélo. J'avais vu la vidéo quand il a détruit un vélo cet été alors je ne voulais pas manquer ça. C'est très impressionnant », a noté Wideman avant de faire rire les journalistes.
« Slaf et son petit copain (Filip) Mesar sont comme Batman et Robin, ils sont toujours ensemble. L'un n'est jamais loin de l'autre. »
D'ailleurs, Wideman se souvenait d'un moment précieux à son premier camp d'entraînement à Ottawa.
« Jason Spezza était venu manger près de moi et il savait où j'avais joué auparavant. Je me rappelle d'avoir appelé mon frère pour lui dire que Spezza savait qui j'étais... C'est cool que les vétérans prennent du temps avec les plus jeunes », a raconté le défenseur de 32 ans.
La pierre angulaire sera tout de même Martin St-Louis.
« On a eu une petite rencontre hier (mercredi) soir, il a parlé à l'équipe. En sortant de là, je disais aux gars à quel point j'étais motivé. Il a connu énormément de succès comme joueur donc il comprend comment ça marche et ce qui motive les gars. On veut bâtir une culture et il est celui qui dicte le ton », a soulevé Matheson.
Au niveau personnel, Matheson a mentionné qu'il souhaite devenir un joueur plus sophistiqué offensivement.
Tester le mental et développer la culture
Pour les intéressés, les joueurs du Canadien n'ont pas eu la vie facile jeudi. Répartis en petits groupe de 10 à 15 joueurs, ils ont multiplié les tours de patinoire durant un exercice - que St-Louis a emprunté à John Tortorella - qui visait à rattraper un coéquipier.
« C'est surtout une épreuve mentale. De la manière dont notre cerveau est programmé, ça te dit d'arrêter. C'est de voir comment tu es capable de gagner la bataille dans ta tête. Tu crées un esprit d'équipe à te se pousser en groupe », a justifié St-Louis.
Quelques joueurs ont souffert dans le lot dont Mike Hoffman alors que la foulée de Brendan Gallagher semblait plus longue.
Outre le conditionnement physique, l'entraîneur dirigera l'accent sur la culture à développer.
« Ce n'est rien d'extraordinaire, juste du gros bon sens pour moi. Dans n'importe quelle grosse organisation ou compagnie, quand tu veux avoir du succès à long terme, ça prend d'abord du respect. Le respect n'est pas donné, il se gagne. Ensuite, c'est d'être responsable de nos actions et décisions. Une autre chose importante à mes yeux, c'est l'enthousiasme. La culture part d'en haut alors si on demande quelque chose aux joueurs, il faut leur montrer l'exemple », a résumé St-Louis qui a hésité à préciser sa vision.