Savourez votre plaisir!
MONTRÉAL – Message aux partisans du Canadien : ne laissez pas les rabat-joies qui insisteront sur le fait que vos favoris ont battu une très mauvaise équipe de hockey, vendredi soir, à Chicago, minimiser votre plaisir.
Ou pis encore : l'étouffer!
Oui les Blackhawks sont mauvais. Mais avant de renverser (5-2) cette très mauvaise équipe, le Canadien a quand même dû effacer un recul de 0-2 avant d'enfiler cinq buts consécutifs pour la première fois cette saison. Ce qui n'est pas rien... même contre l'un des pires clubs de la Ligue.
Combler un recul de 0-2, le Canadien l'avait fait pas plus tard que la veille, au Minnesota, face au Wild qui, contrairement aux Hawks, forme une très bonne équipe de hockey. Il avait aussi comblé un recul d'un but plus tard dans le match pour finalement soutirer un point dans la défaite encaissée en prolongation.
Le Canadien est rendu à cinq reculs de deux buts comblés en 33 matchs. Quatre fois, ces remontées l'ont propulsé vers des victoires.
« On est là! »
Pourquoi insister sur cette statistique?
Parce qu'au United Center, vendredi soir, le Canadien aurait pu fermer les livres une fois en arrière 0-2 en tout début de période médiane.
Surtout que, comme l'a candidement reconnu Martin St-Louis après la victoire, son équipe aurait pu être dans une bien plus fâcheuse position après 20 minutes tant les Hawks ont raté des occasions en fin de premiers tiers. Il est impératif ici de souligner l'arrêt sensationnel de Cayden Primeau devant MacKenzie Entwistle et celui plus exceptionnel encore de Jayden Strubel qui s'est campé sur la ligne rouge à la place de son gardien étendu sur la glace devant lui pour voler Anthony Beauvillier. Deux autres beaux moments du Tricolore qui offrent aux partisans des raisons de célébrer.
Mais voilà! Le Canadien n'a pas abandonné. Comme il ne l'avait pas fait la veille au Minnesota. Comme il le fait beaucoup moins souvent cette année qu'il ne le faisait l'an dernier.
Un signe évident de progression.
« On est là! » a d'ailleurs insisté Martin St-Louis après la victoire. S'appuyant sur les solides performances relevées au fil des sept derniers matchs, l'entraîneur-chef du Canadien a tenu à souligner « la très belle évolution de son équipe », le fait que son club avait « pris un pas », que les joueurs étaient responsables de cette évolution parce qu'ils savent qu'ils sont capables de faire ce qui doit être fait pour gagner.
Bon! Ceux qui celles qui répliqueront qu'il est normal de voir un club être propulsé vers la victoire après avoir comblé un recul de deux buts, seront peut-être surpris d'apprendre ceci : le Canadien a gagné quatre fois et soutiré des points en perdant deux fois en tirs de barrage lors des sept matchs au cours desquels il a vu fondre des avances de deux buts jusqu'ici cette saison.
L'éclosion de Slafkovsky
D'autres statistiques confirment que le Canadien est loin de s'écraser devant les défis jusqu'ici cette saison.
Le Canadien a encaissé deux buts sans réplique dans 26 de ses 33 matchs. C'est beaucoup! On en conviendra tous.
Les mauvais débuts de match, trop d'attaques massives offertes aux adversaires, de piètres performances à court d'un homme, la jeunesse de la brigade défensive et l'absence de David Savard qui disputait seulement son 11e match vendredi soir, peuvent expliquer ces buts en cascade encaissés.
Le point le plus important à soulever, du moins à mes yeux, est que le Canadien a trouvé le moyen de gagner 11 de ces 26 parties et à soutirer au moins un point dans 15 d'entre-elles (11-11-4).
Inversement, le Canadien a gagné 14 des 20 matchs au cours desquels il a marqué deux buts consécutifs (14-2-2-2).
Une autre source de célébrations en cette période de réjouissance.
Je l'ai écrit plus haut : le Canadien a marqué cinq buts sans réplique pour la première fois de la saison vendredi soir. On va se le dire, ça n'arrive pas souvent. Il l'a fait deux fois la saison dernière : le 20 octobre lors de la visite des Coyotes, au Centre Bell, qu'il a battus 6-2, le 23 mars alors qu'il a transformé une avance de 3-2 en raclée de 8-2 infligée aux Blue Jackets de Columbus.
Pour marquer cinq fois de suite vendredi, le Canadien a pu compter sur Juraj Slafkovsky qui a récolté deux points (un but une passe) dans un deuxième match de suite et pour la troisième fois de la saison.
Slafkovsky a combiné ses efforts avec Nick Suzuki qui a lui aussi marqué une fois en plus d'ajouter un but. C'est son sixième match de deux points cette saison.
Juraj Slafkovsky est-il en train d'éclore sous nos yeux? On dirait oui! Comme l'a affirmé Martin St-Louis, Slafkovsky a les « habiletés pour compléter » Suzuki et Caufield.
Personne ne doutait des habiletés du tout premier choix de la cuvée 2021. Ce qui commençait à inquiéter, juste un peu, c'était le temps qu'il mettait à s'adapter au jeu de la LNH. Ça semble fait. Il semble vraiment avoir compris qu'en utilisant sa force et son physique le long des rampes, il peut orchestrer des attaques en zone ennemie. Qu'en utilisant son physique devant le filet, il peut marquer des buts. Peu importe la façon.
« J'en ai marqué un avec ma jambe hier, ce soir c'était le patin, lors des prochains matchs je pourrai en marquer de plus loin », que Slafkovsky a lancé après la victoire.
Plus que les mots utilisés, c'est l'enthousiasme du jeune joueur qui sautait aux yeux. Le « petit » gars est content. Le père Noël semble passé plus vite que prévu dans le casier de celui qui semble s'être établi à la droite du premier trio. Ce qui est très encourageant pour la suite des choses cette année.
Ce qui offrira des options à l'état-major l'an prochain alors que Martin St-Louis aura le choix de le garder à la droite de Suzuki ou de le replacer avec Kirby Dach comme il avait l'intention de le faire avant que la saison du centre soit anéantie par une blessure au genou.
Les séries comme le sucre à la crème
À l'avant-veille de Noël, le Canadien et ses partisans ont plusieurs bonnes et très bonnes raisons de célébrer. De savourer le plaisir de la victoire de vendredi, l'éclosion de Slafkovsky, les performances des trois gardiens qui font bon ménage du ménage à trois et surtout du fait que le Canadien, malgré sa jeunesse et ses faiblesses, ne lâchent jamais, ou pas souvent, comme le témoignent les statistiques.
Est-ce qu'il serait permis d'étirer les célébrations en rêvant aux séries éliminatoires?
Des séries qui semblent si près avec un recul de trois points seulement derrière les Hurricanes de la Caroline, mais si loin quand on laisse la raison prendre le dessus sur le cœur.
Rêver, ça ne coûte rien que je vous dirais.
Et comme la victoire de vendredi permettra de multiplier les conversations positives autour du sapin d'ici la reprise des activités le 28 décembre, en Caroline, je me permettrais d'ajouter que rêver aux séries en ce temps de réjouissance c'est comme piger trop souvent dans le plat de sucre à la crème.
Ça peut donner le vertige ou des petits maux de cœur, mais c'est de circonstance.
Alors, allez-y! Lâchez-vous « lousses » comme on dit! Savourez votre plaisir. C'est le bon temps de le faire.
Et si la réalité frappe le Canadien au retour des Fêtes? Les partisans auront plus de motifs de se mettre au régime. Ils pourront couper sur les calories... et sur leurs espoirs d'accéder aux séries.
D'ici là, un très joyeux Noël à vous tous... avec des pensées spéciales pour tous ceux et celles qui sont victimes des guerres, des grèves ou des contrecoups d'une économie de plus en plus étouffante. Surtout les enfants qui sont les grandes victimes innocentes de ces conflits et de cette économie qu'ils subissent sans même pouvoir les comprendre.
On reconnecte après le match du 28.
Bon Noël!