BROSSARD - Conscients plus que quiconque des fiers services rendus par Francis Bouillon à l’organisation du Canadien de Montréal, Michel Therrien et Marc Bergevin auraient aimé lui consentir un dernier contrat pour lui permettre de compléter sa carrière sur une belle note.

Cependant, les dirigeants du Tricolore gardent en tête leur plan d’évolution et ils ne peuvent pas ralentir la progression des jeunes défenseurs qui cognent à la porte de la LNH.

Ainsi, malgré un solide bagage de 776 parties régulières en 14 saisons dans le circuit Bettman et un dévouement inconstable à la cause du CH, Bouillon se retrouve dans une situation pour le moins particulière.

L’athlète, dont on ne pourrait guère deviner qu’il fêtera son 39e anniversaire le 17 octobre, s’est donc présenté au camp sans contrat en poche après avoir refusé une entente à deux volets et un essai avec d’autres formations de la LNH.

« C’est différent, mais j’aborde le tout sans m’imposer de pression. Je me dis que je possède un contrat et j’essaie de m’amuser surtout qu’ils savent ce que je peux procurer à l’équipe. Bien sûr, je veux faire ma place et c’est pour ça que je suis ici », a déclaré Bouillon qui s’est assuré d’attirer l’attention en comptant dès le premier match intra-équipe.

Son entraîneur, et allié de longue date, a admis que Bouillon vit un contexte souvent incontournable en fin de parcours.

« Comme ça arrive à certains joueurs à ce stade de leur carrière, Francis se retrouve dans cette situation. Par son attitude, on est convaincu qu’il se débrouillera bien. Il s’est encore présenté dans une forme resplendissante et on sait exactement à quoi s’attendre de lui ; on connaît tous son caractère », a évoqué Therrien.

Devant cette réalité, les dirigeants du CH s’attardent à épier le rendement de la relève en défense dont les Nathan Beaulieu, Jarred Tinordi, Greg Pateryn, Magnus Nygren et Darren Dietz.

« Nous allons voir comment se comporteront nos jeunes défenseurs et nous allons prendre une décision ensuite », a expliqué l’entraîneur.

Aux quatre coins du vestiaire, les fleurs lancées à l’endroit de Bouillon sont faciles à recueillir. Ses coéquipiers sont sensibles à sa cause et ils ne voudraient jamais porter les souliers de ceux qui auront à trancher.

« C’est un vétéran de longue date et il a toujours été à la hauteur quand il a joué. On sait aussi que les gens sont attachés à lui dans la communauté. C’est davantage que du sport parce que nous aimerions le ravoir avec nous pour son influence positive dans le vestiaire. Dans le fond, je suis simplement content de ne pas avoir à prendre les décisions finales », a mentionné P.K. Subban.

S’il ne remporte pas son pari d’avoir écouté son cœur en se rapportant au camp d’entraînement du Tricolore, Bouillon serait prêt à déménager dans une autre ville de la LNH.

« Je suis confiant dont parce que j’ai eu de bons pourparlers avec l’organisation. Si je n’y croyais pas, je ne serais pas ici. Je veux aussi me garder en forme si ça ne fonctionne pas ici. Je n’écarte pas l’idée de me joindre à une autre équipe qui aurait un besoin en défense », a-t-il précisé en expliquant pourquoi il avait refusé l’offre d’un contrat à deux volets soumise par le Canadien.

« J’ai refusé parce que ce n’est pas mon but de finir dans la Ligue américaine après un parcours de 14 ans dans la LNH », a révélé Bouillon qui pourrait aussi s’expatrier en Europe pour clore sa carrière.

Nathan BeaulieuBeaulieu semble en grande forme

Le sort de Bouillon sera vraisemblablement dicté le rendement des jeunes défenseurs qui aspirent à un poste régulier. Beaulieu a donné le ton avec une performance inspirée dès la première occasion sur la patinoire.

« Même si c’est très tôt dans le camp, Beaulieu patine vraiment bien et il semble très en confiance. J’ai entendu le même constat de d’autres personnes », a pointé Max Pacioretty.

Avec raison, Therrien se réjouit de l’émergence des jeunes défenseurs qui viendront appuyer les Subban, Andrei Markov, Alexei Emelin, Tom Gilbert, Mike Weaver et peut-être Bouillon.

« On veut les laisser jouer et ce sont leurs performances qui dicteront nos décisions. La chose la plus importante et la plus difficile concerne la constance. Ils peuvent s’illustrer pendant un ou deux matchs avant de connaître un creux. C’est là qu’on voit s’ils sont prêts ou non », a détaillé l’entraîneur.

En conclusion sur ce sujet, Therrien a mentionné qu’il ne voulait pas que le progrès d’un jeune soit ralenti par un rôle de septième défenseur relégué très souvent à la galerie de presse. Il faudra voir si cet argument favorisera Bouillon.