Seulement « 20 % » de chance que Michael Hage soit disponible au 21e rang, estimait Bobrov
Le dernier encan de la LNH était important pour les Canadiens de Montréal et les morceaux sont tombés aux bonnes places pour permettre à Kent Hughes et ses hommes de repêcher les deux joueurs qui étaient au sommet de la liste pour chacun de leurs choix.
L'état-major des Canadiens n'avait d'yeux que pour deux noms en première ronde : ceux d'Ivan Demidov et de Michael Hage. C'est ce qui a été permis d'apprendre jeudi soir, dans le documentaire annuel du Tricolore qui montre les coulisses des deux repêchages.
En fait, les Canadiens aimaient tellement Demidov et Hage qu'ils avaient des transactions en place pour les choix no 5 et 21 si leurs deux cibles n'étaient pas disponibles.
Revenons dans le temps. Le 28 juin dernier, jour de la première ronde du repêchage de la LNH, le Tricolore a conclu une transaction avec les Kings de Los Angeles en début d'après-midi pour grimper du 26e au 21e rang.
Sans même savoir qui allait être disponible.
Dans le documentaire partagé jeudi soir, on comprend rapidement pourquoi lorsque Martin Lapointe et Nick Bobrov, les dépisteurs en chef, expliquent les options qui s'offrent à Montréal dans une rencontre avec les recruteurs quelques jours plus tôt.
« Nous allons parler de nos options maintenant. Kent a beaucoup travaillé, nous avons la chance de grimper du choix no 26 à 21 », lance d'abord Lapointe.
Et il n'y avait alors qu'un nom dans la tête des membres du Tricolore : Michael Hage.
« La question n'est pas de savoir si on reste à 26, lance Bobrov. Elle est de savoir on monte à 21 pour avoir une chance pour Hage et avoir la chance de faire une autre transaction. Nous voulons Hage avec le choix no 21, mais nous avons peut-être 20 % de chance qu'il soit disponible », évalue Bobrov en discussion avec les recruteurs, visiblement avec un brin de pessimisme.
Hughes demande ensuite à tous ses recruteurs s'ils sont d'accord que Hage est devant les autres joueurs qui pourraient être disponibles dans le coin du rang no 21 et personne ne s'oppose à cette idée, preuve que Montréal avait Hage en très haute estime.
« Il peut tirer, il est un marqueur de buts et il peut patiner. Il a un bon physique à 6 pieds et 1 pouce », explique le directeur de l'évaluation des joueurs et recruteur amateur Billy Ryan.
Un peu plus tard dans le documentaire, le jour du repêchage, Hughes annonce au téléphone à un autre directeur général que « leur joueur » est toujours disponible au 21e rang et que les Canadiens vont sélectionner plutôt qu'échanger le choix.
« Quand tu arrives au repêchage, tu peux avoir tes listes et classer les joueurs où tu veux, mais il faut aussi que les choses tombent de la bonne manière et que les joueurs identifiés soient encore disponibles. Cette année, les choses sont tombées comme on voulait. On avait des échanges pour les deux choix si ce n'était pas le cas », explique Hughes à la fin du documentaire.
L'histoire touchante de Hage
Bon joueur de hockey, Hage a aussi fait les manchettes pour sa force de caractère puisque son père est décédé l'été dernier, tout juste avant la saison qui allait le mener au repêchage.
Fils d'un père de Montréal, Hage a souvent parlé ouvertement de cette dure épreuve. Il a d'ailleurs été questionné par le Dr. David Scott lors de son entretien avec les Canadiens, un segment diffusé dans le documentaire.
Scott lui dit d'abord qu'il peut refuser de répondre s'il n'est pas à l'aise, avant d'expliquer qu'un jeune de 9-10 ans de son quartier a vécu sensiblement la même tragédie que Hage.
« Tu es assis ici aujourd'hui… c'est incroyable ce que tu as fait. Je ne veux pas parler d'un secret, mais comment as-tu survécu? », questionne Scott.
« Personnellement, c'est difficile et on ne va jamais vraiment passer à autre chose, je ne pourrais pas oublier ce qu'il a fait pour moi, explique Hage. Il croyait en moi, en ce que je pouvais faire. Il a fait tellement pour moi, je veux utiliser cette motivation supplémentaire pour jouer comme s'il regardait. »
La force de caractère et le lien de Hage avec Montréal ont pesé dans la balance pour les Canadiens.
« Le père de ce garçon venait de Montréal. Il parle français et on me disait que sa mère allait s'effondrer s'il est repêché par Montréal. Ce sera très émotif », explique Hughes à Jeff Gorton à la table des Canadiens, quelques instants avant d'annoncer la sélection.