DENVER - Invités par la LNH à assister au deuxième match de la grande finale opposant l’Avalanche du Colorado au Lightning de Tampa Bay, Shane Wright, Cutter Gauthier, Matt Savoie et Conor Geekie ont pu rencontrer certaines de leurs idoles et partager la fébrilité qui les habite à trois semaines du repêchage qui changera leur vie.

 

Sans grande surprise, Shane Wright se voit déjà dans l’uniforme du Canadien, qui repêchera le premier lors de la séance qui débutera en soirée le 7 juillet au Centre Bell avant de se terminer le lendemain.

 

« J’ai eu de très bonnes rencontres avec l’état-major du Canadien. J’ai partagé un très bon repas avec les membres de la direction lors des évaluations qui se tenaient à Buffalo. Ils m’ont fait part de leurs plans visant à faire du Canadien un club gagnant et j’aimerais bien jouer un rôle dans cette reconstruction », que le joueur de centre des Frontenacs de Kingston a répété encore hier.

 

À noter que Wright, qui porte le numéro 51 avec les Frontenacs, pourrait être sélectionné par le Canadien 51 ans après le repêchage qui a permis à Guy Lafleur, décédé le 22 avril dernier, de venir relancer le Tricolore au début des années 1970.
 

Bien préparé par son équipe de gestion et affichant la maturité qui le caractérise, Wright assure du même souffle qu’il sera enchanté de mettre le cap vers la LNH, peu importe son rang de sélection et l’équipe qui décidera de miser sur lui.

 

« Tout est maintenant entre les mains du Canadien. Il est évident que j’aimerais être le premier joueur réclamé lors du prochain repêchage, car je crois avec les aptitudes pour justifier ce rang de sélection. Mais je serai heureux de me retrouver au New Jersey ou en Arizona », a ajouté Wright en parlant des Devils et des Coyotes qui parleront aux deuxième et troisième rangs... à moins de conclure une transaction.

 

Wright part légèrement favori dans un duel l’opposant au Slovaque Juraj Slafkovsky qui évolue avec le TPS Turku en Finlande et qui a fait tourner les têtes lors des derniers Jeux olympiques et au Championnat du monde. Un peu en retrait, l’Américain Logan Cooley, un centre qui évolue au sein du programme de développement des USA, complète le trio de tête.

 

Makar et Johnson : patience récompensée

 

Peu importe leur rang de sélection, Wright, Slafkovsky, Cooley, les trois autres jeunes invités à Denver en fin de semaine et la majorité de ceux qui seront réclamés dans quelques semaines tenteront d’atteindre la LNH le plus vite possible.

 

Les exemples offerts par les défenseurs Cale Makar et Jack Johnson de l’Avalanche démontrent toutefois qu’il peut être très bénéfique de prolonger son apprentissage dans les rangs juniors, collégiaux ou dans une ligue européenne comme c’est le cas avec le grand Slovaque.

 

Quatrième sélection du repêchage de 2017, Cale Makar était attendu à bras ouvert par l’Avalanche du Colorado qui tentait de relancer son organisation après une quatrième élimination consécutive des séries. Une septième en huit ans.

 

« Nous avions une place pour Cale au sein de notre brigade défensive, mais il a décidé de retarder son arrivée dans la LNH. Personnellement, je n’ai pas de position arrêtée sur le fait de retarder ou non l’entrée dans la LNH. C’est du cas par cas. Mais à mes yeux, un jeune joueur doit être en mesure d’aider ton équipe à gagner pour lui faire faire un saut rapide dans la LNH. Je ne crois pas qu’il soit bénéfique de le faire monter trop vite simplement pour lui faire goûter au hockey de la LNH », que l’entraîneur-chef Jared Bednar a indiqué samedi matin après l’entraînement de son équipe.

 

La décision de prolonger de deux ans son séjour dans les rangs universitaires a souri autant à Makar qu’à l’Avalanche. Fort d’un retour avec ses coéquipiers des Minutemen l’Université du Massachusetts et des deux saisons supplémentaires passées avec eux, Makar a littéralement pris la LNH d’assaut lorsqu’il a rejoint l’Avalanche à l’aube des séries au printemps 2019. Affichant l’aisance et surtout la confiance d’un vétéran, Makar a marqué un but et récolté six points dans les dix matchs disputés en séries.

 

La saison suivante, il a récolté 50 points (12 buts) en 57 parties et a reçu le trophée Calder à titre de recrue de l’année dans la LNH.

 

À trois victoires d’une première coupe Stanley, en lice pour mettre la main sur le trophée Conn-Smythe à titre de joueur le plus utile à son équipe en séries, finaliste – avec Victor Hedman du Lightning et Roman Josi des Predators – dans la course au trophée Norris, Cale Makar est aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs défenseurs de la LNH. Il complète, à la droite de son partenaire de travail Devon Toews, le meilleur duo d’arrières de tout le circuit.

 

Je vois invite d’ailleurs à lire une récente chronique consacrée aux deux défenseurs étoiles de l’Avalanche.

 

Une grande finale et un diplôme en prime

 

À l’image de Cale Makar, qui fait la barbe à tous les joueurs de sa cuvée qui sont arrivés dans la LNH avant lui, Jack Johnson a lui aussi retardé son arrivée dans la LNH. Il a tourné le dos aux Kings de Los Angeles qui l’avaient repêché au troisième rang de la cuvée 2005, tout juste derrière Sidney Crosby (Pittsburgh) et Bobby Ryan (Anaheim), deux rangs devant Carey Price sélectionné par le Canadien.

 

En conférence de presse samedi matin, Jack Johnson a indiqué que la décision de demeurer dans les rangs universitaires avait été très facile à prendre.

 

«Mon rêve comme jeune hockeyeur était de défendre les couleurs de l’Université du Michigan. Après une saison avec les Wolverines, je ne me voyais pas abandonner si vite ce rêve de jeunesse, d’autant plus que je ne me sentais pas prêt à évoluer dans la LNH», que Johnson a candidement admis.

 

C’est donc en 2007-2008, après deux années supplémentaires qui l’ont aidé à mieux se préparer au hockey de la LNH, que Johnson a rejoint les Kings.

 

Aujourd’hui âgé de 35 ans, Johnson complète la 15e saison d’une carrière tumultueuse au cours de laquelle il a dû déclarer faillite en 2014 après que ses parents eurent encouru des dettes de plus de 15 millions $ sur les 18 millions $ gagnés jusque-là par le défenseur. Après ses débuts avec les Kings, à Los Angeles, et des escales à Columbus, Pittsburgh et New York avec les Rangers, il goûte enfin aux plaisirs d’une présence en finale de la coupe Stanley avec l’Avalanche qui l’a amené au Colorado cette année.

 

« C’est aussi sensationnel que je l’imaginais », a-t-il fièrement témoigné samedi matin.

 

En plus de voir sa patience affichée avant son entrée dans la LNH et celle qui l’a aidé à traverser les épreuves qui ont marqué sa carrière être finalement récompensée sur la glace, Jack Johnson a aussi fait preuve d’une grande patience pour finalement obtenir son diplôme universitaire.

 

« Ça m’a pris 18 ans et après 18 ans d’université tu es normalement un médecin. Mais j’ai réussi », a indiqué le défenseur qui a suivi des cours à distance après des exclusions des séries ou des éliminations hâtives et aussi en profitant des pauses attribuables à la COVID.

 

« Il m’a fallu beaucoup de temps pour atteindre mon objectif, mais je suis maintenant un diplômé de la meilleure université publique aux États-Unis», que Johnson a claironné avec une fierté plus évidente encore que celle associée à sa présence en grande finale.

 

« Lorsque j’ai fait le saut dans la LNH, je m’étais donné comme objectif de terminer mes études. J’avais aussi fait la promesse à Red Berenson – il a passé les cinq premières années de sa carrière de 17 saisons dans la LNH avec le Canadien de Montréal – mon coach avec les Wolverines, que j’obtiendrais un jour mon diplôme. Il est la première personne que j’ai appelée quand je l’ai reçu », a conclu Johnson qui a trimé dur, surtout avec ses cours de mathématiques statistiques, pour obtenir un diplôme d’études générales.

 

Questionné par les journalistes sur la possibilité qu’il puisse bénéficier d’une année supplémentaire dans les rangs juniors à l’image de ce qu’on fait Cale Makar et Jack Johnson, Shane Wright est demeuré très neutre. « Il faudra voir les circonstances dans lesquelles je me retrouverai une fois repêché. On dit souvent que les défenseurs ont besoin de plus de temps que les attaquants pour se développer. On verra », que l’espoir qui pourrait se retrouver à Montréal dès l’an prochain a souligné.