Passer au contenu principal

RÉSULTATS

Juraj Slafkovsky : Montréal ou Laval?

Publié
Mise à jour

SOMMAIRE

MONTRÉAL – Il était clair que le débat s'imposerait à un moment ou un autre. La seule question en suspens était quand?
 

Après avoir admis, lundi, pouvoir mieux patiner et être meilleur qu'il ne venait de l'être face aux Devils du New Jersey dans le cadre de son premier match préparatoire en carrière dans la LNH, un match très honnête cela dit, Juraj Slafkovsky a connu un match plus difficile mercredi soir à Toronto.

 

Il n'en fallait pas plus pour mettre le feu aux poudres. Il n'en fallait pas plus pour soulever des questions sur la pertinence d'avoir sélectionné le Slovaque de 18 ans au tout premier rang du dernier repêchage.

 

Déjà? Après deux matchs... préparatoires?

 

Oui, déjà!

 

Sur les réseaux sociaux, sur les tribunes téléphoniques tant francophones qu'anglophones d'après-match, ça s'est mis à déferler.

 

Remarquez que s'il s'était illustré face aux Devils et qu'il l'avait fait encore aux dépens des Leafs qu'il a affrontés en raison du forfait d'un Jonathan Drouin grippé, c'est l'effervescence inverse qui se serait produite alors qu'on aurait identifié illico Slafkovsky comme candidat numéro un au trophée Calder.

 

Ce qui n'aurait pas été mieux, on va se le dire.

 

Pourquoi partir en peur si vite?

 

Pourquoi chercher à tirer une grande conclusion si vite?

 

Oui Slafkovsky a été LA vedette du dernier tournoi olympique aux JO de Beijing l'hiver dernier.

 

Oui Slafkovsky est gros, grand et fort.

 

Oui le Canadien l'a préféré à Shayne Wright qu'une majorité de partisans et bon nombre de spécialistes en matière de repêchage avaient identifié depuis longtemps comme le premier de classe de la cohorte 2022.

 

Mais Simonac!

 

Aussi impressionnant ait-il été aux derniers JO, et oui il l'a été, aussi gros, grand et fort qu'il puisse déjà l'être, Slafkovsky n'a que 18 ans. Et ce n'est qu'en mars prochain qu'il aura 19 ans.

 

Est-ce possible qu'après deux matchs, il soit un brin, ou deux, ou trois, trop tôt pour tirer quelque conclusion que ce soit sur un « petit gars » de 18 ans?

 

Vrai que les animateurs et plusieurs amateurs ont tenté de calmer le jeu. Mais quand même, le feu a été allumé. Et ce genre de feu ne s'éteint jamais complètement.

 

Retour en Europe écarté

 

Je sais : c'était écrit en grosses lettres dans le ciel que la passion prendrait vite le dessus sur la raison dès les premières analyses suivant les premiers coups de patin.

 

C'est pour cette raison que je me demandais dès l'été dernier s'il ne valait pas mieux garder Slafkovsky en Europe une année de plus pour justement éviter ces jugements hâtifs, voire prématurés.

 

Le genre de décision qui aurait sans l'ombre d'un doute été salutaire dans le cas de Jesperi Kotkaniemi.

 

Directeur général du Canadien et toujours très heureux d'avoir « surpris » les amateurs du Tricolore réunis au Centre Bell avec la toute première sélection du dernier repêchage, Kent Hughes m'a indiqué, hier soir, pendant la rencontre qu'il était hors de question de renvoyer Juraj Slafkovsky en Europe.

 

C'est donc à Montréal, avec le Canadien, ou à Laval, avec le Rocket, que le jeune Slovaque disputera sa première saison au sein de l'organisation.

 

Je comprends très bien le désir du Canadien de vouloir garder Slafkovsky tout près afin de pouvoir l'avoir à l'œil et de bien contrôler son développement. Le mot développement est d'ailleurs le plus important à associer au nom de Slafkovsky pour les prochaines semaines. Pour les prochains mois. Peut-être même pour une année ou deux...

 

Mais cette décision obligera Kent Hughes et le nouvel état-major du Canadien à demeurer stoïques face aux appels des médias et des partisans qui n'ont pas toujours la patience requise pour donner au développement le temps dont il a besoin pour faire son œuvre.

 

Comme l'a déjà merveilleusement illustré Clément Jodoin – un homme de hockey sensationnel qui a toujours apporté un soin jaloux au développement des jeunes joueurs et que je salue en passant où qu'il soit sur la planète hockey – ce n'est pas dans un four micro-ondes qu'on développe un joueur de hockey. Ça prend du temps!

 

Combien de temps? Le temps nécessaire!

 

Mélange de courage et de patience

 

Juraj Slafkovsky n'a pas disputé un bon match mercredi soir à Toronto.

 

C'est un fait.

 

Je vous lance tout de suite qu'il connaîtra d'autres matchs difficiles au fil des prochaines rencontres : qu'elles soient préparatoires ou de saison régulière.

 

Il en disputera aussi des bons.

 

Et c'est au fil de ces bons matchs et aussi des mauvaises sorties qu'il connaîtra que Slafkovsky, comme tous les autres jeunes de l'organisation du Tricolore et des 31 autres organisations, finira par démontrer sa valeur comme joueur de hockey.

 

Pour le moment, on ne sait pas. On ne sait rien.

 

En évoluant en Europe, Slafkovsky, tout comme l'état-major du Canadien, aurait évité les jugements hâtifs. Ils auraient échappé à l'exaltation collective suite à une séquence flamboyante de quelques matchs et aux critiques lapidaires après une disette de quelques rencontres.

 

À Montréal, ou à Laval, ils n'y échapperont pas.

 

Kent Hughes répète depuis son arrivée qu'il prendra tous les moyens à sa disposition pour bien développer ses jeunes joueurs. Qu'il maximisera la proximité du club-école pour donner aux jeunes qui en auront besoin l'occasion d'apprendre avec le Rocket ce qu'ils ont besoin d'apprendre pour non seulement atteindre la LNH, mais y demeurer.

 

J'espère qu'on donnera cette chance à Slafkovsky. Et qu'on lui donnera le temps nécessaire pour maximiser son apprentissage et regarder à long terme au lieu de sombrer dans une gestion à courte vue qui mène souvent droit dans le mur au lieu de mener aux grands honneurs.

 

J'espère que l'état-major aura la patience de donner une saison complète à Laval à Slafkovsky si c'est d'une saison complète dont il a besoin pour comprendre ce qu'il a besoin de faire pour faire un jour honneur à son titre de premier de classe en 2022.

 

Que l'état-major aura le courage de le garder à Laval si c'est bien là qu'il doit jouer malgré les appels des amateurs et des médias qui voudront le voir avec le grand club. Ou pire, qui ne verront que du négatif dans le fait que le tout premier choix soit incapable de faire le saut dans la grande ligue à... 18 ans!

 

Et ce qui est vrai pour Slafkovsky l'est pour tous les autres jeunes.

 

Encore de vétérans à vendre!

 

À l'aube d'une saison qui amorce la reconstruction du Canadien – n'ayons pas peur des mots – vrai qu'il faudra évaluer les jeunes. Mais il faudra aussi les développer. Et surtout, bien les développer.

 

Les membres de l'équipe de développement du CH feront d'ailleurs le point, avant le match face à Pierre-Luc Dubois et les Jets qui seront de passage au Centre Bell jeudi soir, sur leurs objectifs et les moyens qu'ils entendent prendre pour les atteindre.

 

Le bon développement des jeunes joueurs ne passe pas seulement par ce qu'ils feront avec le grand club. Il passe par tout ce qu'ils pourront apprendre et peaufiner, peu importe l'endroit où ils joueront : dans les rangs juniors, dans la Ligue américaine et aussi sans doute en côtoyant de temps en temps les coéquipiers du grand club.

 

Mais à l'aube d'une année de reconstruction, il n'est pas nécessaire de « donner » tout de suite le club aux jeunes et de les laisser aller.

 

Des gars comme Jonathan Drouin, Sean Monahan, Evgeni Dadonov écoulent la dernière année de leur contrat. Ils ont tout intérêt à connaître une bonne saison afin de maximiser leurs chances d'obtenir des offres de contrat en vue des saisons prochaines. Que ce soit à Montréal ou ailleurs.

 

Ce qui vrai pour ces joueurs potentiellement autonomes l'est aussi pour des Mike Hoffman et autres vétérans qui voudraient peut-être changer d'air et éviter de traverser l'ensemble de la reconstruction.

 

En donnant la chance aux jeunes de se développer à Laval et en misant sur la soif de survie de certains vétérans, Kent Hughes pourra faire d'une pierre deux coups :

 

Il donnera la chance aux « développeurs » de développer et permettra à quelques vétérans de connaître une saison intéressante et des résultats qui pourraient permettre d'orchestrer des transactions avant la date limite des transactions le 3 mars prochain.

 

Ces ventes potentielles donneront d'autres outils à Hughes dans le cadre de sa reconstruction.

 

Mais pour que tout ça fonctionne, il faudra que les partisans et les médias affichent un brin plus de patience que certains en affichaient mercredi soir après le deuxième match en carrière de Juraj Slafkovsky.

 

Deux matchs préparatoires...

 

Simonac!