Depuis le temps qu’ils les attendaient, Michel Therrien et les partisans du Canadien ont finalement renoué avec David Desharnais et Max Pacioretty. Ils ont finalement renoué avec une attaque qui se faisait bien trop discrète depuis bien trop longtemps.

Grande vedette de cette soirée retrouvaille, le duo Desharnais-Pacioretty a été étincelant. Percutant.

Contrôlant habilement la rondelle au lieu de jongler nerveusement avec elle comme s’il s’agissait d’une grenade dégoupillée, David Desharnais a fait ce qu’il fait de mieux sur une patinoire. Il a orchestré des attaques, il a distribué de belles passes, il a multiplié les belles occasions de marquer.

En fonçant au filet au lieu de rester le long des bandes, Max Pacioretty s’est donné la chance de faire ce qu’il fait de mieux lorsqu’il est sur une patinoire. Marquer des buts.

Limité à deux buts à ses 12 premiers matchs de l’année, Pacioretty en a marqué trois hier. Avec un peu de chance, il en aurait ajouté un. Peut-être deux.

Pourquoi a-t-il débloqué ainsi?

Parce qu’il est pas mal plus facile de faire dévier une rondelle avec son patin ou la lame de son bâton à l’embouchure du but plutôt que les fesses appuyées sur les bandes. Parce qu’il est pas mal plus facile de déjouer un gardien adverse en décochant un puissant tir d’une quinzaine de pieds qu’en tirant de 30, 35, voire 40 pieds.

Desharnais et Pacioretty doivent recevoir tout le mérite qui leur revient. Et leurs retrouvailles célébrées avec faste mardi soir devraient apaiser les critiques qui les secouaient depuis le début de la saison.

Pour combien de temps?

Desharnais et Pacioretty ont le plein contrôle sur la durée de cette accalmie. S’ils jouent tous les soirs, ou au moins deux matchs sur trois, comme ils l’ont fait hier, il sera bien difficile de les critiquer.

L’effet Gallagher

Il serait toutefois très injuste et encore plus malhonnête de ne pas partager la responsabilité de ce réveil tant attendu avec leur nouveau compagnon de trio Brendan Gallagher.

Avec la fougue qui le caractérise, Gallagher a été au centre de toutes les poussées qui ont mené aux trois buts de Pacioretty. Officiellement, il n’a récolté qu’une passe. Mais si le travail qu’il a accompli pour préparer ces buts n’a pas toujours été récompensé en point, il l’a été dans les accolades offertes par ses nouveaux compagnons de trio.

« Gallagher nous a rejoints et tout s’est mis à fonctionner », a lancé Max Pacioretty après la rencontre.

Dans son point de presse, Michel Therrien s’est bien gardé d’imputer uniquement à Gallagher l’éveil tant attendu du duo Desharnais-Pacioretty.

On comprend la prudence du coach.

Mais dans les faits, sa décision de muter le jeune et fougueux attaquant a été récompensée par 100. Bon! Pas par 100. Mais par les trois buts de Pacioretty, par les trois autres de son équipe et surtout par la victoire.

Therrien a donné le coup de barre qu’il se devait de donner en réveillant ses joueurs avec les permutations de trios effectuées lundi.

Ses joueurs ont bien réagi, car les quatre trios ont contribué autant en attaque qu’en défensive.

Brière remplace Bourque

En plus des changements prévus, Michel Therrien a été contraint d’en ajouter un de dernière minute alors que Rene Bourque a déclaré forfait en raison d’une blessure au bas du corps.

Si j’étais amateur de complot, je vous suggérerais que Bourque n’est pas vraiment blessé. Et qu’après des rencontres et des réflexions, Michel Therrien a décidé d’offrir à Daniel Brière les mêmes chances de secouer sa guigne qu’il a offertes à Desharnais et Pacioretty en les confiant aux bons soins de Brendan Gallagher.

Mais peu importe qu’il fût blessé au non, Bourque a rendu de meilleurs services au Canadien en restant loin de la glace qu’en y posant les patins.

Car au lieu de perdre son temps au sein du quatrième trio, Daniel Brière a complété un bon trio en compagnie de Tomas Plekanec et Brian Gionta.

Loin de recevoir la reconnaissance publique qu’ils méritent, Plekanec et Gionta sont des joueurs d’expérience qui travaillent bien sur la patinoire. Flanqués de Brière, ils ont connu un solide match. Comme le reste de l’équipe.

Et bien que j’aimerais beaucoup revoir Michaël Bournival avec Plekanec et Gionta, Daniel Brière offre une alternative intéressante à l’entraîneur-chef du Canadien.

« Je vais jouer au sein du trio et à la position qui plaira à Michel », s’est contenté de dire Daniel Brière après le match.

On comprend l’attitude de Brière. Non seulement est-il un vétéran ayant acquis de la sagesse, mais il est le premier à admettre que ses performances jusqu’ici cette saison ne sont pas à la hauteur des attentes et du contrat qu’il a obtenu l’été dernier.

Cela dit, c’est bien plus avec Plekanec et Gionta qu’au sein du quatrième trio que Brière répondra aux attentes.

Notez toutefois que le quatrième trio envoyé dans la mêlée hier a eu droit de à de très bons mots. Non seulement Michaël Bournival a marqué, mais le Québécois avec Ryan White et Travis Moen ont abattu du solide travail.

Eller et Galchenyuk?

Bien sûr que l’absence de Gallagher s’est fait sentir. Mais Brandon Prust leur a offert un appui digne de mention.

Tout ça pour dire que les colporteurs de mauvaises nouvelles, ceux qui assuraient que la décision de scinder le seul trio qui produisait allait miner toutes les chances de victoire du Tricolore se sont trompés.

Royalement!

Du moins pour le match de mardi. On verra si le match de vendredi leur donnera raison.

Car après une victoire aussi convaincante – vous pouvez aussi dire surprenante – que celle acquise aux dépens du Wild, je ne vois pas comment Michel Therrien pourrait songer ne serait-ce qu’une seule seconde à apporter quelques changements que ce soit à sa formation.

Le Wild méconnaissable

La soirée retrouvailles du Canadien a fait du bien à tout le monde : aux joueurs, à Michel Therrien et ses adjoints, à son patron Marc Bergevin, aux partisans.

Elle a permis de soulager tous les joueurs qui, malgré des efforts notables sur la patinoire, n’arrivaient plus à produire.

Le soulagement était d’ailleurs évident sur les visages des Desharnais, Brière et Pacioretty pour ne nommer que ceux-là.

Car après deux matchs potables au terme desquels les efforts n’avaient pas été récompensés, plusieurs joueurs à la confiance étiolée menaçaient de s’effondrer.

Et vous savez quoi?

En première période, alors que Desharnais, Pacioretty, Markov, Diaz et je ne me souviens plus qui ont gaspillé des chances en or, le Canadien aurait pu piquer du nez.

Surtout que le Wild du Minnesota, débarqué à Montréal à titre d’équipe de l’heure dans la LNH avec sa séquence de 10-1-0-1 à ses 12 derniers matchs, représentait un adversaire redoutable contre qui il ne fallait pas gaspiller autant de cartouches.

Sans oublier le gardien Josh Harding (12-2-2) qui affichait les statistiques les plus solides de tous les gardiens numéro un de la LNH depuis le début de la saison (1,25 but alloué par partie, 94,6 % d’efficacité).

Pas surprenant que le Centre Bell était paralysé par la crainte de voir le Wild faire chèrement payer au Canadien les occasions gaspillées en première.

C’est toutefois l’inverse qui s’est produit.

Doit-on imputer à l’inertie du Wild ou au travail du Canadien l’explosion de six buts marqués en un peu plus de 25 minutes, dont trois aux dépens de l’un des meilleurs gardiens de la LNH sur 10 tirs seulement?

Un peu des deux.

Mais hier, ce n’est pas le comment qui comptait, c’était le combien.

Michel Therrien doit maintenant s’assurer de bien faire comprendre comment ces six buts ô combien nécessaires et bénéfiques ont été marqués mardi s’il veut mettre toutes les chances de son côté pour les deux autres matchs difficiles qui attendent son équipe vendredi à Washington, et le lendemain, au Centre Bell, contre Sidney Crosby et les Penguins de Pittsburgh.

Le match en chiffres

3 : P.K. Subban a enregistré mardi un différentiel de plus-3 pour la deuxième fois cette saison, égalant ainsi un sommet personnel. Subban a connu un match de moins-3…

3 : Les gardiens du Wild ont accordé trois buts chacun dans leur revers encaissé aux mains du Canadien. Josh Harding en a accordé trois en 19 tirs, Darcy Kuemper, trois en 9…

4 : C’était la première fois cette saison que le Canadien s’offrait une avance de quatre buts dans un match…

5 : C’était la première fois mardi que le Canadien enfilait cinq buts sans riposte depuis le 2 février dernier, au Centre Bell, dans le cadre d’une victoire de 6-1 aux dépens des Sabres de Buffalo…

6 : C’était la première fois que le Canadien marquait six buts dans un même match au Centre Bell depuis le 2 mars dernier alors qu’il avait encaissé un revers de 7-6 en prolongation aux mains des Penguins de Pittsburgh…

10 : Max Pacioretty a marqué ses trois buts sur les 10 tirs obtenus au cours de la rencontre, deux de plus que son plus haut total jusqu’ici cette saison. Je ne suis pas convaincu, mais je crois qu’il s’agit d’un record personnel…

23:48 : Même s’il a récolté deux passes et complété le match avec un différentiel de plus-3, P.K. Subban n’a passé que 23:48 sur la patinoire face au Wild. La victoire apaisant les critiques, personne n’a dénoncé l’utilisation trop timide du meilleur défenseur du Canadien…

5-5 : Alexei Emelin a dominé le Canadien avec cinq tirs bloqués et cinq mises en échec. Tout ça en jouant à la droite du numéro 55…

Le Canadien s’entraîne à 11 h 30 mercredi à Brossard…