Pendant deux périodes, contre la meilleure équipe de la LNH, le Canadien jouait comme il devait le faire pour se donner une chance de gagner et aussi, et surtout, pour éviter de se faire déclasser.

 

Et puis… il y a eu la troisième.

 

Une troisième période au cours de laquelle le Canadien a craqué comme l’a candidement reconnu l’entraîneur-chef du Canadien Claude Julien.

 

Trois buts encaissés sans riposte. Une mitraille de 17 tirs sur Carey Price contre quatre seulement sur la cage défendue par Andrei Vasilevskiy. Et encore, C’était 14-1 lorsque le Canadien qui était non seulement débordé, mais semblait en plus complètement étourdi et désorganisé a obtenu son deuxième.

 

Au cours de cette période, qui a couronné une victoire de 3-0, le Lightning a démontré pourquoi il trônait tout en haut du classement général et pourquoi il devait, à juste titre, être considéré largement favori pour représenter l’Est en finale de la coupe Stanley et avoir de bonnes chances de soulever la coupe Stanley.

 

Au cours de cette même période, le Canadien a démontré qu’il est encore en phase de transition. Il a démontré qu’il est une bonne équipe à qui il manque encore des munitions en matière de talent, d’expérience, de confiance et de conviction pour grimper son niveau de jeu lorsque la situation l’exige afin de non seulement faire bonne figure face aux meilleures équipes de la LNH, mais trouver le moyen de les battre.

 

Oui le Canadien a mal paru en troisième période. Il a même très mal paru alors que Tampa Bay lui a fait chèrement payé une pénalité et plus chèrement encore les bévues qui ont ouvert la porte aux trois buts enfilés aux dépens d’un Carey Price aussi médusé que ses coéquipiers par la vitesse et la qualité de l’exécution du Lightning.

 

Phillip Danault étant le seul centre du Canadien capable de s’imposer aux cercles des mises en jeu, c’était le dernier joueur qui devait se retrouver au cachot pendant une attaque massive du Lightning.

 

Pas surprenant que Tampa ait marqué.

 

Jonathan Drouin s’est rendu coupable d’un revirement en sortie de zone, revirement qui, combinée à un vilain changement au banc du Tricolore a permis au Lightning de doubler l’avance aussitôt après. Une erreur que l’entraîneur-chef a refusé de passer sous silence : « Quand Jonathan ne patine pas et qu’il tente de forcer des jeux, ça nous coûte des buts. Il a fait la même chose à Nashville l’autre soir (jeudi) et ce sont des choses qu’il doit corriger », a clairement souligné Claude Julien.

 

Deux buts refusés

 

Avant de voir Tampa ouvrir la machine et les faire mal paraître, les joueurs du Canadien ont célébré le temps d’un instant ce qui semblait être le premier but du match.

 

La qualité du jeu effectué dans le coin de la patinoire par Brendan Gallagher pour mystifier Mikhail Sergachev et Ryan McDonagh avant de servir une passe parfaite à Brett Kulak qui n’avait qu’à tirer dans une cage déserte valait à elle seule de belles célébrations.

 

Mais parce que Jesperi Kotkaniemi était hors-jeu sur la séquence qui a mené au but, Jon Cooper a logé une contestation qui a été rapidement confirmée par les officiels.

 

Est-ce que cette contestation a fait mal au Canadien? C’est bien sûr évident.

 

Comme il est tout aussi évident que cette contestation et surtout la décision qu’elle a entraînée a soulevé l’ire de plusieurs partisans du Canadien qui se sont mis à crier à l’injustice.

 

Un instant!

 

La reprise a clairement démontré que Kotkaniemi était hors-jeu. La décision juste a donc été rendue. Il y a deux semaines, contre New Jersey, la contestation du Canadien dans une situation similaire a entraîné le refus d’un but des Devils. On a alors souligné la vigilance des adjoints de Claude Julien qui l’ont incité, avec raison, de contester le but.

 

Si c’était bon pour le Canadien, pourquoi diable ce ne le serait pas contre le Canadien aussi?

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Parce qu’il s’est écoulé 10, 15, 20 secondes entre le hors-jeu non signalé et le but? Comme quoi le hors-jeu n’avait plus rien à voir dans le jeu?

 

Soyons sérieux deux secondes. Si le hors-jeu a été raté et que la reprise le confirme, tout ce qui se passe ensuite doit être effacé. C’est tout à fait normal.

 

Et ce n’est plus vrai que les coachs décident de contester un but pour hors-jeu simplement pour tenter leur chance de gagner. Ils ont maintenant trop à perdre en prenant un tel risque. Car non seulement le but est accordé, mais ils écopent en plus une pénalité de banc pour avoir retardé la rencontre.

 

Vous direz qu’avec la qualité de l’attaque massive du Canadien, Jon Cooper n’avait pas grand-chose à craindre. Et c’est un brin vrai. Mais la reprise a démontré qu’il y avait hors-jeu et que le but ne pouvait être accordé.

 

Tout comme il était normal et justifié que le premier troisième but du Lightning soit refusé après révision également. À vitesse réelle, il est difficile de voir Tyler Johnson toucher le manche du bâton de Carey Price. Mais la reprise le démontre clairement. Ce faisant, Johnson a empêché Price d’effectuer un mouvement qui aurait pu lui permettre d’effectuer l’arrêt. Aurait-il été battu quand même? On ne le saura jamais. Ce que la reprise démontre, c’est qu’il a été gêné dans son travail et la décision de refuser le but, là encore, était la bonne.

 

Attention aux réactions exagérées

 

Le Lightning a mystifié le Canadien en troisième. C’est clair. Mais attention: il ne faudrait pas utiliser cette troisième période comme un bélier mécanique et détruire tout le travail de construction que le Canadien a abattu depuis le début de la saison.

 

Ce serait non seulement injuste. Ce serait aussi injustifié.

 

Les Flames de Calgary sont une des puissances de la LNH cette année. Ils comptent sur une offensive redoutable et des défenseurs qui collectivement offrent des performances sensationnelles cette saison.

 

Eh bien ces Flames ont été déclassés 6-3 par le Lightning pas plus tard que mardi. Jeudi soir, c’était au tour des Stars de Dallas d’être foudroyés par le Lightning qui les a blanchis 6-0.

 

Dans les quatre victoires enfilées avant l’affrontement du Canadien, le Lightning a battu tour à tour les Penguins, les Panthers, les Flames et les Stars. Il a marqué 22 buts et en a accordé huit seulement.

 

Oui le Lightning s’est fait battre ici et là. Mais cette équipe a perdu deux fois de suite en temps réglementaire une seule fois cette saison. UNE! Et il faut remonter au 10 et 13 novembre pour relever ces deux « affreuses » défaites. Surtout qu’elles ont été encaissées aux mains des Sénateurs d’Ottawa et des Sabres de Buffalo. Pas vraiment des puissances de la LNH.

 

Tout ça pour dire que la gifle encaissée en troisième période samedi ne devrait pas assommer le Canadien. Du moins je l’espère. Et encore moins ses partisans.

 

Certains diront que la défaite de samedi démontre que le Canadien doit faire l’acquisition de renfort d’ici la date limite des transactions pour mousser ses chances d’accéder aux séries et mousser, du moins un peu, ses chances de succès une fois en séries.

 

À mes yeux, le revers encaissé samedi devrait entraîner la réaction inverse. Car cette défaite démontre que le Canadien, au-delà tout ce qu’il a fait de bien, de bon et de beau depuis le début de la saison, demeure un club qui est en transition.

 

Et un club qui est en transition ne doit pas hypothéquer son avenir – que ce soit au sein de sa banque de choix au repêchage ou de jeunes joueurs en développement – pour mettre la main sur un ou des joueurs de location qui amélioreront peut-être l’équipe à court terme sans rien apporter à long terme.

 

C’est pour cette raison que je maintiens ma position : si Marc Bergevin peut mettre la main sur un joueur de premier plan qui sera capable de faire du Canadien une meilleure équipe dès maintenant, mais surtout pour les deux, trois, cinq prochaines années, oui il doit payer le prix réclamé pour acquérir un tel joueur. Surtout s’il s’agit d’un défenseur gaucher.

 

Mais si les demandes sont exagérées et que le retour sur l’investissement se limite à la durée de vie d’un feu de Bengale, il doit résister au chant des sirènes et imiter Ulysse qui a demandé à ses soldats de l’attacher plus serré encore au mât de son navire alors qu’il réclamait d’être libéré de ses liens pour sauter par-dessus bord.

 

Bergevin doit penser aux séries 2020, 2021 et 2022 bien plus qu’à celles de 2019. C’est pour cette raison que j’espère qu’il demandera à ses adjoints de l’attacher bien serré sur sa chaise si ses homologues tentent de l’attirer avec des propositions trop belles pour être vraies...

 

En plein ce qu’ils auraient dû faire lorsque le Canadien s’est intéressé à David Schlemko, mais qu’ils n’ont malheureusement pas fait!

 

Contre Tampa samedi, comme lors des trois parties précédentes face à Nashville, Toronto et Winnipeg, le Canadien devait, peu importe l’issue des rencontres, nous prouver qu’il pouvait rivaliser avec des clubs meilleurs que lui.

 

Il l’a fait pendant trois matchs et deux périodes. Ce n’est pas mal.

 

Dimanche, dans le Sud de la Floride, la manière de jouer contre les Panthers ne comptera pas. Pas du tout même. Car contre la Floride, un club exclu des séries, le Canadien n’a rien à prouver. Il doit tout simplement gagner.

 

Car si les deux points à l’enjeu à Tampa, comme les deux autres à l’enjeu à Nashville jeudi, étaient des points bonis que le Tricolore n’a pas été mesure de mettre en banque, les deux à l’enjeu contre les Panthers sont plus que jamais nécessaires pour se maintenir en séries.

 

Ce qui est loin d’être acquis.

 

En bref

 

  • Jonathan Drouin a été critiqué par son entraîneur-chef Claude Julien avec raison. Il n’est toutefois pas le seul coupable dans la défaite aux mains du Lightning. Le quatrième trio dont on a tant parlé avec les acquisitions de Dale Weise et Nate Thompson a été encore bien discret samedi. Trop même. Idem pour le trio de Kotkaniemi qui est souvent invisible sur la route. Les menaces offensives ont surtout été le fruit du travail de Tomas Tatar avec Max Domi et Andrew Shaw. Avec 10 tirs tentés et quatre qui ont touché la cible – sans oublier le jeu qui a mené au but refusé au Canadien – Brendan Gallagher a bien tenté de générer de l’attaque, mais son trio a manqué de fini...

 

  • Avec un but et une passe, Nikita Kucherov a consolidé sa première place au sommet des marqueurs de la LNH avec 94 points, dont 27 buts. Mieux encore, les deux passes de Steven Stamkos permettent au Lightning de déjà compter sur trois marqueurs de 70 points et plus – Kucherov en revendique 94, Brayden Point 75, dont 35 buts, et Stamkos 71 dont 32 buts – après seulement 59 parties cette saison...

 

  • Victor Hedman ne soulèvera sans doute pas le trophée Norris encore cette année. Un honneur qui devrait aller à Mark Giordano des Flames, Morgan Rielly, des Leafs, ou Brent Burns des Sharks. Mais le grand défenseur du Lightning est toujours le plus complet à mes yeux dans toute la LNH. Joueur le plus utilisé des deux camps samedi (25 présences totalisant 24 :13) Hedman a impressionné par son calme, son talent et son efficacité dans toutes les situations de jeu...

 

  • Aussi bon Hedman a été, il est important de souligner la qualité du travail du défenseur Erik Cernak. Acquis dans le cadre de la transaction qui a envoyé Ben Bishop à Los Angeles en retour de Peter Budaj – des choix au repêchage ont aussi été échangés – le défenseur slovaque qui aurait 22 ans le printemps prochain a obtenu sept tirs sur Carey Price en plus de se signaler dans la qualité d’ensemble de son jeu...