Tailler sa place au plus haut niveau est un exploit beaucoup plus compliqué qu’il n’y paraît, fait d’armes qu’est en train de réaliser avec brio Nick Suzuki avec le Canadien de Montréal.

Âgé d’à peine 20 ans, Suzuki ne cesse de s’améliorer et sa courbe de progression est plus qu’encourageante.  Depuis le 26 octobre 2019, le numéro 14 de la Sainte-Flanelle a amassé trois buts et six passes en 10 parties. À la lumière des statistiques avancées, cette production offensive n’est en rien le fruit du hasard et il faut s’attendre à ce qu’elle s’inscrive dans la durée.

La principale force de Nick Suzuki est sa vision du jeu et c’est précisément son intelligence qui lui permet de connaître du succès dans le circuit Bettman. Après seulement trois semaines d’adaptation, Suzuki a su décoder les actions qui lui permettront de percer dans la LNH. Il a depuis réussi à mettre en œuvre ses observations, et ce pour le plus grand bonheur des partisans du Tricolore.

À l’attaque, Nick Suzuki a franchi un palier important qui lui permet désormais de laisser parler librement son talent sur la patinoire : ne plus craindre de faire des erreurs.

Tableau SuzukiDepuis le 26 octobre 2019, pour chaque période de temps de glace de 20 minutes, Nick Suzuki est en possession du disque pendant 18 secondes supplémentaires, ce qui s’avère une différence colossale.

Une autre donnée probante à cet égard est le nombre de feintes réalisées par Suzuki, depuis cette même date, ce nombre ayant plus que doublé.

Évidemment, lorsqu’un hockeyeur aussi doué que Suzuki se trouve en possession du disque, cela crée automatiquement de l’offensive. Il en résulte que pour un même temps d’utilisation, le nombre de jeux générant des chances de marquer de Suzuki est en hausse de 62,5% lors des 10 dernières rencontres. C’est pourquoi il ne faut pas se surprendre de la récente récolte offensive fructueuse de la recrue.

Se trouvant plus régulièrement en possession du disque, Suzuki fonce au filet, ce qui lui permet de décocher un volume intéressant de tirs depuis l’enclave et d’alimenter ses coéquipiers dans la zone payante.

C’est surtout en cadrant ses lancers depuis le bas de l’enclave que Nick Suzuki parvient à noircir la feuille de pointage cette saison, quatre de ses cinq filets ayant pour origine cet emplacement. Or, depuis le 26 octobre 2019, son nombre de tirs provenant du bas de l’enclave a plus que doublé pour un même temps d’utilisation.

Paradoxalement, lors des 10 premières parties du calendrier régulier, Suzuki fut l’attaquant du CH cadrant le moins régulièrement un tir depuis le bas de l’enclave pour un même temps de glace.

Ainsi, il semble que Suzuki ait décortiqué les manœuvres des professionnels qui l’entouraient, lors de ses premières semaines dans la LNH, pour comprendre que c’était en lançant depuis la zone payante qu’il était véritablement possible de déjouer les gardiens adverses avec régularité, ce qui témoigne de sa grande intelligence.

Un joueur doté d’une excellente vision ne se contente pas d’effectuer les meilleurs choix lorsqu’il est sur la patinoire, il analyse également minutieusement les faits et gestes de ses confrères, à la recherche incessante de détails pour améliorer son rendement. Visiblement, c’est un exercice auquel s’est soumis Suzuki.

Le numéro 14 du Canadien ne brille pas seulement au moment de générer de l’offensive lorsqu’il est en possession du disque.

Nick Suzuki orchestre un bon nombre de sorties de zone, ce qui en fait un élément important du jeu de transition du Tricolore. Suzuki n’est pas l’attaquant réalisant le plus de jeux défensifs ou récupérant le plus de rondelles libres, mais il demeure bas dans son territoire, se présentant à titre d’option de passe pour le joueur ayant réalisé ces manœuvres. À ce moment, le coéquipier de Suzuki n’a qu’à lui remettre la rondelle et le numéro 14 s’occupe d’organiser la sortie de zone.

Parallèlement, depuis le 26 octobre 2019, Suzuki est parvenu à réduire son taux de revirements, et ce même s’il se trouve davantage en possession du disque, ce qui démontre que Suzuki est consciencieux des répercussions de potentielles bévues. D’ailleurs, une mauvaise passe de la recrue fut directement à l’origine de l’un des buts des Devils, ce samedi, mais tout jeune joueur finit éventuellement par commettre des revirements.

Tableau SuzukiNick Suzuki ne craint pas non plus de s’imposer physiquement, étant le troisième attaquant du CH réalisant le plus grand nombre de mises en échec séparant le porteur et le disque.

Suzuki lit également très bien le jeu en zone défensive, se révélant le deuxième avant du Tricolore bloquant le plus de tirs pour un même temps d’utilisation. Pour se placer dans la ligne de tir, Suzuki doit anticiper les passes de l’opposant, être parfaitement positionné et synchronisé. En bloquant autant de lancers, non seulement Suzuki facilite le travail de son gardien, mais il prouve aussi à ses coéquipiers qu’il n’a pas peur de payer le prix, ce qui peut insuffler un second souffle au club.

Ce sont tous des indices indéniables à l’effet que l’excellente vision de Suzuki lui permette de tirer son épingle du jeu défensivement. Toutes ces qualités expliquent aussi qu’il ne faut pas se surprendre que l’entraîneur-chef, Claude Julien, l’ait récemment muté au centre, poste requérant d’embrasser ses responsabilités défensives.

En mettant la main sur Nick Suzuki, le Canadien a acquis un joueur extrêmement talentueux et lisant le jeu à merveille. Son intelligence lui permet de briller à l’attaque et défensivement, mais surtout de s’améliorer à une vitesse fulgurante, ce qui est de très bon augure pour le Canadien.