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MONTRÉAL - Même si la jeunesse, la vitesse et le talent prennent beaucoup de place dans la LNH d’aujourd’hui, l’expérience arrive encore à s’imposer de temps en temps.

La remontée victorieuse du Canadien aux dépens des Oilers, lundi soir, au Centre Bell, en a fait la preuve par 100. Par 107 en fait puisque les trois étoiles de la rencontre, Eric Staal, Corey Perry et Shea Weber totalisent 107 ans et 10 mois bien comptés.

Malgré cet âge vénérable et le fait qu’ils n’ont plus le coup de patin qu’ils ont déjà eu, Staal, Perry et Weber ont joué des rôles de premier plan dans la victoire. Une victoire importante pour les points au classement qu’elle ajoute, mais aussi pour la confiance qu’elle saura apporter.

Une victoire qui pourrait faire très mal aussi puisque Brendan Gallagher est tombé au combat. Atteint à la main droite par un tir frappé d’Alexander Romanov au premier tiers, Gallagher a été victime d’une fracture au pouce. Il ratera certainement quelques semaines. On y reviendra plus loin.

Revenons aux aspects positifs de la victoire :

Eric Staal a donné au Canadien sa première victoire en prolongation de la saison – après cinq revers – en marquant son premier but dans l’uniforme tricolore dans le cadre de sa toute première partie. Ce faisant, le CH a aussi complété sa deuxième remontée gagnante de la saison (2-7-1-1) lorsqu’il tire de l’arrière après deux périodes, mais sa toute première lorsqu’il accuse un recul de deux buts après 40 minutes de jeu (1-5-0-1).

Corey Perry a trimé dur toute la soirée et il a une fois encore démontré la finesse de ses mains en acheminant une passe parfaite dans l’enclave vers Josh Anderson qui a marqué un but rapide en début de troisième période. Un but nécessaire après les deux marqués par les Oilers dans les dernières secondes des première et deuxième périodes. Un but qui a relancé le Canadien en plus de « geler » les Oilers qu’on a sentis très fragiles ensuite.

Quant à Shea Weber, il a contribué à museler Connor McDavid et Leon Draisaitl que le Canadien a blanchi une fois encore lundi soir. Après cinq affrontements entre les deux formations jusqu’ici cette saison, McDavid et Draisaitl ont été limités à deux passes chacun. C’est trois fois rien, si on considère que les deux joueurs occupent les deux premières places des marqueurs cette saison et qu’ils affichent respectivement 22 buts et 62 points et 19 buts et 56 points dans les 34 matchs disputés contre les autres clubs de la division Nord.

Weber n’a pas blanchi le monstre à deux têtes des Oilers tout seul. Bien sûr que non. Phillip Danault et Eric Staal – sans oublier leurs ailiers – ont été très efficaces dans les duels qu’ils ont multipliés contre les trios de McDavid et Draisaitl. Carey Price a aussi été solide devant son filet particulièrement contre l’Allemand qui a cadré trois des six tirs qu’il a décochés. Price a été vraiment solide en deuxième période alors qu’il a stoppé 13 des 14 tirs des Oilers. Quatorze tirs qui se sont traduits par une dizaine de très bonnes occasions de marquer.

Mais Weber a disputé un match très solide autour de son gardien. Un signe encourageant, car il faut admettre que le capitaine avait connu sa part d’ennuis très souvent au fil des dernières semaines.

La victoire de Ducharme

S’il était possible de décerner une quatrième étoile, c’est à Dominique Ducharme qu’il faudrait la remettre tant l’entraîneur-chef a mis l’épaule à la roue du début à la fin du match de lundi. En fait, je devrais écrire du début à la fin de la journée de lundi.

Ducharme a misé le tout pour le tout en déroulant le tapis rouge devant Staal qu’il a inséré entre Jonathan Drouin et Tyler Toffoli. Une décision audacieuse qu’il a confirmée après l’entraînement matinal. Une décision qui a fait bien des mécontents puisque le coach a rétrogradé Jesperi Kotkaniemi au sein d’un « quatrième » trio pour faire place à Staal.

En marquant le but gagnant en prolongation, Staal a à apaiser les critiques.

Mais même s’il n’avait pas marqué, le nouveau venu aurait récompensé la décision de son coach tant il a été solide dans plusieurs aspects du jeu. À commencer par les mises en jeu. Staal a gagné 14 des 18 mises en jeu qu’il a disputées. C’est énorme. Il a donné le ton à sa nouvelle équipe qui a terminé la soirée avec une efficacité de 65 %. Sa deuxième meilleure soirée à ce chapitre de la saison après une partie de 37 mises en jeu gagnées contre 19 (66 %) contre Vancouver. Les Canucks étaient toutefois sortis gagnant du Centre Bell signant un gain de 3-2 en prolongation le 19 mars dernier.

Staal, comme Perry, comme Weber et comme tous les vétérans qui ont gagné et savent ce qui doit être fait pour gagner ont cette capacité de prendre les choses en mains quand ça compte. D’être efficaces quand ça compte. De se démarquer lorsque ça compte.

C’est ce qu’on a vu hier de la part de Staal et des deux autres membres du club du centenaire.

Et c’est pour cette raison que Ducharme a eu raison de dérouler le tapis rouge devant Staal. De lui donner l’occasion de démontrer dès son premier match ce qu’il sera en mesure de donner à sa nouvelle équipe.

En attendant la suite des choses, il faut reconnaître que le coach a eu raison sur toute la ligne.

Prolongation bien orchestrée

Dominique Ducharme ne mérite pas seulement des éloges pour la manière dont il a orchestré l’entrée en scène d’Eric Staal. De fait, il en mérite plus encore pour la manière dont il a orchestré la prolongation qui s’est finalement terminée en faveur de son équipe.

Après un match bien discret de la part de McDavid et plus discret encore de la part de Draisaitl, les cinq minutes supplémentaires semblaient l’occasion idéale pour permettre au monstre à deux têtes des Oilers de rugir.

Dave Tippett a donné à McDavid et Draisaitl tout le temps de glace nécessaire pour le faire. L’utilisation de Danault, Byron et Petry a contrecarré les plans du coach des Oilers et des deux principaux intéressés. Pendant que son vis-à-vis des Oilers prolongeait les séjours de McDavid et Draisaitl, Ducharme a envoyé des jambes fraîches sur la patinoire ce qui a permis de contenir les deux meilleurs joueurs des Oilers qui se sont fatigués. Tippett a d’ailleurs réclamé un temps d’arrêt en cours de prolongation pour reposer ses deux vedettes. Mais en misant sur plusieurs rotations, Ducharme a finalement eu gain de cause.

On dira qu’il était temps. Et c’est vrai. Mais bon, il n’est jamais trop tard pour bien faire…

Kotkaniemi sort grandi

Victime collatérale de l’entrée en scène d’Eric Staal, Jesperi Kotkaniemi sort grandi de son premier match disputé dans un rôle plus discret, mettons.

Pendant que ses partisans criaient à l’injustice et à l’insulte de voir leur favori de grand talent se retrouver entre des plombiers comme Paul Byron et Artturi Lehkonen, KK s’est contenté de jouer au hockey.

Et il a très bien joué est-il nécessaire ici d’ajouter.

Le trio de Kotkaniemi a été le meilleur du Canadien au cours du premier tiers. Au lieu de se demander pourquoi diable il devait encaisser une « rétrogradation » KK a suivi l’exemple donné par ses nouveaux compagnons de trio. Dès ses premières présences, il a été impliqué dans les trois zones. Il a frappé. Il a bataillé pour les rondelles disponibles. Il a créé de l’attaque. Il s’est permis une bonne occasion de marquer et en a offert deux à Lehkonen.

Kotkaniemi a affiché plus d’intensité dans le cadre de cette première période que dans la majorité des matchs qu’il a disputés jusqu’ici cette année.

Cette fougue a d’ailleurs été récompensée. Car une fois qu’il était acquis que Gallagher ne reviendrait pas au jeu, c’est vers KK que Dominique Ducharme s’est tourné par moments pour l’envoyer rejoindre Danault et Tatar. Tout en maintenant son rôle au sein de son propre trio.

Au lieu d’interpréter ce changement d’affectation de Kotkaniemi comme une gifle susceptible de miner son développement, les fans de KK devraient plutôt réaliser qu’il n’y a rien de mal à devoir se battre pour obtenir du temps d’utilisation plus généreux et de meilleure qualité.

En jouant comme il l’a fait lundi, en réagissant comme il a réagi devant une situation qui n’était sans doute pas celle qu’il espérait, Kotkaniemi sort grandi. Du moins à mes yeux. Il s’est assuré de mettre de la pression sur les autres centres qu’il sera susceptible d’aller remplacer si l’un ou l’autre devait connaître trop de vilaines présences consécutives.

Et ça, c’est loin d’être négatif.

Gallagher : une grosse perte

On devrait savoir plus tard mardi la durée de l’absence de Brendan Gallagher. Il semble toutefois acquis que ce sera long.

Si son absence est assez longue – minimum de 10 parties et de 24 jours – Gallagher pourrait être inscrit sur la liste des blessés à long terme.

Cette particularité permettrait au Canadien de retirer les 3,75 millions $ associés au contrat de Gallagher de sa masse salariale. Marc Bergevin pourrait ainsi s’offrir la possibilité d’aller chercher du renfort avant la date limite des transactions : le 12 avril. Ou de faire une place à Cole Caufield qui amorcera, mardi, sa carrière professionnelle en participant à son premier entraînement avec le Rocket.

Ce scénario serait toutefois envisageable seulement dans le cas où Gallagher ne serait pas en mesure de revenir au jeu avant la fin de la saison régulière. Car une fois en séries, les équipes peuvent garder autant de joueurs qu’elles le désirent et elles n’ont plus à respecter le plafond salarial.

Si Gallagher est en mesure de rejoindre ses coéquipiers avant la fin de la saison, le Canadien gardera sa place disponible comme Marc Bergevin l’a fait dans le cas de Ben Chiarot.

Avec Joel Armia qui devrait rejoindre sous peu ses coéquipiers après son séjour prolongé sur la liste des joueurs exclus en raison des protocoles sanitaires reliés à la COVID-19, le Canadien aura des effectifs pour pallier à la perte de Gallagher.

Pas question ici de prétendre qu’Armia a l’envergure de Gallagher au sein du Tricolore. Loin de là. Mais Dominique Ducharme a des solutions de rechange à sa disposition sans que son patron n’ait à se tourner vers ses homologues qui ne lui feront certainement pas de cadeau.

Mais bon, attendons d’abord les nouvelles officielles quant à la durée de l’absence de Gallagher avant de se lancer dans une multitude de scénarios...

Entre les lignes

-      Eric Staal a toujours obtenu du succès lors de ses visites au Centre Bell; surtout avec les Hurricanes de la Caroline. Depuis son entrée dans la LNH, Staal a marqué 10 buts et récolté 21 points en 24 matchs à Montréal dans l’uniforme du club ennemi...

-      Darnell Nurse a enfilé son 13^e but de la saison pour donner les devants 2-0 aux Oilers en fin de deuxième. « C’est bien beau les buts, mais j’ai commis une erreur de couverture sur le deuxième but du Canadien en troisième. Cette erreur retient bien plus mon attention que le but que j’ai marqué », a commenté le défenseur qui occupe le premier rang des buteurs chez les arrières de la LNH jusqu’ici cette saison…

-      Les Oilers ont encaissé un troisième revers seulement cette saison (15-2-1-0) lorsqu’ils marquent le premier but du match...

-      Les Oilers ont aussi encaissé une troisième défaite cette saison lorsqu’ils sont en avant après une période (13-2-1-0) et après 40 minutes de jeu (16-1-2-0)...

-      Contrairement au Canadien qui disputait lundi soir sa 11^e prolongation de la saison – fiche de 1-5 en prolongation et de 1-4 en tirs de barrage – les Oilers en étaient seulement à leur quatrième prolongation. Ils ont encaissé une deuxième défaite et sont sortis gagnants à deux reprises. Aucune de leur partie ne s’est rendue en tirs de barrage jusqu’ici...

-      Les Oilers ont mis le cap sur Ottawa où ils croiseront les Sénateurs mercredi et vendredi...

-      Le Canadien s’entraînera à Brossard mardi avant de s’envoler vers Toronto où il croisera les Leafs mercredi. Il sera ensuite de retour à Montréal pour une séquence de six matchs consécutifs: contre les Jets, jeudi et samedi alors que les Leafs, les Flames (deux fois) et les Sénateurs feront des escales au Centre Bell les 12, 14, 16 et 17 avril...