Le Canadien de Montréal n’arrive pas à marquer cette saison, même si l’équipe ne fait pas si mauvaise figure en regard du temps de possession et des chances de marquer générées. Il n’en demeure pas moins que le Tricolore n’a inscrit que quatre buts en quatre parties, un rendement peu enviable. Alors, comment expliquer les déboires offensifs de la Sainte-Flanelle? C’est la question qui est sur toutes les lèvres!

Travaillant sur une animation graphique devant être diffusée sur les ondes de RDS lors du match d’ouverture au Centre Bell, je devais identifier une séquence de jeu où un joueur du Canadien effectuait une entrée de zone en possession du disque. Après deux périodes, les joueurs du CH ayant le plus souvent exécuté cette action étaient Artturi Lehkonen, Max Pacioretty et Tomas Plekanec. Petit hic, la seule séquence la moindrement intéressante visuellement était l’œuvre de Plekanec, qui décochait immédiatement un tir de loin sur Corey Crawford. Sur les autres entrées de zone de ces trois joueurs, le CH était aussitôt contré par les Blackhawks ou encore il se contentait de rejeter la rondelle derrière les défenseurs.

Comment expliquer que le Canadien, une équipe reconnue pour sa vitesse, ne parvenait pas à entrer avec efficacité en zone adverse? L’explication semble être les sorties de zone.

Après le départ d’Andrei Markov et la transaction impliquant Mikhail Sergachev, de nombreux amateurs entretenaient des doutes sur la capacité de la brigade défensive à faire circuler le disque. Marc Bergevin s’est fait rassurant, clamant que la défense était meilleure cette année. Or, après quatre parties, nous sommes en mesure de constater que le scepticisme n’est pas dissipé. Loin de là.

Le rendement de la défense du Canadien en sorties de zone.

 

En effet, les défenseurs du Canadien semblent avoir beaucoup de mal au moment de faire circuler la rondelle, réalité que les statistiques avancées tendent à vouloir confirmer.

Au moment de compléter des passes depuis sa propre zone, le rendement de la brigade défensive du Canadien n’a rien de choquant. Toutefois, les choses se corsent en sorties de zone, facette du jeu extrêmement importante.

Lorsque la brigade défensive du Tricolore orchestre avec succès une sortie de territoire, l’équipe perd trop souvent la possession du disque dans les instants qui suivent. C’est un bon indice voulant que les sorties de zone orchestrées par les défenseurs soient de piètre qualité. C’est sans parler des passes qui ne trouvent pas preneur.

Le Canadien perd rapidement le contrôle de la rondelle après avoir tenté une sortie de territoire car les défenseurs ne sont pas en mesure de rejoindre les joueurs qui se sont démarqués. Il en résulte que lorsque les joueurs du Canadien captent une passe en transition, ils ne se trouvent pas en bonne posture et le marquage des équipes adverses est très hermétique. Ce rendement est encore plus inquiétant lorsque les sorties de zone s’exécutent via une passe.

Comme le jeu de transition fait défaut, les attaquants du Tricolore ne peuvent pas pleinement exploiter leur vitesse pour surprendre l’adversaire à contre-pied, ce qui est pourtant sa marque de commerce. C’est simple, les sorties de zone effectuées à l’aide d’une passe sont vitales pour le Canadien, en raison de son ADN. Rien ne se déplace plus vite que la rondelle.

Présentement, les défenseurs sont incapables d’exécuter cette manœuvre avec efficacité, ce qui crée une réaction en chaîne. En raison des sorties de territoire bâclées, l’équipe perd plus fréquemment la possession du disque et les attaques se révèlent donc moins nombreuses. Cela engendre que les attaquants doivent souvent courir après la rondelle en zone neutre, au lieu de foncer à vive allure en contre-attaque. Non seulement les avants gaspillent leur énergie à pourchasser le disque, mais l’attaque du Canadien se trouve complètement désorganisée lors des phases de transition. C’est ce qui enraie en bonne partie l’attaque du Canadien, sans compter les revirements causés lors de ces mêmes sorties.

Même si le Tricolore n’est pas en mesure d’user de sa vitesse à son plein potentiel, il parvient tout de même à générer un nombre intéressant de chances de marquer, ce qui est de bon augure.

L’autre bon point est que David Schlemko devrait incessamment renouer avec le feu de l’action (NDLR : Schlemko a été cédé au Rocket de Laval vendredi). Justement, l’une des principales forces de ce défenseur est son excellent rendement au moment d’organiser les sorties de territoire, ce qui manque cruellement au Canadien. Attention, il ne faut pas partir en peur! Schlemko n’a pas joué depuis longtemps et ça pourrait prendre un moment avant qu’il ne retrouve son rythme. Il est également un défenseur au talent limité et il n’a rien d’un sauveur. N’empêche qu’il peut rendre des services intéressants au Canadien.

Est-ce que les défenseurs du Canadien sont mauvais sur une base individuelle? Non! Le problème est plutôt que les arrières pratiquent tous le même style de jeu, ou presque, et que personne n’est confortable au moment d’organiser les sorties de territoire. Il est parfaitement anormal qu’un jeune joueur de 19 ans, Victor Mete, ait été placé à la gauche de Shea Weber pour entamer la saison. Ce sont de grosses responsabilités à assumer pour un hockeyeur encore d’âge junior. Les Zach Werenski de ce monde ne courent pas les rues.

Pour remédier à cette problématique, comme le talent en possession du disque de la brigade défensive est limité, le Canadien devrait simplifier son jeu en dégageant plus souvent son territoire ou en laissant plutôt à ses attaquants le soin d’organiser les sorties de zone. Autrement, puisque le Canadien ne compte pas en ses rangs un défenseur de premier plan pouvant chorégraphier le jeu de transition, la solution se trouvera sur le marché des transactions.