Au cours de sa carrière, Carey Price a toujours été très utilisé. Depuis ses débuts en 2007-2008, seuls Henrik Lundqvist (749 départs) et Marc-André Fleury (677) ont obtenu plus de départs que les 651 de Price. Ceci est particulièrement impressionnant puisqu’il a aussi été victime de quelques blessures au cours de sa carrière.

Encore une fois cette saison, Price a joué 39 des 49 matchs du CH, à égalité au premier rang de la LNH. Trois gardiens auxiliaires se sont partagé les 10 départs restants et 9 de ces 10 départs sont venus lors de séquences de 2 matchs en 24 heures. Claude Julien n’a donc offert qu’une seule véritable journée de congé à son numéro 1, le match contre les Hurricanes de la Caroline à la veille du jour de l’An.

Les auxiliaires ont combiné pour seulement 2 victoires cette saison et seul Cayden Primeau a un taux d’arrêt supérieur à ,900 et une moyenne de buts alloués inférieure à 3,00. Au premier regard, il semble que les trois gardiens numéro 2 n’ont simplement pas été à la hauteur, ce qui force Claude Julien à surcharger Price. Le groupe d’auxiliaires a en effet connu des ratés, mais la défensive poreuse devant eux ne leur a pas fait de cadeaux.

Il n’est pas rare de voir un club se resserrer défensivement devant un gardien numéro 2, conscient que le partant habituel n’est pas là pour éponger leurs erreurs. Pour le CH, le contraire se produit. Charlie Lindgren, Keith Kinkaid, et Cayden Primeau affrontent tous plus de tirs par départ que Price, et ce ne sont pas que des tirs en périphérie. Ils affrontent également plus de tirs de l’enclave que le numéro 1.

Il faut dire que les trois auxiliaires ont bien des facteurs qui jouent contre eux. Un gardien qui joue si sporadiquement n’a pas le temps de bâtir en rythme et, surtout, en confiance. De plus, puisqu’ils jouent presque exclusivement dans des séquences de deux matchs consécutifs, ils ont devant eux un club qui est soit fatigué du match la veille ou qui doit penser au match du lendemain.

Il est difficile de séparer la performance du gardien de celle de la défensive. Une bonne façon d’y arriver est de regarder les buts sauvés par match. Cette statistique prend en considération la quantité et la qualité des tirs qu’un gardien affronte et donne une valeur à chaque tir. Un tir sur réception de l’enclave vaut plus qu’un tir du point d’appui puisqu’il est évidemment plus probable de tromper le gardien de cette façon. Si l’on compare ces valeurs aux buts alloués par le gardien, on peut voir s’il joue bien ou non relativement aux tirs qu’ils affrontent.

Par exemple, le meneur parmi les gardiens partants cette saison est Robin Lehner. Chicago a l’une des pires défensives de la LNH, mais Lehner réussit tout de même à garder une solide moyenne de buts alloués malgré la défensive poreuse (2,85) et sauve en moyenne 0,7 but par match aux Blackhawks.

De l’autre côté de l’échelle, Jimmy Howard est le pire gardien partant de la LNH cette saison. Les Wings ne sont pas exactement la meilleure équipe défensive, mais ils sont meilleurs que leur moyenne de buts alloués l’indique. Howard affronte en moyenne 3,09 buts attendus par match, mais en accorde 4,26. Il coûte donc 1,17 but par match aux Wings.

Voici les performances par match des quatre gardiens du Canadien.

Price est presque parfaitement moyen, penchant légèrement vers un ratio positif, partiellement aidé par les derniers matchs. Lors de ses trois derniers départs, il a sauvé près de 7 buts totaux au CH, ne se laissant battre que par 2 rondelles en trois matchs.

Keith Kinkaid a joué horriblement lors de ses 5 départs, coûtant plus d’un but par match au CH. Primeau a bien fait lors de ses deux départs, ce n’est donc pas surprenant de le voir bien paraitre dans cette catégorie. Le cas de Lindgren – en particulier – est intéressant.

Malgré une moyenne de buts alloués de 3,40, Lindgren paraît tout de même positivement dans la catégorie considérant le barrage de tirs qu’il a affrontés lors de ses trois départs. En moyenne, les tirs qu’ils affrontent génèrent 3,60 buts attendus. Lindgren fait donc son possible, mais sa défensive ne lui offre pas beaucoup d’aide.

Avec une chaise musicale de gardiens numéro 2 qui n’obtiennent pas d’aide défensive et aucune chance de bâtir en confiance, ce n’est pas surprenant que le Canadien n’ait que 2 gains lorsque Price prend congé. Un manque de confiance envers les auxiliaires met encore plus de charge de travail sur les épaules de Price, ce qui n’aide pas le gardien de 32 ans.

Avec les chances de faire les séries qui s’éloignent de plus en plus, l’occasion est presque parfaite pour donner à un des jeunes gardiens la chance de prouver qu’il mérite le rôle en donnant à Lindgren ou Primeau des départs plus régulier pour le reste de l’année. Peut-être que l’un d’eux s’emparera du rôle et permettra au CH d’offrir plus de repos à leur gardien de concession.