Subban n'est pas un cas d'exception
Canadiens samedi, 9 nov. 2013. 17:56 samedi, 14 déc. 2024. 13:37Dans la victoire comme dans la défaite, les faits et gestes de P.K. Subban, de même que son utilisation par Michel Therrien et ses adjoints, continuent d’être un sujet de prédilection pour les membres des médias et les amateurs du Canadien. Puisqu’il est l’un des joueurs les plus talentueux de la LNH à sa position, il est tout à fait normal qu’on se soucie de son développement.
Nombreux sont les observateurs qui se questionnent sur la manière dont Therrien décide d’employer son jeune arrière sur une base quotidienne. L’entraîneur-chef sera sans cesse remis en question dans ses décisions lorsque Subban connaîtra des ratés – ceux-ci sont inévitables, comme c’est le cas pour tout défenseur à caractère flamboyant. Pourtant, l’instructeur doit continuer de croire en ses convictions. Il possède un plan bien établi pour P.K. et doit faire fi des distractions – ce qu’il fait admirablement bien jusqu’à présent –, que celles-ci proviennent de la pression médiatique, de celle imposée par les partisans ou d’un contexte particulier comme celui du processus de sélection de l’équipe olympique canadienne.
On peut difficilement le nier : il arrive fréquemment à Subban d’être audacieux, trop selon l'avis de certains, dans ses choix de jeux en zone neutre. Souvent, il réalise des jeux qui font bondir les amateurs de hockey de leur siège. D’autre fois, les risques qu’il encourt mènent à des revirements, qui eux-mêmes donnent lieu à des opportunités de marquer pour l’équipe adverse.
Cependant, il ne faut pas perdre de vue que Subban n’est pas un cas d'exception dans le circuit Bettman. Je dirais qu’Erik Karlsson et Kristopher Letang sont des défenseurs provenant du même moule. Malgré le rôle-clé que jouent respectivement ces deux athlètes pour les Sénateurs et les Penguins, les mêmes défaillances peuvent être observées dans leur jeu. Tout comme P.K., il leur arrive régulièrement d’offrir une couverture défensive faible, de voir leur passes interceptées ou de se compromettre trop profondément en voulant porter main forte à leurs attaquants. Pourtant, on formule bien peu de critiques à leur égard à Ottawa et à Pittsburgh, car on a appris à vivre avec les bénéfices et les inconvénients.
Au final, le calcul est assez facile à effectuer, car ils contribuent positivement à faire une différence dans une rencontre bien plus souvent que l’inverse. On oublie parfois qu’en simplifiant leur style de jeu, ces défenseurs rangeraient une grande partie d’un atout qui les rend si indispensables, c’est-à-dire leur créativité.
Pour sa part, Therrien, grâce au succès connu l’an dernier en saison régulière, s’est mérité le droit de prendre ses propres décisions, qu'elles fassent l'unanimité ou non, sans être constamment remis en doute. Il tente de minimiser la part de risque dans le jeu de Subban, tout en lui laissant une certaine latitude. La ligne est mince entre les deux, et c’est pourquoi la gestion de son « pur-sang » et de son temps de glace continueront de soulever les passions.
Un vent de panique? Pas encore
Après avoir été défait 4-1 à Ottawa par les Sénateurs, le Canadien est sur une séquence de quatre revers d’affilée. C’est sa première léthargie du genre cette année, et plusieurs déclarent déjà que la panique s’est emparée du club. À mon avis, il serait plus juste de parler d’un sentiment d’urgence qui entoure l’équipe. La plupart des joueurs professionnels ont vécu ce que c’est qu’une crise. On semble à court de solutions, la confiance est fragilisée et les rumeurs de transaction fusent de partout. C’est à ce moment où chacun se met à jouer pour lui-même ou essaie de trop en faire.
Dans le cas du Tricolore, certains indicateurs ne mentent pas. D’une part, lors des matchs contre Saint Louis et Ottawa, ils n’ont pas été déclassés. Au contraire, ils auraient mérité un meilleur sort. Par ailleurs, on sent encore que les joueurs croient en la structure établie. Malgré quelques failles dans l’exécution et le passage à vide de quelques-uns, il ne manque pas grand-chose pour que les choses débloquent.
Le manque de finition est l’une des facettes qui cause le plus de tort au CH présentement. Afin de trouver le fond du filet plus souvent, Therrien jongle fréquemment avec ses combinaisons offensives en cours de rencontre. De brasser les cartes ainsi n’est pas une vilaine stratégie en soi. L’énergie d’un joueur en pleine possession de ses moyens peut contribuer à relancer son coéquipier en panne sèche. En réalité, le Canadien peut apporter tous les changements qu'il désire, il doit avant tout souhaiter que les bonds se mettent à lui être favorables du côté offensif.
L’aspect physique d’Emelin
Les plus récentes nouvelles au sujet d’Alexei Emelin sont très encourageantes. On parle désormais d’un retour imminent dans l’alignement montréalais. Il devra retrouver son rythme, mais s’il y a un élément qui peut changer la dynamique au sein de la brigade défensive, c’est bien lui. En tant qu’arrière capable de joueur au sein d’un top-4, son apport est unique grâce au style physique qu’il préconise et son aisance en ce qui a trait au jeu de transition. À mon avis, il ne fait aucun doute que son absence s’est grandement ressentie sur les résultats du club. Emelin contribuera immédiatement à stabiliser la formation grâce à sa fiabilité lors des sorties de zone, sa présence devant le filet et les solides coups d’épaule qu’il distribue.
Depuis le début de la campagne, le Canadien a fait jouer amplement ses deux meilleurs défenseurs sur le même duo. Ça ne peut faire autrement que d’hypothéquer tes deux autres paires. À cet égard, le retour d’Emelin sera d’autant plus le bienvenu puisqu’on connaît la chimie qu’il a bâtie avec Andrei Markov.
*Propos recueillis par Maxime Desroches