P.K. Subban et Shea Weber ont élargi un peu plus ce matin le fossé déjà large qui les sépare à titre de joueurs de hockey et d’hommes sous les équipements.

Vêtu d’un manteau confectionné par un grand couturier de Montréal, Subban a répondu en long et en large aux questions qui lui étaient posées. Malgré un différentiel de moins-11 – le plus négatif de toute la formation – et le fait que son équipe est pour le moment exclue des séries éliminatoires, P.K. a brossé un portrait des plus positifs de ses premiers mois à Nashville.

Weber, à qui les Predators et leurs partisans offriront un retour réservé aux héros, s’est présenté en survêtement aux couleurs du Canadien devant des journalistes qu’il aurait préféré éviter.

Est-ce que le match sera émotif? «On verra... sans doute un peu, mais c’est la première fois que je suis placé dans ce genre de situation. Je viens disputer un match de hockey, je vais me préparer comme je le fais pour tous les matchs et je suis ici pour le gagner…»

Est-ce que tu as rencontré tes anciens coéquipiers? «J’ai partagé un souper avec quelques gars des Predators hier soir (lundi)»

Comment se passe ton adaptation avec le Canadien et dans ta nouvelle ville? «Assez bien je crois…»

Il n’a vraiment pas changé ont soupiré quelques collègues de Nashville après le point de presse offert par leur ancien capitaine devenu joueur du Canadien de Montréal le 29 juin dernier.

Vrai que Weber n’a pas changé. Si on lui donné le choix à Weber de passer quatre heures sur la chaise du dentiste pour y être traité sans la moindre forme d’anesthésie au lieu de passer quatre minutes devant les journalistes, il aurait sans doute choisi le dentiste.

C’est sa nature. Sur la glace comme dans le vestiaire, Weber est bien plus préoccupé par l’efficacité de son jeu, par les victoires de son équipe que par l’attention qu’on lui accorde.

L’ombre et la lumière

Autre exemple : lundi, après l’entraînement des Prédateurs, le gardien Pekka Rinne a parlé de son association avec Shea Weber à la tête de la Fondation 365 qui vise à aider les jeunes atteints de cancer et à mousser la recherche pour contrer le cancer pédiatrique. «Il est toujours impliqué malgré son départ pour Montréal, mais je ne crois pas qu’il aimerait que je parle de ça. Shea est un gars discret qui tient à rester dans l’ombre. Vous lui en parlerez directement», a esquivé le gardien des Predators.

La question a été posée à Weber mardi matin. Malgré son implication personnelle dans la conception d’une loge qui accueille 30 jeunes atteints du cancer et les membres de leur famille à chaque match et les millions amassés pour mousser la recherche, Weber s’est contenté de répondre. «J’ai passé plusieurs années à Nashville. Il est important pour moi de redonner à la communauté.»

Tout simplement.

Pas question de prétendre ici que l’implication toute en discrétion de Weber est meilleure ou moins bonne que celle flamboyante et très médiatisée de P.K. Subban qui est toujours associé à la Fondation de l’hôpital pour enfants de Montréal. Car ce qui compte d’abord et avant tout, ce sont les résultats positifs de cette aide directe et/ou indirecte aux enfants frappés par la maladie. Mais la façon dont les deux hommes s’impliquent s’ajoute à la longue liste d’exemples témoignant des contrastes qui les opposent sur et hors de la patinoire.

Shea Weber débarque au Bridgestone Arena avec neuf buts et 21 points à sa fiche. Il présente un différentiel de plus-16 et un temps d’utilisation moyen de 26 :02 par match.

Malgré ses ennuis sur la route et une fiche de 4-3-3 à ses dix derniers matchs, le Canadien est toujours premier de la division atlantique malgré une glissade au 4e rang de l’association est.

P.K. Subban affiche sept buts et 17 points en 29 matchs avec sa nouvelle équipe. Une équipe qui tente de se hisser parmi les équipes repêchées en vue d’une présence en séries. Comme son équipe, Subban a connu un lent début de saison et à l’image de ses coéquipiers, il a été victime d’un manque de constance dans ses performances.

Mais dans le camp des Predators, du directeur général David Poile aux coéquipiers du défenseur étoile en passant par l’entraîneur-chef Peter Laviolette, tous se disent satisfaits de sa contribution et de ce qu’il apporte à l’équipe. Autant sur la glace qu’à l’extérieur.

Frustré, mais positif

Bien sûr frustré de ne pouvoir affronter le Canadien en raison de la blessure au dos qui le tiendra à l’écart pour encore deux à trois semaines, Subban assure qu’il aura l’occasion de revivre ce rendez-vous qu’il avait bien sûr encerclé sur son calendrier une fois échangé.

«C’est plate car je ne suis pas le seul qui attendait ce match avec impatience. Plusieurs parents et amis devaient venir pour la partie. Je sais maintenant qui sont mes vrais amis, car ils ont fait le voyage quand même», a lancé Subban en riant.

Et comme il devrait être remis d’ici là, P.K. Subban pourra se reprendre le 2 mars alors que les Prédateurs feront une escale à Montréal. La première pour P.K. dans un uniforme ennemi.

«Ce sera vraiment spécial de rejouer au Centre Bell qui est un amphithéâtre spécial. Cela dit, notre building et nos partisans sont assez spéciaux également. Tous les matchs à domicile sont à guichets fermés. Les gens nous appuient énormément. Ils sont derrière le club. Et peut-être parce qu’ils sont plus habitués de croiser des vedettes dans les rues, ils sont moins insistants lorsqu’ils nous croisent dans la rue ou au restaurant qu’à Montréal. La vie est différente ici. Je commence à m’y faire. À trouver mes repères. Je n’ai pas remplacé mon resto de Sushis, mais ça viendra bien un jour. J’ai découvert un très bon marché de hockey», racontait Subban dans son point de presse de ce matin.

Pour la blessure, P.K. n’a pas donné beaucoup plus de détails que ses patrons des Predators. «J’ai ressenti de la douleur lors des cinq ou six matchs qui ont précédé mon retrait de la formation. Tous les joueurs de la Ligue jouent en dépit de petits bobos. Je ne voulais pas sortir de la formation, mais quand les soigneurs ont insisté je n’avais d’autre choix que de les écouter. Le contraire aurait pu être dangereux. Je suis frustré de ne pas pouvoir aider mes coéquipiers que je vais encourager à gagner ce soir, mais mon état s’améliore quotidiennement. C’est la bonne nouvelle. Je garde le moral, je demeure positif autour du vestiaire afin d’aider mes coéquipiers en les motivant et en mettant un peu d’argent sur le tableau avant les matchs», a convenu Subban qui ratera une huitième partie de suite ce soir.

Il sera intéressant de voir qui de Subban ou Weber sera le plus généreux dans cette tradition de mettre de l’argent sur le tableau avant la rencontre de ce soir. Cette tradition consiste à offrir une cagnotte au reste de coéquipiers en échange d’une victoire.

Dans le cadre d’un match aussi attendu que celui qui opposera le Canadien aux Predators ce soir, et en dépit de l’absence de Subban, les deux défenseurs qui sont assis sur des fortunes personnelles imposantes pourraient se montrer très généreux afin de mousser la motivation du reste de l’équipe.

On verra!

Radulov un peu oublié

Parce que toute l’attention est concentrée sur le retour de Shea Weber à Nashville et sur le premier match opposant le Canadien et les Predators depuis la méga transaction du 29 juin dernier, Alex Radulov se retrouve un brin dans l’ombre aujourd’hui.

L’attaquant russe effectue pourtant lui aussi un retour à Nashville où il disputera un premier match contre l’équipe qui l’a repêché en 2004 – 15e sélection de la première ronde – et avec qui il a amorcé une carrière de façon fulgurante avant d’être chassé pour ses ennuis hors patinoire.

«J’ai beaucoup aimé cette ville et cette organisation. J’ai connu des bons moments ici. D’autres moins bons également. Je suis sûr que les fans vont accueillir Shea en héros, mais je ne crois pas que j’aurai droit au même genre d’accueil», a indiqué Radulov qui a marqué 47 buts et récolté 102 points en 154 matchs avec les Predators.

Après un premier exil pour retourner en Russie en 2009 afin de jouer dans la KHL, Radulov a eu un deuxième essai avec les Predators à la fin de la saison 2011-2012. Surpris dans un spa en compagnie d’Andrei Kostitsyn plusieurs heures après un couvre-feu alors que les Predators affrontaient les Coyotes de Phoenix en deuxième ronde des séries, Radulov a ensuite été chassé de Nashville pour de bon.

«Je suis un homme différent aujourd’hui. Je vous l’ai dit en début de saison lorsque je suis arrivé à Montréal. J’ai commis des erreurs dans le passé, mais l’important est d’apprendre de ces erreurs et je l’ai fait.»

S’il est clair que les Predators rendront un hommage particulier à leur ancien capitaine, il sera intéressant de voir s’ils souligneront le retour de Radulov d’une quelconque façon.

« Je mets l'emphase sur le match »
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