Le Canadien vient de terminer une semaine parfaite, en disposant d’adversaires de haute qualité. Une récolte de quatre victoires en six soirs, contre Winnipeg, Boston, Philadelphie et Detroit, voilà qui s’avère un résultat que peu d’observateurs auraient anticipé. Il y a plusieurs angles d’analyse qui pourraient être utilisés pour mieux comprendre la situation, mais le plus juste point de vue est de reconnaître la contribution de tout un chacun à la cause commune. Et l’attention va, particulièrement, à ceux que l’on pourrait qualifier « d’employés de soutien » en attaque.

Au cours des 13 premiers matchs de la saison, les joueurs évoluant sur les troisième et quatrième trios n’avaient inscrit que trois buts et récolté qu’un maigre total de 9 points. Ils affichaient aussi un différentiel cumulatif de -19! Ces chiffres plutôt inquiétants se mariaient à d’autres tout aussi inquiétants, comme cette incapacité chronique à marquer le premier but dans la rencontre. Mais au cours de la séquence victorieuse, le renversement de situation fut phénoménal. Lors des six derniers matchs, qui se sont soldés par des victoires, le principal quintette du Tricolore a explosé avec neuf buts, six mentions d’aide, trois buts gagnants et un différentiel combiné de +17! C’est là, à mon avis, l’ingrédient principal de cette dernière poussée.

Ces cinq joueurs ont aussi contribué bien au-delà du sommaire. Ils ont patiné à fond de train, distribué des mises en échec, mis les défenseurs adverses sur leurs talons, jeté les gants à l’occasion, remporté des mises en jeu cruciales et ont tous joué un rôle important, en alternance, en situation d’infériorité numérique.

Le match de Brandon Prust à Detroit en est un exemple éloquent. Utilisé pendant plus de 16 minutes par Michel Therrien, Prust a marqué le premier but, a récolté une fiche de +2, a bloqué un tir mais a surtout évolué pendant 4:17 en infériorité, contribuant largement à la neutralisation de cinq des six jeux de puissance des Red Wings. Après Max Pacioretty et Tomas Plekanec, Prust fut l’attaquant qui a passé le plus de temps sur la patinoire! La veille, c’est Dale Weise qui s’était démarqué. Auparavant, c’était Lars Eller. Avant lui, c’était Jiri Sekac. Pendant ce temps, Manny Malhotra continuait à donner une bonne douzaine de minutes par match à son entraîneur.

Il ne faudrait surtout pas minimiser l’apport des piliers de l’équipe au cours des 10 derniers jours. Les chiffres sont là pour le prouver. Mais l’étincelle que procurent régulièrement ces « héros obscurs » est inestimable. Ils permettent en plus à Michel Therrien de mieux doser l’utilisation de tout un chacun et ainsi de mieux composer avec les rigueurs du calendrier. Dale Weise me confiait en entrevue d’avant-match, dimanche, ne pas vraiment savoir pourquoi lui et sa bande faisaient aussi bien récemment. Mais il a fini par avouer que le fait d’être utilisé davantage par son entraîneur, de se sentir en confiance et d’exploiter au maximum les ressources que lui et les autres employés de soutien possèdent y est pour beaucoup.

Chose certaine, ces joueurs ont droit de revendiquer, sans la moindre gêne, un partage parfaitement équitable des récents succès du Canadien!

Tokarski valide encore!

Je faisais partie de ceux qui entretenaient un certain doute lorsque le Canadien a choisi de se départir des services de Peter Budaj au profit de Dustin Tokarski. Mais ce dernier a parfaitement justifié la décision de ses patrons jusqu’ici. Même au-delà des espérances. Petit à petit, le scepticisme s’estompe.

Le rôle du nouvel auxiliaire à Carey Price est loin d’être facile. Il est pratiquement acquis qu’il sera d’office presque exclusivement lors de la deuxième de deux rencontres consécutives. Or, ces matchs sont toujours remplis d’embûches. La plupart du temps, ils se déroulent en terrain hostile, sur la patinoire adverse. Il est généralement acquis que le niveau d’exécution de ses coéquipiers sera inférieur et à la baisse à mesure que ces matchs progressent et que la prise de décision sera de plus en plus difficile. Le gardien se retrouve donc en situation de pression accrue.

Or, jusqu’ici, Dustin Tokarski a relevé le défi avec brio! Inutile de passer trop de temps à analyser sa technique, à le comparer à son coéquipier, à isoler ses moindres gestes devant le filet. Tokarski joue avec confiance, calme et sérénité et inspire la même chose chez ses coéquipiers. Et il gagne! Il a remporté trois de ses quatre départs, affiche une moyenne de buts alloués de 1,78 mais surtout, démontre une efficacité de ,937. Cela ne saurait mentir! Étrangement, sa seule défaite est survenue dans un contexte un peu différent, alors qu’il fut utilisé lors du tout premier match dans l’Ouest canadien, à Edmonton. Un match au cours duquel il n’a concédé que deux buts et où son équipe ne lui en a donné aucun!

L’échantillon est encore relativement petit mais il est quand même révélateur. Tokarski est un compétiteur féroce qui a pris goût à la victoire au fil de sa carrière et il semble transporter ces qualités à sa première véritable chance d’évoluer dans la LNH. Le fait d’être en relation avec Price, dans le contexte difficile que l’on connaît à Montréal, semble lui donner des ailes. Il a été à l’origine du premier des six derniers triomphes et a été un acteur important du tout dernier, repoussant 28 des 29 tirs des Red Wings, dont 19 en troisième période.

Lui aussi a droit à sa large part des succès récents de son équipe!