Le directeur général des Canadiens était détendu à son arrivée au restaurant où avait lieu l’entrevue planifiée depuis quelques jours. Préoccupé, certes, mais détendu. Il savait qu’aucun sujet n’était hors limite. L’objectif avoué était de lui permettre d’élaborer et développer sa pensée sur les dossiers qui galvanisent l’attention des observateurs et des partisans du Tricolore. Trop souvent, dans le monde sportif comme ailleurs, lors de points de presse, tout est orchestré. Dans le but de satisfaire tous les membres des médias présents lors de ces rendez-vous, on répond de façon succincte à des questions chargées. Pour « Table d’hôte », le ton est différent, volontairement.

Dimanche, Marc Bergevin, comme il fallait s’y attendre, n’ira pas de déclarations fracassantes. Toutefois, les exemples qu’il donne pour expliquer plusieurs décisions sont pertinents. Les retours sur les dossiers connus apportent des faits nouveaux, certains encore inconnus de tous, moi y compris.

Le principe de mettre en lumière le cas Max Pacioretty dans l’œil public dérange clairement l’organisation. De ne pas vouloir en discuter en long et en large dans le cadre de l’émission, malgré plusieurs questions à ce sujet, c’est leur prérogative. Vous entendrez cependant ce qui ressemble le plus à un appui du capitaine et à son sens des responsabilités.

L’entretien permet aussi de relativiser la « science » du repêchage et l’aspect parfois aléatoire du développement des jeunes espoirs au sein d’une organisation professionnelle. C’est d’ailleurs en parlant de ces jeunes prospects que les yeux du grand patron hockey s’illuminent. Écouter Bergevin nous raconter la suite des événements qui ont mené Victor Mete à se tailler un poste avec le grand club nous permet de réaliser à quel point il importe d’être en mesure d’insérer de jeunes joueurs dans une formation de la LNH et à quel point le jeu a changé au fil des ans.

Le directeur général revient souvent aussi sur les Golden Knights de Vegas et leur parcours incroyable en 2017-2018 pour ramener à l’avant-scène « l’attitude » requise par ses troupes pour connaître du succès à leur tour. Vous connaîtrez finalement les piliers manquants du plan de la Sainte-Flanelle, certains dévoilés lors du bilan de la dernière saison désastreuse, d’autres pas encore.

Finalement, une chance rare pour le grand manitou de l’équipe qui polarise tout un peuple, de s’adresser à vous, partisans passionnés. Certains enragés trouveront le moyen d’en redemander, d’autres, résignés, auront recours au sarcasme. Même si certains aspects abordés et, surtout les réponses à ceux-ci me laissent encore sur mon appétit; je le vois comme un départ marquant qui détonne de l’attitude parfois désobligeante, frisant la condescendance, d’un passé pas si lointain. Peut-être votre opinion ne sera qu’un tantinet façonnée par les propos de Bergevin, peut-être sera-t-elle inchangée. Peu importe le résultat final, la démarche nous permet d’avoir quelques faits supplémentaires et d’élever le débat pour ne pas qu’il dérape sans raison.

Bon visionnement.