Je crois sincèrement résumer assez bien le fond de la pensée collective : où serait le Canadien au classement n’eut été du rendement de son gardien, de son trio des « jeunes » et de son jeu de puissance? Ces trois facteurs représentent le seul véritable fil conducteur que l’on puisse trouver entre le tout premier match et celui de samedi dernier et ils sont grandement responsables de la position acceptable de l’équipe à l’issue du premier quart de la saison.

Commençons par Carey Price. On peut facilement imputer directement au gardien de 26 ans 6 des 22 points du Canadien. Et il s’agit d’un chiffre très conservateur. On peut surtout lui donner le mérite d’avoir gardé son équipe à distance raisonnable de l’adversaire lors de la plupart des huit défaites à sa fiche. Ses moyennes de buts alloués et d’efficacité parlent d’elles-mêmes : elles sont dignes de celles d’un gardien d’une équipe championne! Price a reçu plus de 30 tirs à onze reprises, plus de 35 à cinq occasions et a fait face à 40 tirs ou plus deux fois. Ça dit tout! Quant à Peter Budaj, il a été irréprochable, ne cédant que contre l’Avalanche à un moment où tous les autres gardiens de la LNH croulaient aussi devant les jeunes joueurs de Patrick Roy.

Lars Eller, Alex Galchenyuk et Brendan Gallagher, de leur côté, ont répondu admirablement aux interrogations qui pesaient sur eux avant le début de la saison. À part un court intermède où Michel Therrien a « testé » le démantèlement de ce trio, ils ont été, de loin, les attaquants qui ont démontré le plus de fougue soir après soir, et ce, malgré une couverture hermétique voire même douloureuse de l’adversaire à leur endroit. Leur total de 40 points et de 155 tirs sur le filet adverse, après 21 matchs, témoigne de cette constance. Ils sont, de loin, les attaquants les plus ciblés par les autres équipes et on hésite de moins en moins à leur opposer des joueurs robustes pour tenter de les ralentir. Pourtant, ils parviennent à résister au-delà des attentes, du moins jusqu’ici.

Il y a aussi un autre facteur positif qui ressort du bilan de ce premier quart de saison : l’excellent rendement des unités spéciales. Si, individuellement, plusieurs joueurs connaissent des hauts et des bas depuis le 1er octobre, il existe une fort belle harmonie au sein du jeu de puissance et des infériorités numériques. C’est là où on peut particulièrement apprécier le jeu de P.K. Subban et d’Andrei Markov, qui ont tous deux amassé plus de la moitié de leurs points en supériorité, résultat qui s’applique aussi au centre Tomas Plekanec. Quant aux infériorités, le rendement de 85,7 % s’explique par un effort collectif remarquable, qui va de pair avec le nombre élevé de tirs bloqués et aussi, bien sûr, par les prouesses du gardien Carey Price.

Sauf quelques exceptions, donc, la plupart des joueurs ont un examen de conscience à effectuer, à différents degrés. Le manque de constance a souvent été évoqué par Michel Therrien et cela se traduit notamment par un médiocre 18e rang quant au rendement à cinq contre cinq, soit un ratio déficitaire de 0,98 au chapitre des buts marqués contre ceux alloués. Le retour de tous les blessés sera-t-il un facteur qui permettra au Canadien de sortir de la mauvaise séquence actuelle? On verra.

Mais au fond, soyons honnêtes. La plupart des prédictions d’avant-saison allaient toutes dans le même sens. On disait globalement que le Canadien, au mieux, ferait partie d’un groupe qui allait lutter âprement pour une place en séries, soit via le troisième rang de sa section ou via le repêchage des deux autres meilleures équipes de son association. On disait aussi à l’unanimité que tout dépendrait largement du rendement de Carey Price, du maintien de la progression des jeunes joueurs de l’équipe et aussi d’éléments spécifiques comme le jeu de puissance.

Or, où en sommes-nous présentement? Exactement là, mes amis…et pour ces mêmes raisons!

Bref, en toute objectivité, le Canadien occupe une place fort légitime au classement, au premier quart de la saison et se retrouve là où la plupart des observateurs sérieux l’avaient prévu. On verra maintenant si le cap sera maintenu d’ici la mi-saison!