TAMPA - Le Ligthning de Tampa Bay est dans le pétrin. Les entraîneurs le savent, les joueurs le savent et leurs partisans le savent aussi.

Parce que leurs favoris ont échappé les deux premiers matchs de la série qui les oppose au Canadien, ces partisans quittaient d’ailleurs le Forum avec des airs résignés après la défaite gênante de vendredi soir. Comme s’ils savaient qu’ils venaient d’assister au dernier match à domicile de la saison.

De la façon dont les deux équipes jouent, ces partisans ont bien raison d’être inquiets alors que cette série qu’on prévoyait longue et serrée pourrait finalement être bien courte.

Pas surprenant alors que les joueurs du Ligthning aient tenu une réunion d’équipe après le match.

« Les leaders ont pris la parole et ils devaient le faire, car nous n’avions pas d’intensité sur la patinoire et étions morts sur le banc », a candidement reconnu Cédric Paquette croisé samedi avant l’envolée du Lightning vers Montréal.

S’il est évident que le capitaine Steven Stamkos et les autres leaders du Lightning doivent secouer leurs coéquipiers pour attiser l’émotion qui faisait cruellement défaut en deuxième moitié de match vendredi, ils devraient songer à offrir la parole à leur coéquipier Tom Pyatt.

Bon! Pyatt n’est pas le plus volubile des joueurs du Lightning. Il est même un joueur effacé qui n’a disputé que 27 matchs cette saison et qui a suivi la deuxième partie de la série contre le Canadien du haut de la galerie de presse.

Mais Pyatt sait mieux que tous ses coéquipiers du Lightning que la série n’est pas encore jouée. Que deux victoires arrachées sur la patinoire ennemie en lever de rideau d’une série quatre de sept n’assurent pas un balayage. Pas même une victoire.

Car Pyatt occupait le vestiaire du Canadien lorsque le Tricolore est rentré de Boston avec deux gains surprenant aux dépens des Bruins en première ronde des séries en 2011.

Vous vous souvenez du reste?

Les Bruins ont répliqué avec deux gains consécutifs au Centre Bell, ils ont gagné en prolongation lors du cinquième match à Boston, le Canadien a ensuite nivelé les chances au Centre Bell et les Bruins se sont sauvés avec la série en remportant le match décisif en prolongation.

« Je m’en souviens très bien », a indiqué Pyatt à qui j’ai parlé samedi matin dans un coin du vestiaire du Lightning. Un vestiaire qui était bien tranquille.

« Nous sommes dans le pétrin, c’est évident. Et c’est vrai que le Canadien nous complique la vie pas mal avec la qualité du jeu défensif qu’il déploie sur la patinoire. Mais nous pouvons jouer beaucoup mieux que nous l’avons fait jusqu’ici », a ajouté Pyatt.

Un tas de choses à améliorer

Le Lightning devra mieux jouer s’il souhaite imiter l’exploit réalisé par les Bruins en 2011. Il devra beaucoup mieux jouer considérant qu’en dépit de leur capitaine Steven Stamkos et de quelques autres joueurs de talent, le Lightning est loin de représenter un club aussi dangereux que celui des Oursons de 2011.

Sans oublier que le Canadien se souvient très bien lui aussi de la déconfiture de 2011 et qu’il prendra sans l’ombre du début de commencement de doute tous les moyens nécessaires pour éviter qu’elle se reproduise. Qu’il joue très bien dans toutes les facettes du jeu. Qu’il domine même le Lightning devant le filet, à la ligne bleue et à l’attaque.

« Nous avons un tas de choses à améliorer », a d’ailleurs reconnu l’entraîneur adjoint Rick Bowness qui a pris la relève de son patron Jon Cooper devant les journalistes samedi.

S’il avait à choisir un seul des nombreux aspects à améliorer pour rivaliser avec le Canadien dimanche et mardi afin d’égaler la série, Bowness sélectionnerait le contrôle de la rondelle.

« Notre principale qualité est notre vitesse. Nous avons été incapables d’utiliser cette vitesse lors des deux premiers matchs, car nous avons trop souvent perdu la rondelle. Il faut avoir le contrôle de la rondelle pour orchestrer des attaques et passer du temps dans le territoire ennemi. Le Canadien joue très bien devant nous, particulièrement en zone neutre où il freine nos élans. Mais en multipliant les revirements comme nous l’avons fait lors des deux premiers matchs, nous aidons la cause de l’adversaire. On tente trop des jeux à très haut risque. Il ne faut donc pas nous surprendre que ça ne fonctionne pas. Montréal n’a pas vu notre vrai hockey jusqu’ici dans la série », expliquait Bowness alors que quelques joueurs du Ligthning patinaient derrière lui dans le cadre d’un entraînement facultatif.

Où sont Callahan et Filppula?

S’il est évident que le Lightning est loin de jouer à plein régime, c’est particulièrement évident dans le cas des attaquants Ryan Callahan et Valtteri Filppula qui sont complètement éclipsés par leurs rivaux du Canadien.

Après deux rencontres, les deux principaux joueurs du deuxième trio du Lightning affichent une récolte combinée d’une passe et un différentiel de moins-6…

Si le possible retour au jeu – je dirais même que c’est probable – du jeune Ondrej Palat aidera grandement la cause du Lightning, Callahan et Filppula devront eux aussi se raplomber sans quoi le Canadien ne reviendra pas en Floride ce printemps. Du moins pour y jouer au hockey…

Intimidés par Price et le Centre Bell

Comme s’il n’était pas déjà dans le pétrin avec le recul de 0-2 qu’il accuse face au Canadien, le Ligthning doit maintenant composer avec deux autres facteurs d’intimidation favorisant le Tricolore. Et je ne parle pas ici des poings de George Parros!

Je parle de Carey Price et du Centre Bell.

Jon Cooper assurait après la défaite de vendredi avoir hâte de se retrouver au Centre Bell parce qu’il était convaincu que la frénésie des séries allait secouer son équipe.

Mais attention! Elle pourrait aussi la figer. Comme elle a souvent figé des clubs faisant escale à Montréal.

Remarquez qu’elle pourrait aussi figer le Canadien. Car ça aussi c’est déjà arrivé.

Quand le Centre Bell est derrière son club, on sent les joueurs du Canadien plus grands, plus gros, plus forts, plus vites. On les sent nettement meilleurs.

Mais quand le Centre Bell se rebiffe, les joueurs du Tricolore deviennent alors moins grands, moins gros, moins forts, moins vites… moins bons.

Et c’est exactement ce genre de réactions négatives que l’entraîneur-chef du Lightning espère voir s’installer afin que le Canadien soit ralenti par la pression venant de ses partisans.

« J’ai vécu les deux situations et c’est ce qui rend le fait de jouer là si spécial. Je me souviens des séries en 2010 lorsque nous avons battu Washington et Pittsburgh en première et deuxième ronde. Je n’avais jamais ressenti autant de passion en jouant au hockey. Je me souviens encore des 1000 personnes qui nous attendaient, à notre retour de Pittsburgh, pour célébrer notre victoire lors du septième match. C’était phénoménal. Et ce le sera encore cette année », expliquait Tom Pyatt qui ne considère pas que la réputation du Centre Bell et des partisans qui le font vibrer soit surfaite.

Outre la pression du Centre Bell, celle imposée part Carey Price n’est pas de tout repos non plus.

Encore là, Tom Pyatt qui a côtoyé Price à Montréal pendant qu’il se hissait parmi les meilleurs gardiens de la LNH convient que ce facteur d’intimidation n’est pas surfait lui non plus.

Le Gaspésien Cédric Paquette a d’ailleurs reconnu avoir perdu un brin de sommeil dans la nuit de vendredi à samedi après qu’il eut été victime d’un vol aux mains de Carey Price qui lui a volé un but avec une glissade efficace.

« Carey est maintenant l’un des meilleurs gardiens de la LNH. Il occupe beaucoup d’espace devant son but. On sait tous qu’il est difficile à battre. Et quand tu affrontes ce genre de gardien, tu tentes souvent une feinte de plus pour te donner une chance de le battre. Cette feinte de plus est souvent de trop », reconnaissant Pyatt.

Avec un déficit de 0-2 sur les bras, dominé qu’il est dans toutes les facettes du jeu, avec un Carey Price intimidant devant son filet et un Centre Bell plus intimidant encore où il posera les patins dimanche soir, le Ligthning est vraiment dans le pétrin.

Oui les Bruins de 2011 et l’exploit qu’ils ont réalisé en comblant un recul semblable pour finalement se sauver avec la victoire pourront servir de source de motivation.

Mais ça prendra bien plus pour y arriver.

À défaut d’un retour miraculeux de Ben Bishop devant le filet, peut-être qu’un S.O.S. lancé à Kristers Gudlevskis aiderait à amorcer la difficile ascension qui attend le Lightning pour se sortir du trou dans lequel il est tombé.

Mais si le Lightning ne joue pas mieux devant Gudlevskis qu’il n’a joué devant Lindback lors des deux premiers matchs, s’il ne joue pas mieux que le Canadien, cette série sera terminée mardi.