Brendan Gallagher met toujours la pédale au plancher
Canadiens mardi, 27 mars 2018. 16:35 jeudi, 12 déc. 2024. 19:08Les 30 buts marqués cette saison par Brendan Gallagher constituent une surprise, et pour imager la chose, je dirais en bon Québécois que c'est un « plaster sur la plaie. »
Cette performance est encourageante autant pour les amateurs que pour la direction. Gallagher est un jeune vétéran qui n'a jamais abdiqué dans son travail, dans ses émotions et dans ses intensités. Je ne vois pas comment un autre joueur du Canadien pourrait être nommé le joueur de l'année à Montréal. Il est l'image du Canadien pour le travail, le comportement, l'implication et en leadership.
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Le style de jeu pratiqué par le numéro 11 pourrait être propice à lui causer des blessures, mais malgré un gabarit moyen, il ne recule jamais. D'ailleurs, il suffit de regarder comment ont été marqués ses 29e et 30e buts de la campagne. On dirait que la rondelle le touche partout parce qu'il va se stationner devant le filet. Mais quand tu te positionnes en face du gardien, tu es plus à risque de te blesser.
Si Gallagher parvient à éviter les blessures, qu'il joue sur un deuxième trio et qu'il marque entre 20 et 25 buts, ce sera mission accomplie. Cette saison, c'est déjà mission accomplie avec un bonus. On ne peut pas dire qu'il a produit du fait qu'il a moins de pression parce que le Canadien est éliminé d'une place en séries. Succès d'équipe ou non, il joue toujours la pédale au plancher.
Si Max Pacioretty avait produit comme il le fait d'habitude avec environ 35 buts et que Carey Price avait fait les arrêts que l'on est en droit d'attendre de sa part, le Canadien aurait pu avoir un destin différent ce printemps grâce à la performance de Gallagher.
À mes yeux, l'attaquant est un deuxième ailier droit dans la hiérarchie du club. L'an prochain, je le vois très bien avec Alex Galchenyuk à gauche et Phillip Danault au centre. Si Galchenyuk peut procurer entre 25 à 30 buts au club, que Danault peut faire mouche entre 15 et 18 fois et que Galagher ajoute 20 à 25 buts, on dira que c'est un excellent deuxième trio.
La motivation?
Je sais que le Canadien ne participera pas aux séries et qu'il ne reste que cinq parties au calendrier régulier, mais les joueurs se doivent d'agir comme des professionnels. Je comprends que les gars ne veulent pas se blesser, mais quand le match commence, les gars doivent donner leur meilleur d'eux-mêmes. Parfois, c'est en cherchant à éviter une blessure qu'on se blesse. L'athlète a donc intérêt à ne rien changer.
Contre les Red Wings de Detroit, on a vu Gallagher bloquer un tir avec 20 secondes à écouler au risque de subir une fracture alors qu'il aurait bien pu s'enlever de la trajectoire.
Le joueur doit agir en professionnel et ne pas oublier qu'il est payé pour faire ce qu'il doit faire. Autrement, il triche et vole son employeur. Je suis persuadé que des gars comme Gallagher ou Pacioretty ne tomberont jamais dans la catégorie des tricheurs. Comme l'a dit Claude Julien, la responsabilité des gars est de bien jouer et d'appliquer le système de jeu préconisé.
Julien est toujours motivé malgré le sort qui attend son équipe, mais il doit être tanné de répondre aux médias parce qu'il ne sait plus quoi dire. Du point de vue hockey, la prochaine saison est en préparation. Dans son bureau, un grand tableau droit trôner sur le mur où il prépare ses combinaisons pour la campagne qui vient ou encore s'interroger sur certains joueurs qui ne répondent pas aux attentes.
Je pense que Julien se motive en voyant ce qu'il pourra faire l'an prochain et tente d'oublier l'actuelle saison.
Le retour de Carey Price
On sent que le gardien Carey Price est en progression depuis son retour au jeu à la suite d'une commotion cérébrale. Si j'avais été dans la peau de l'entraîneur, je lui aurais demandé simplement qu'il progresse et qu'il parte en vacances avec une dose de confiance pour qu'il revienne en force en septembre.
Ce n'est pas dramatique qu'il accorde un mauvais si ça fait partie de sa progression parce que la saison ne veut plus rien dire. L'important est de voir une progression à chacun des matchs. On le sentait nerveux lors de son premier match et il a accordé de mauvais buts. Qu'il donne un mauvais but à chaque dix matchs, ce n'est pas très grave. C'est plutôt inquiétant de le voir faire des cadeaux tous les matchs comme c'est le cas actuellement.
Je sais que les amateurs se posent des questions concernant le poste de deuxième gardien pour l'an prochain. Il y a Antti Niemi et Charlie Lindgren sur les rangs. Niemi sera libre à la fin de la saison alors que Lindgren est sous contrat. Si j'étais le patron du club, j'offrirais un contrat d'un an à Niemi. Qu'on lui donne environ un million par saison comme on l'a fait pour Alexander Semin, Ales Hemsky ou Mark Streit par exemple. Marc Bergevin avait déclaré que ça n'avait pas fait mal à l'organisation alors je pense que l'équipe peut vivre avec ce type de rémunération.
Niemi a fait du bon travail depuis son arrivée à Montréal et si jamais le Canadien voulait s'en débarrasser, il pourra se retrouver au ballottage. S'il est réclamé, comme c'est arrivé quelques fois cette saison, l'autre club prendra son salaire en charge.
Sa nomination chez le Canadien au trophée Bill-Masterton est totalement justifiée. Niemi pourrait recevoir deux récompenses. La première est sa nomination et la deuxième pourrait être un contrat. Ce serait étrange de laisser filer un joueur identifié comme celui qui a réalisé le retour de l'année dans ton club.
Niemi a été malmené cette saison en déménageant à quelques reprises. Il en est déjà à sa troisième équipe après des escales à Pittsburgh et en Floride, mais il a démontré une grande force de caractère en se relevant après avoir trébuché.
Le trophée Jacques-Beauchamp
À la fin de la saison, on va attribuer le trophée Jacques-Beauchamp au joueur qui a excellé dans l'ombre sans toujours recevoir d'honneur particulier. On qualifie aussi ce trophée de quatrième étoile.
Il y a quelques candidats de choix au sein de l'équipe. J'en vois quatre; Charles Hudon, Nicolas Deslauriers, Paul Byron et Antti Niemi.
Mon choix serait Nicolas Deslauriers. Comme entraîneur, j'aurais besoin d'un joueur comme lui. Un gars qui peut aller mettre le feu. Il ressemble un peu à Steve Bégin, mais en plus gros.
J'aime son style pour le quatrième trio et comme entraîneur, je n'aurais aucune inquiétude à le placer sur la troisième ligne en cas de blessure. C'est important d'avoir un joueur polyvalent comme lui dans une équipe.
*propos recueillis par Robert Latendresse