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Cent quarante-deux jours après s’être retrouvé en vacances hâtives avec son revers de 3-1 aux mains des Rangers de New York, le Canadien reprend vie ce matin.

Bon! Il reprend vie lentement dans le cadre de son tournoi de golf. Mais il reprend vie quand même.

Normalement, un vent d’optimisme souffle le Canadien en poupe dans le cadre de cette rencontre annuelle au cours de laquelle les joueurs débarquent pimpants et confiants.

Après un été morose au cours duquel les nuages ont dominé le ciel et aussi les espoirs des amateurs, on est loin de sentir l’optimisme habituel. On dirait même que le vent souffle fort cet automne, et qu’il souffle en proue.

Le départ d’Alexander Radulov vers Dallas et celui d’Andrei Markov qui est retourné dans sa Russie natale semblent peser plus lourd dans l’espoir collectif que l’arrivée de Jonathan Drouin et la signature à très long terme de Carey Price.

La certitude de compter sur l’un des meilleurs gardiens au monde pour les huit prochaines années et l’arrivée d’un vrai joueur offensif capable de non seulement animer le spectacle, mais de récolter des points, devrait pourtant attiser de l’espoir.

Mais non! Les nombreuses conversations qui ont marqué les quatre derniers mois tournaient bien plus sur Radulov et Markov que sur Drouin, Price et Karl Alzner qui viendra renflouer la ligne bleue.

Est-ce normal?

Un peu oui. Un peu, parce que la perte de Markov fait mal. C’est évident.

L’arrivée d’Alzner ne permettra pas de pallier la perte du vétéran défenseur russe. Alzner est un bon joueur de hockey. Mais il n’a pas le talent de Markov, son aisance en toute situation et bien sûr son expérience.

La perte de Markov mettra plus de pression encore sur Shea Weber qui est capable d’en prendre, mais qui ne peut tout faire seul.

Pis encore, pour le Canadien, la transaction qui a envoyé Mikhail Sergachev à Tampa Bay pour obtenir Jonathan Drouin prive le Canadien d’un solide espoir capable de susciter de l’espoir et surtout de l’assumer.

Pour cette raison, et bien d’autres, j’aurais donc préféré que le Canadien s’assure de garder Markov à Montréal. Même à fort prix. Peut-être même pour deux ans.

Mais bon! Il est parti. Et ce départ laisse un trou béant sur le flanc gauche qui, à l’aube de la saison, devient le maillon faible du Tricolore.

Et Radulov?

À mes yeux, la perte de Markov est plus difficile à combler que celle de Radulov.

Parce qu’il est spectaculaire, parce qu’il est intense, parce qu’il donne aux partisans ce qu’ils aiment voir, Radu s’est vite hissé au rang de super étoile à Montréal l’an dernier. On ne pourra jamais oublier les élans de Radu-Love...

Ses prouesses en début de saison et le fait qu’il ait connu une bonne fin de saison et qu’il ait été le seul à s’illustrer à l’attaque en séries face aux Rangers ont fait oublier ses longs passages à vide en saison régulière.

Ses performances, et l’absence de joueurs d’impact pour lui faire compétition, lui ont aussi, et surtout, permis de faire sauter la banque par le biais du marché des joueurs autonomes.

« On a perdu Radu » que les partisans du CH ont scandé pendant les jours, voire les semaines qui ont suivi sa mise sous contrat par les Stars de Dallas. Des Stars qui ont accepté de lui donner un contrat de six ans d’une valeur globale de 31,250 millions $.

Le tollé a été tel que Marc Bergevin et le Canadien ont été obligés de faire circuler la nouvelle selon laquelle ils avaient offert exactement le même contrat que les Stars. Que c’est Radu qui a décidé de quitter le Canadien et non le Canadien qui a décidé de couper les ponts avec Radulov.

Personnellement, j’aurais critiqué davantage le Canadien s’il avait consenti ce contrat à Radulov.

Radulov connaîtra une solide saison à Dallas cette année. Avec Seguin, Benn – Jamie et non Jordie – et Spezza pour lui offrir des occasions de marquer, Radulov moussera sa production offensive. À moins d’une blessure, je suis convaincu qu’il récoltera bien plus que les 54 points qu’il a récoltés l’an dernier à Montréal.

Mais après?

La feuille de route de Radulov permet de croire qu’il baissera de régime. Qu’une fois les poches pleines et l’importance de faire bonne première impression passée, il peinera à justifier le salaire et les années que les Stars lui ont donnés.

Oui, il restera spectaculaire. Oui il marquera de gros buts de temps en temps, mais méritera-t-il pareil contrat?

C’est loin d’être sûr.

Des chiffres semblables à Plekanec

En passant, j’aimerais attirer votre attention sur les 54 points que Radulov a récoltés la saison dernière. Cette récolte lui a valu un statut de grande vedette offensive à Montréal.

Et c’est tant mieux.

Pourtant, un gars bien plus tranquille, bien moins flamboyant comme Tomas Plekanec, s’est toujours fait critiquer pour son manque de production offensive alors qu’il présentait des statistiques similaires.

L’an dernier, Plekanec a piqué du nez sur le plan offensif. C’est indéniable. Même que par moment, sa saison misérable de 10 buts et 28 points faisait presque pitié.

Mais en dépit de cette saison de 28 points, Plekanec affiche une récolte moyenne de 53 points – ses 33 points récoltés lors de sa saison écourtée de 2012-2013 ont été convertis en 57 sur une base de 82 matchs – au fil des huit dernières années.

Lors des 15 dernières saisons, soit depuis qu’il a fait le saut avec le Canadien sans jamais retourner dans la ligue américaine, Plekanec a maintenu une récolte annuelle moyenne de 52 points et des poussières.

En plus, il a toujours été le centre qui devait remplir les rôles les plus importants sur le plan défensif.

Malgré tout, on lui est tombé sur le dos sans retenue pour dénoncer ses piètres performances. Sa grande timidité offensive. Sans oublier le contrat de trois ans à 6 millions $ par année qui lui a valu d’être cloué au pilori.

Mais pour Radu, c’était correct?

Je ne vous dis pas que Plekanec est tombé dans la fontaine de Jouvence cet été ou même dans un baril de potion magique et qu’il fera à lui seul oublier Radulov.

Ça non.

Mais je vous dis que le côté spectaculaire de Radulov a moussé sa popularité de façon presque démesurée. Ce qui lui a permis de signer un contrat démesuré, plus encore sur le plan des années que sur celui des millions $.

Les séries : oui ou non?

Une fois la journée de golf terminée, une fois le camp d’entraînement et les matchs préparatoires complétés, on verra si les partisans ont raison d’afficher la morosité remarquée au cours de l’été.

Pour le moment, il est trop tôt pour conclure quoi que ce soit.

Trop tôt, parce qu’il est clair, du moins je l’espère, que Marc Bergevin renflouera son équipe sur le flanc gauche de la défensive et aussi un brin à l’attaque.

Parce que ses adversaires directs dans la division atlantique se sont améliorés –Tampa retrouvera Stamkos, les Panthers seront meilleurs que l’an dernier, les Leafs seront menaçants et à prendre au sérieux, tout comme les Sénateurs à l’autre bout de la 50, Bergevin ne peut croire béatement aux chances que son équipe sera des séries le printemps prochain.

Mais voilà : avec encore près de 8,5 millions $ à dépenser pour se rendre à la limite permise par le plafond, le directeur général du Canadien a les moyens financiers de s’améliorer.

Le marché des joueurs autonomes n’offre pas grand-chose en ce moment. Il n’offrait pas grand-chose en juillet dernier...

Je crois donc que c’est par le biais d’une transaction que Bergevin donnera des munitions à Claude Julien et ravivera les espoirs des partisans à l’endroit de leur équipe.

Qui sera obtenu? Quand viendra cette transaction?

L’avenir nous le dira bien assez vite.

Bergevin devra être clairvoyant. Il devra éviter de succomber à la pression des fans, de paniquer et de bouger trop vite en ratant son coup. Mais il devra aussi éviter de trop attendre, car avec la compétition féroce qui s’annonce autour du Canadien dans sa division d’abord et dans son association ensuite, un trop long retard pourrait être synonyme d’un retour hâtif en vacances le printemps prochain.

Peut-être même d’un retour en vacances plus hâtif encore, tant les séries seront difficiles à atteindre.

Oui ou non le Canadien en séries?

Tout dépendra de ce que Bergevin obtiendra en guise de dividendes avec les investissements qu’il effectuera avec les 8,5 millions $ qu’il a encore à sa disposition.

On aura des mois pour en parler.

Mais aujourd’hui. On joue au golf.

Fore!