Quelques belles luttes s'annoncent chez le Canadien lors de ce camp d'entraînement. Dans un premier temps, il faudra voir comment Alex Galchenyuk va se débrouiller au centre. Il faudra avoir à l'oeil Jiri Sekac, qui a choisi de signer à Montréal même s'il était courtisé par plusieurs formations de la LNH.

De passage à l'Antichambre cette semaine, le directeur général du Canadien Marc Bergevin a montré qu'il était un gars intelligent. Il nous a expliqué qu'il n'avait fait aucune promesse à Sekac, qui n'est pas assuré d'une place dans l'équipe. Le D.G. a expliqué que ce n'était pas son style de prendre ce genre d'engagements et c'était bien mal le connaître que de penser qu'il agirait de la sorte. Le patron ne tient pas à passer pour un incompétent s'il se rendait compte que Sekac n'était pas encore tout à fait prêt pour la LNH.

Dans le fond, il a dit à Sekac de venir jouer à Montréal en lui garantissant qu'il serait bien payé s'il jouait avec le gros club. Et s'il n'est pas tout à fait prêt, il n'y a pas de mal à l'envoyer 15-20 parties avec les Bulldogs de Hamilton dans la LAH. Lors du camp des recrues, il était tout à fait normal qu'il soit une coche devant tout le monde parce qu'il jouait avec des juniors, lui qui a passé les trois dernières années en KHL. Maintenant, on va le comparer aux joueurs de la LNH.

À la ligne bleue, la confrontation en Nathan Beaulieu et Jarred Tinordi s'annonce intéressante. Si j'étais un entraîneur chez le Canadien, ce sont ces trois luttes qui me préoccuperaient le plus. À la place de Michel Therrien, je souhaiterais que Beaulieu et Tinordi méritent leur place dans le club parce que le premier amène de l'offensive alors que le deuxième apporte du jeu défensif et de la robustesse.

Les jeunes qui luttent pour une place dans la formation ont tout intérêt à se défoncer parce que les trous dans la formation sont vraiment peu nombreux. Il y a Sekac, Tinordi et Beaulieu qui ont des chances de mériter un siège dans le vestiaire. Bergevin est coincé avec beaucoup de contrats. Il ne faut pas oublier également que le Canadien a laissé partir beaucoup de leadership durant la saison morte avec Josh Gorges et Brian Gionta. Ça veut dire qu'il faut bien s'occuper des gars qui restent comme Travis Moen et Brandon Prust notamment.

Il faut bien traiter ses vétérans, car si un gars comme Moen est destiné à être le 13e attaquant de l'équipe, il serait préférable de l'échanger.

Le camp permet d'assister à de belles rivalités. C'est tellement important que cette rivalité existe pour garder tous les joueurs sur un pied d'alerte. Un gars comme Lars Eller par exemple va-t-il accepter d'être muté à l'aile si Galchenyuk fait le travail au centre? Ça force tout le monde à élever son jeu d'un cran pour garder son poste. Si Galchenyuk est vraiment au centre, ce sera au boss Bergevin à prendre les décisions.

L'an dernier, peu d'observateurs voyaient Michaël Bournival se tailler une place dans l'alignement. Bergevin a toujours dit aux jeunes joueurs de lui forcer la main pour les garder et avec Bournival, on a vu que le patron n'avait qu'une parole et il lui a fait de la place.

Cette année, rien n'est joué pour Bournival qui doit encore gagner son poste. C'est la loi du sport.

Andrei Markov est encore dans l'élite

Lors de son passage à l'Antichambre, l'ancien défenseur de la LNH, Éric Desjardins, a déclaré qu'Andrei Markov n'avait plus les ressources pour évoluer contre les meilleurs trios adverses. Dans un premier temps, je respecte l'opinion d'Éric parce qu'il a été un très bon arrière, mais si le Canadien n'a pas Markov, qui va-t-il mettre à sa place? Cette question va revenir constamment.

À l'heure actuelle, il est difficile de prédire quels seront les duos en défensive du Canadien cette saison. De toute façon, il est trop pour faire des prédictions parce que le camp est beaucoup trop jeune. Michel Therrien va faire plusieurs expériences avant de prendre des décisions.

À mon avis, Andrei Markov est encore parmi les 20 meilleurs défenseurs de la LNH. Si Bergevin lui a donné un nouveau contrat de trois ans, c'est parce qu'il estime qu'il va se présenter encore. L'an dernier, le 79 a eu une très bonne saison régulière, même s'il a un peu ralenti pendant les séries comme bien d'autres. Markov, à mes yeux, demeure un joueur intelligent, un excellent passeur et il connaît très bien son hockey.

À P.K. Subban de gérer ses énergies

P.K. Subban aura fort probablement de nouvelles responsabilités. Pour bien s'en acquitter, il devra apprendre à bien gérer ses énergies. L'an dernier, son temps de glace était d'environ 24 minutes par partie et son utilisation pourrait monter de quelques minutes, ça voudra alors dire qu'il jouera en désavantage numérique. Mais P.K. devra faire preuve d'intelligence et de maturité.P.K. Subban

En avantage numérique, il peut bien rester 1:40 sur la patinoire, mais en désavantage numérique, il ne doit pas rester plus de 45 secondes. S'il reste trop longtemps sur la glace lors des infériorités numériques, c'est l'attaque massive qui va finir par en souffrir. Nicklas Lidstrom, l'ancien des Red Wings, est le meilleur exemple à suivre pour P.K. Lidstrom jouait près de 30 minutes par partie et on ne le voyait pas sur la patinoire, mais il était tellement efficace dans toutes les situations. Subban doit grandir dans la maturité.

Il a 25 ans et il faut que les entraîneurs lui montrent comment gérer son temps. Ça démontre toute l'importance que la communication soit bonne entre tous, mais je pense sincèrement que P.K. est assez intelligent pour comprendre rapidement comment ça marche.

*propos recueillis par Robert Latendresse