Trois victoires qui font grand bien au Canadien
Canadiens dimanche, 5 nov. 2017. 21:54 mercredi, 11 déc. 2024. 07:54À l’aube du voyage difficile au cours duquel il allait croiser les Sénateurs, le Wild, les Jets et les Blackhawks tour à tour samedi et dimanche, le Canadien se devait de gagner trois de ses quatre matchs pour revenir dans la course aux séries éliminatoires.
Il peut dire mission accomplie.
Pour être franc, je croyais qu’une récolte de trois points était beaucoup plus plausible qu’une récolte de trois gains.
Mais comme il l’a fait souvent au cours des dernières années, le Canadien a repris vie alors qu’on le croyait agonisant. Il s’est aussi, et surtout, relevé contre des adversaires qui semblaient pas mal plus forts que lui. Non seulement a-t-il battu de gros adversaires, mais il les a battus sans Carey Price qui a encaissé la seule défaite du voyage.
C’est bien pour dire...
Al Montoya a gagné à Ottawa et à Winnipeg et dimanche, Charlie Lindgren venu en relève s’est imposé pour battre les Blackhawks à Chicago où le Canadien n’avait pas gagné depuis février 2002.
Même si le duel Canadien-Hawks s’est déroulé dans l’ombre de la transaction qui a envoyé Matt Duchene à Ottawa, Kyle Turris à Nashville et une flopée d’espoirs dont le défenseur québécois Samuel Girard à l’Avalanche du Colorado – j’analyse la transaction plus loin dans le texte – Lindgren a disputé un fort match. Ses 38 arrêts en témoignent avec éloquence. Mais au lendemain d’une victoire à Winnipeg, une victoire éreintante au cours de laquelle Claude Julien a surexploité ses meilleurs éléments, le Canadien a disputé un solide match sur la route. Un match inspiré. Intense. Un match bien dirigé alors que Claude Julien a maximisé le rendement de ses joueurs en contrôlant habilement leur temps d’utilisation.
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Est-ce que les victoires de Montoya et Lindgren combinées à la défaite encaissée par Price relanceront les débats émotifs, voire explosifs, sur la situation des gardiens à Montréal?
C’est clair! De fait, c’est déjà commencé alors que plusieurs partisans – qui sont aussi sans doute un peu des détracteurs du gardien numéro un – réclament déjà le départ par transaction de Price et de son gigantesque contrat qui entrera en vigueur l’an prochain seulement.
Quand Price reviendra devant le filet, qu’il signera quelques victoires et redeviendra le gardien qu’il doit être pour que le Canadien gagne, la folie passagère associée au débat sur les gardiens s’estompera.
Mais d’ici là, on entendra et lira toutes sortes de commentaires qui feront rire... ou pleurer!
De retour au Centre Bell où il disputera ses six prochains matchs, le Canadien se réveille donc avec 13 points au classement.
La bonne nouvelle : il se réveille aussi à trois points des Maple Leafs de Toronto et du troisième rang de la division atlantique, le dernier rang qui donnera un accès direct aux séries le printemps prochain.
Bon! Les Bruins de Boston affichent eux aussi 13 points, mais ils ont trois matchs en mains sur le Canadien.
Dans le portrait d’ensemble, le Canadien qui affiche une récolte 13 points sur les 30 à l’enjeu lors des 15 premières rencontres a donc besoin de 82 points pour se rendre au seuil de 95 points. La moyenne récoltée par les deuxièmes clubs repêchés dans l’Est au cours des cinq dernières saisons.
Une récolte de 82 points sur les 134 encore disponibles signifie que le Canadien doit jouer pour ,611 d’ici la fin de la saison.
Oui ça semble gros.
Mais les trois victoires signées au cours des quatre derniers matchs permettent de ne pas se laisser trop impressionner par le portrait global qui fait encore un peu peur.
Mes observations en marge de cette très rare victoire du Canadien à Chicago :
- Lindgren demeure invaincu
- Galchenyuk maintient la cadence
- La force tranquille de Weber
- Shaw s’impose encore
- Retour sur la transaction Sens-Avs-Preds
Chiffre du match 0 : Charlie Lindgren a signé son premier jeu blanc en carrière. Il a offert au Canadien son premier gain par jeu blanc cette saison. Jonathan Drouin a stoppé à 173 minutes 9 secondes la séquence parfaite du gardien québécois Corey Crawford qui a d’ailleurs encaissé son premier revers en temps réglementaire (8-1-2) à son 11e duel en carrière contre Montréal.
Lindgren demeure invaincu
Aux yeux de Claude Julien, la décision de préférer Charlie Lindgren à Al Montoya pour affronter les Blackhawks dimanche à Chicago allait de soi. Il voulait un gardien reposé pour donner une chance de gagner à une équipe fatiguée.
La victoire et la performance de Lindgren ont donné raison à Julien. Car Lindgren a eu le dessus de Corey Crawford qui était de retour devant la cage des Hawks moins de 24 heures après sa victoire par jeu blanc aux dépens du Wild du Minnesota.
Lindgren a été bon en ce sens qu’il a stoppé tous les tirs des Hawks. Il a réalisé de très bons arrêts. Il a aussi été chanceux par moment. Il a même été dépassé par les événements comme on l’a vu en fin de troisième période alors qu’il s’est retrouvé le nez devant le filet et le dos au jeu alors que Hawks bourdonnaient.
Lindgren s’est bien battu. Très bien même. Il s’est aussi pas mal débattu. Mais bon! Il a gagné. Par jeu blanc en prime.
Ce qui fait qu’il est maintenant invaincu en quatre sorties dans la LNH avec une moyenne de but alloué par match de 1,24 et une efficacité de 96 %.
Est-ce qu’il mérite un autre départ rapidement avec le Canadien et non avec le Rocket? Bien sûr.
Est-ce qu’il mérite de passer devant Montoya comme auxiliaire? Cette transition viendra peut-être un jour, mais il est trop tôt pour la mettre en branle.
Est-ce qu’il oblige Marc Bergevin à offrir Carey Price au plus offrant pour mieux dépenser les 84 millions $ engloutis dans son prochain contrat et doter le Canadien d’un gros joueur de centre et d’un solide défenseur pour appuyer Shea Weber?
Après seulement quatre victoires dans la LNH? Ça manque un brin de sérieux... Peut-être même deux!
Galchenyuk maintient la cadence
J’ai beaucoup aimé la performance d’Alex Galchenyuk au sein du premier trio dimanche à Chicago.
Non il n’a pas marqué. Mais on a senti Galchenyuk beaucoup plus à l’aise en compagnie de Jonathan Drouin dimanche. Les signes intéressants perçus à Winnipeg se sont vérifiés à Chicago. Ce qui est de très bon augure pour tout le monde.
Car si une complicité s’installe entre Galchenyuk et Drouin – une meilleure que celle qu’on a longtemps attendue avec Max Pacioretty – ce premier trio donnera des résultats nécessaires aux succès du Tricolore.
On a d’ailleurs eu de beaux flashs de cette éventuelle complicité d’abord sur le but de Drouin que Galchenyuk a préparé en offrant une passe qui a permis à son joueur de centre d’exploser en vitesse en zone ennemie avant de marquer. On l’a vue aussi sur quelques beaux échanges qui ont permis au trio complété par Lehkonen de passer du temps de qualité autour de Corey Crawford.
Comme tout entraîneur-chef dans la LNH, voire dans n’importe quel autre sport professionnel, Claude Julien veut gagner. Il mise donc sur les éléments qui le convainquent le plus d’avoir des chances de gagner. En jouant comme il l’a fait lors des deux derniers matchs, Galchenyuk s’assure de maintenir sa place au sein d’un premier trio qui lui va beaucoup mieux que le quatrième.
À lui de maintenir la cadence et de convaincre son coach et l’ensemble de l’état-major que cette place est bel et bien la sienne.
La force tranquille de Weber
Shea Weber a passé près de 28 minutes sur la glace du United Center dimanche soir. Ajoutez à cette éreintante soirée de travail les 29 minutes et des poussières passées à Winnipeg samedi, et vous obtiendrez un temps d’utilisation total de 57 min 3 sec pour Weber en deux rencontres.
C’est des minutes en Simonac!
Mais Weber a survolé ces minutes sans problème. Ce qui impressionne le plus dans le cas de Weber, c’est justement le fait qu’il soit sur la patinoire aussi souvent et aussi longtemps, qu’il soit impliqué dans autant de jeux importants tout en demeurant discret.
Exception faite de son puissant tir frappé qui attire grandement l’attention, les faits et gestes de grande qualité multipliés par Weber sur la patinoire demeurent assez discrets.
Il revendique pourtant sept passes à ses cinq derniers matchs. Il a cadré neuf tirs au cours des matchs disputés à Winnipeg et Chicago en fin de semaine. Il assène des mises en échec qui n’attirent pas l’attention, mais qui font mal à ses adversaires.
Bien qu’on lui ait confié une verte recrue comme Victor Mete et qu’il ait aussi à «trainer» des partenaires comme Jordie Benn et Karl Alzner, Weber est 4e chez les défenseurs de la LNH avec 41 mises en échec et 26 :26 de temps moyen d’utilisation par match. Il est aussi cinquième dans la Ligue avec ses 48 tirs cadrés et ses 38 tirs bloqués.
Tout ça sans fla-fla, sans esclandre, sans coup de gueule ou coup d’éclat.
Une véritable force tranquille.
Shaw s’impose encore
S’il est clair que Victor Mete, malgré un ralentissement normal et évident, représente la plus belle surprise du début de saison chez le Canadien on peut ajouter qu’Andrew Shaw représente la révélation.
Encore dimanche, le vétéran ailier droit a été un élément important dans la victoire du Canadien. Il a ajouté une passe aux deux buts marqués samedi. Il revendique trois buts et six points à ses cinq derniers matchs.
Mais plus encore que ses statistiques intéressantes, c’est l’implication de Shaw dans les trois zones qui font de lui un joueur important depuis que Claude Julien l’a réuni à Max Pacioretty et Phillip Danault.
Shaw paie le prix devant le filet adverse. Il dérange les gardiens. Il encaisse des coups. Il met «sa vie» en danger alors qu’il se trouve directement dans la ligne de tir de Shea Weber lorsqu’il décoche ses boulets en direction du filet adverse. Mettez-en qu’il faut être un peu fou pour remplir ce rôle ingrat.
Shaw multiplie les petits détails dont un trio a besoin pour connaître du succès. Dont une équipe a besoin pour gagner.
Vrai que le Canadien a payé chèrement l’acquisition de Shaw par le biais d’une transaction avec les Hawks – deux choix de deuxième ronde – et qu’il a été généreux en années (six ans) et en dollars (23,4 millions $) à l’endroit du plombier de luxe, mais pour le moment, le plombier fait bien plus que déboucher des tuyaux…
Retour sur la transaction Sens-Avs-Preds
Depuis le temps que Matt Duchene voulait quitter Denver – il a réclamé une transaction à Noël la saison dernière – son souhait a finalement été réalisé.
Voilà Duchene avec les Sénateurs d’Ottawa.
Il remplacera Kyle Turris au centre du premier trio alors que Turris se retrouve à Nashville.
En guise de compensation, l’Avalanche reçoit des Sénateurs son premier choix du dernier repêchage, Shane Bowers, un centre qui affiche quatre buts et six points en 10 matchs cette année avec Boston U, son premier choix en 2018 – les Sens peuvent garder ce choix s’ils sélectionnent dans les 10 premiers ce qui voudra dire que l’Avalanche obtiendra le premier choix d’Ottawa en 2019 peu importe le rang de sélection – et le troisième choix en 2019.
Les Sens larguent aussi le contrat d’Andrew Hammond qu’ils payaient 1,5 million $ dans la Ligue américaine et qui occupait 325 000 $ sous le plafond dans la LNH.
L’Avalanche obtient aussi, et surtout, de Nashville le défenseur québécois Samuel Girard, un espoir nommé Vladislav Kamenev – un choix de 2e ronde en 2014 qui a récolté 51 points en 70 matchs à Milwaukee l’an dernier – et le choix de 2e ronde des Preds l’été prochain.
Qui a gagné?
Matt Duchene gagne, car il part de Denver. À court terme, les Sénateurs d’Ottawa gagnent aussi puisqu’ils obtiennent le meilleur joueur de la transaction. Du moins, celui qui a la meilleure réputation. Est-ce que Duchene, maintenant libéré de l’Avalanche, redeviendra le joueur étoile qu’il était?
C’est la grande question.
Si la réponse est oui, les Sénateurs seront heureux et ils accepteront de payer les 6 millions $ à verser au centre de 27 ans cette année et encore l’an prochain.
Mais seront-ils en mesure d’offrir à Duchene un contrat qui sera sans l’ombre d’un doute aussi élevé, sinon plus, que celui qu’ils refusaient de consentir à Kyle Turris?
Et si Duchene ne se raplombe pas et qu’il quitte dans deux ans?
Le directeur général Pierre Dorion aura eu le mérite d’essayer quelque chose pour faire de son club un club capable de lorgner la coupe Stanley.
À Nashville, David Poile aide une fois encore ses Predators. Vulnérables en séries l’an dernier après la perte de leur centre numéro un Ryan Johansen, les Preds ont maintenant une très solide ligne de centre avec Johansen, Turris et Nick Bonino derrière eux.
En acceptant d’offrir illico à Turris un contrat que les Sénateurs refusaient de lui offrir – 36 millions $ pour six ans – les Preds ont maintenant de la stabilité à l’attaque et à la ligne bleue avec Johansen, Turris, Forsberg, Arvidson, Jarnkrok, Bonino, Subban, Josi et Ekholm tous sous contrat à long terme.
Déjà à prendre au sérieux, les Preds le sont un peu plus avec Turris au centre du deuxième trio.
Et l’Avalanche?
À long terme, la patience de Joe Sakic qui a refusé de donner Matt Duchene pourrait faire de l’Avalanche le grand gagnant de la transaction.
Samuel Girard donnera des dividendes immédiats au Colorado où il devient le quatrième défenseur de l’équipe derrière Erik Johnson, Tyson Barrie et Nikita Zadorov.
L’avenir nous dira ce que Shane Bowers et Vladislav Kamenev offriront à l’Avalanche. Mais les Sénateurs comme les Preds ont réussi de très bons coups historiquement par le biais du repêchage.
Et c’est justement par le biais des choix de première, deuxième et troisième rondes que l’Avalanche pourra faire basculer à son avantage cette transaction si les dépisteurs profitent de ces sélections supplémentaires pour faire de grands coups au lieu de se contenter de coups fourrés.
Mais pour l’instant, les Sénateurs, les Predators et même l’Avalanche ont bien raison d’être fiers et satisfaits de la méga transaction qui s’est finalisée en plein match Colorado-New York Islanders à Brooklyn. Une transaction qui a obligé Duchene à quitter l’Avalanche en pleine première période lorsqu’il a retraité au vestiaire pour se doucher et se changer avant que ses anciens coéquipiers ne rentrent au vestiaire pour le premier entracte...