S’il est encore trop tôt pour claironner que le Canadien est trop fort pour la ligue, il ne faisait pas de doute hier soir que le Tricolore était trop fort pour les Leafs.

Trop fort, trop rapide, trop organisé, trop tout, le Canadien a remporté un gain sans appel de 4-2. C’était la cinquième victoire en six matchs des hommes de Michel Therrien qui n’ont encaissé qu’un seul revers en temps réglementaire (7-1-0-2) à ses dix derniers matchs.

Exception faite de la séquence de 22 secondes au cours de laquelle ils ont marqué deux buts et de quelques rares élans ça et là, les Leafs n’ont jamais été dans le coup.

Le Canadien a imposé le rythme dès les premiers coups de patin.

Max Pacioretty, qui a disputé un autre très fort match, a contourné le défenseur Carl Gunnarsson qui a été contraint d'écoper une pénalité pour éviter que Pacioretty ne file en échappée.

L’as marqueur du Canadien s’est vite repris. Trente-huit secondes après le début de l’attaque massive, Pacioretty a profité d’une passe savante de P.K. Subban pour obtenir une longue échappée au terme de laquelle il a déjoué Jonathan Bernier.

Le gardien québécois qui disputait son premier match face au Canadien à Montréal dans l’uniforme des Leafs – son deuxième seulement en carrière – a d’abord stoppé Pacioretty avec la jambière gauche. En raison de la lenteur du défenseur Mark Fraser dans son repli, l’attaquant du Canadien a pu se reprendre une première fois et même une deuxième avant de finalement déjouer Bernier.

Après 58 secondes, le Canadien menait déjà 1-0.

Les Leafs auraient pu niveler les chances. Mais parce que James van Riemsdyk avait au moins un patin dans la zone réservée au gardien et qu’il a gêné Carey Price, l’arbitre Chris Rooney a immédiatement refusé d’accorder le but que le capitaine des Leafs Dion Phaneuf croyait avoir marqué.

Les Leafs ont rouspété. Sur les médias sociaux, quelques partisans du Canadien ont eux aussi contesté la décision de l’arbitre qui était pourtant la bonne.

« Je suis bien sûr heureux que l’arbitre ait pu voir que le joueur des Leafs me gênait dans mon travail. C’est normal que nos adversaires tentent de nous voiler la vue. Mais quand tu ne peux effectuer tes mouvements, c’est illégal. J’aimerais que les arbitres soient toujours aussi sévères dans ce genre de situation, mais ils doivent être très bien placés pour bien apercevoir le contact. Van Riemsdyk est revenu à plusieurs reprises devant le filet pour m’ennuyer au cours du match. Mais chaque fois, il regardait derrière lui pour s’assurer de ne pas entrer dans la zone réservée », m’a indiqué Carey Price après la rencontre.

Privés de ce but, les Leafs ont ensuite vu le Canadien doubler son avance. P.K. Subban, à qui Max Pacioretty a refilé la rondelle après que David Desharnais eux remporté une mise en jeu en territoire ennemi, a habilement déjoué le gardien des Leafs pour inscrire son 4e de la saison.

S’il a plusieurs fois marqué à l’aide de son tir retentissant, P.K. Subban a plutôt joué de finesse pour inscrire son premier but après une disette de 12 rencontres.

En deuxième, les Leafs sont venus à un cheveu de s’inscrire au pointage. Déjoué par un bel échange des Leafs devant lui, Carey Price a été pris hors position et il a poussé un soupir de soulagement lorsqu’il a vu la rondelle tirée dans une cage déserte frapper le poteau au lieu de traverser la ligne rouge.

Toujours en deuxième, le Canadien aurait pu se mettre dans le trouble alors qu’Emelin, Subban et Galchenyuk ont écopé des pénalités. Mais pendant que les Leafs multipliaient les mauvaises passes et les hors-jeu, le Canadien obtenait les meilleures occasions de marquer.

C’était d’ailleurs pendant que Galchenyuk écoulait sa pénalité en fin de période médiane que Pacioretty a enfilé son deuxième de la soirée. Un but enfilé un peu plus de 2 minutes après celui de Tomas Plekanec. Un but qui donnait les devants 4-0 au Canadien.

C’était le 9e but de la saison de Pacioretty qui partage maintenant le premier rang des buteurs avec Plekanec et Gallagher. C’était aussi, le septième but de Pacioretty à ses trois derniers matchs au Centre Bell.

Fouettés dans leur orgueil par ce but marqué à court d’un homme par le Canadien et par le geste de Pacioretty qui a glissé son bâton le long de son corps comme s’il s’agissait d’une épée qu’il replaçait dans son fourreau, les Leafs ont réagi.

James van Riemsdyk a marqué le plus beau but de la soirée. D’un angle fermé, il a surpris Carey Price en tirant la rondelle sur le côté de son masque pour l’a faire dévier dans le fond du filet.

Vingt-deux secondes plus tard, Mason Raymond a ravivé de l’espoir dans le cœur et la tête des milliers de fans des Leafs présents au Centre Bell.

Bruyants en début de rencontre – ça faisait longtemps qu’on n’avait pas senti le Centre Bell autant vibrer lors d’un match – les fans des Leafs s’étaient tus après les 3e et 4e buts du Tricolore.

Les deux buts rapides des Leafs laissaient entrevoir une troisième période enlevante.

On l’attend toujours.

Très solide défensivement, le Canadien a su aider la cause de son gardien qui a effectué 12 arrêts.

Le duo Subban-Markov a une fois encore hier été très solide. Josh Gorges s’est aussi signalé à plusieurs reprises. Douglas Murray a également contribué au succès de son équipe avec trois mises en échec et cinq tirs bloqués.

Murray s’est particulièrement signalé en fin de première alors qu’il a stoppé un tir frappé pendant une rare menace des Leafs en avantage numérique.

Galchenyuk cloué au banc

Parce qu’il était sur la patinoire sur les deux buts des Leafs, mais aussi, surtout, en raison de la pénalité qu’il a écopée en fin de deuxième période, Alex Galchenyuk a été cloué au banc en troisième. À l’image de George Parros, il n’a pas effectué la moindre présence.

« On insiste beaucoup sur l’importance d’éviter les mauvaises pénalités. Surtout en territoire offensif. Surtout lorsqu’on mène 4-0. Je n’ai pas aimé cette pénalité qui a permis aux Leafs de retrouver du momentum. C’est normal qu’un jeune de 19 ans commette ce genre d’erreur. Ça fait partie de l’apprentissage et c’est la raison pour laquelle j’ai décidé de le garder au banc. Alex est un jeune joueur sur qui on compte énormément. Je n’ai aucune inquiétude et je sais qu’il rebondira lors du prochain match », assurait Michel Therrien lors de son point de presse d’après-match.

À son sixième match dans l’uniforme du Canadien, George Parros a finalement pu célébrer la victoire. En six présences totalisant 3 min 25 s, Parros s’est impliqué en invitant Colton Orr à jeter les gants en première et en obtenant finalement son combat revanche en deuxième période.

Un combat inutile, organisé alors que les deux joueurs attendaient la mise en jeu, mais qui a plu aux fans.

S’il n’a pas obtenu de point, de tir, de mise en échec ou quoi que ce soit d’autre figurant aux statistiques personnelles des joueurs, George Parros a terminé sa soirée avec un différentiel de zéro. C’est ça de gagner…

En plus de Parros qui était de retour au jeu après avoir suivi les neuf derniers matchs des gradins, Rene Bourque a aussi réintégré l’alignement.

Victime d’une blessure au bas du corps, Bourque avait raté les cinq dernières parties.

Employé à la droite d'Eller et Galchenyuk en remplacement de Brandon Prust qui pivotait le 4e trio entre Parros et Travis Moen, Bourque a disputé un match honnête. S’il n’a pas récolté de point, il a obtenu cinq tirs au but.

Le Canadien profite d’un congé dominical.

Il sera de retour sur la patinoire en matinée lundi pour se délier les jambes avant de recevoir, en soirée, Martin Brodeur et les Devils du New Jersey au Centre Bell.

Chiffres du match

2 : Le Canadien a limité ses adversaires à deux buts ou moins à ses dix derniers matchs. Il a réalisé l’exploit 20 fois en 27 matchs cette saison…

2.00 : Le Canadien occupe la deuxième place dans la LNH avec son excellente moyenne de 2 buts accordés par partie. Seuls les Bruins de Boston (1,96) devancent le Tricolore à ce chapitre…

3 : C’était la première victoire du Canadien aux dépens des Leafs à Montréal après trois revers de suite. De fait, le Tricolore n’affiche que deux gains lors des huit dernières escales des Leafs au Centre Bell…

10 : Max Pacioretty a obtenu 10 tirs au but pour la deuxième fois cette saison. Après 18 matchs, Pacioretty revendique 86 tirs, pour une moyenne de 5,33 par match. P.K. Subban, qui en a obtenu six contre Toronto, domine le Canadien avec 93 tirs en 28 rencontres…

12 : Phil Kessel (6) et James van Riemsdyk (6) ont obtenu 12 des 36 tirs des Leafs samedi. Si je sais bien compter, c’est le tiers de la récolte de l’équipe…

39 : Les Maple Leafs ont accordé 39 tirs au Canadien samedi. Toronto mène la LNH avec une moyenne de près de 36 tirs accordés par rencontre. C’est beaucoup. Presque trop. Pas surprenant que Bernier et James Reimer aient à partager le travail comme ils le font…