Andrei Markov l’avait prouvé plusieurs fois depuis le début de la saison. Le vétéran défenseur russe l’a prouvé une fois encore samedi : il est l’arrière le plus important de la brigade défensive du Canadien.

Loin d’être aussi spectaculaire, flamboyant et idolâtré que son dauphin P.K. Subban, Markov est plus constant. Plus fiable défensivement. Plus complet.

Eh oui! Il lui arrive de prendre de mauvaises décisions, de rater une passe et de placer ses coéquipiers et son club dans le pétrin. Il l’a démontré avec « panache » samedi lorsqu’une passe molle et mal planifiée en zone des Leafs, qui se défendaient alors à quatre contre cinq, a offert une échappée à James Van Riemsdyk. Et comme une mauvaise nouvelle arrive rarement seule, JVR a déjoué Peter Budaj à l’autre bout de la patinoire pour niveler les chances dans le match.

Deux minutes plus tard, Phil Kessel, en hachant menu la défensive du Canadien, donnait les devants 3-2 aux Leafs et à leurs partisans qui dominaient alors la guerre dans les gradins comme leurs favoris gagnaient celle qui se déroulait sur la patinoire.

Coupable en partie de cette remontée, Markov s’est bien repris. Pierre angulaire de l’attaque massive, Markov a orchestré le but égalisateur marqué par P.K. Subban et celui de la victoire que Pacioretty a inscrit en prolongation.

Parce que les buts enfilés en avantage numérique ne sont pas comptabilisés dans les plus et les moins, Markov a terminé sa soirée de travail avec un différentiel de moins-1.

Transactions 2014 : Andrei Markov

Le garder quitte à le perdre

Mais l’ensemble de l’œuvre de Markov samedi, l’ensemble de son œuvre depuis le début de la saison, place Markov sur une courte liste de joueurs intouchables à trois jours de la date limite des transactions dans la LNH.

Je sais : il n’y a personne d’intouchable dans la LNH. Du moins en principe. Il est vrai aussi que si une équipe décide, d’ici mercredi à 15 h (heure de l’Est) d’offrir la lune pour obtenir les services de Markov, le Canadien serait bête de ne pas au moins écouter. Et peut-être de se laisser tenter.

Mais ça prendrait la lune. Ça prendrait un choix de première ronde bien placé, un jeune défenseur déjà établi et dont l’avenir est assuré dans la grande ligue – et non un jeune dont le potentiel n’est pas encore confirmé – et peut-être un peu plus.

Pourquoi se montrer aussi gourmand à l’endroit de Markov qui affiche une ligne dure dans les négociations de contrat qui l’opposent à Marc Bergevin et le fait qu’il pourrait filer en douce de Montréal l’été prochain à titre de joueur autonome sans compensation?

Parce que les succès immédiats du Canadien dépendent beaucoup des performances de Markov.

Bien que le Canadien a surpris – et il a été un brin ou deux chanceux de surprise – la semaine dernière en accumulant cinq points sur six en dépit de l’absence de Carey Price, il n’est pas dit qu’il aurait fait pareil sans Markov.

Et si, à mes yeux, le Canadien est déjà pratiquement assuré d’une place en séries, je ne vois pas comment il pourrait franchir la ronde initiale pour la première fois en cinq ans sans Markov au sein de sa formation.

Surtout qu’aux yeux de bien des dépisteurs professionnels contactés au cours des derniers jours, le Canadien a bien besoin de se renforcer à la ligne bleue s’il veut mousser ses chances en séries.

Le Tricolore serait loin de s’améliorer en se départant de son défenseur de plus fiable et le plus expérimenté.

Mettons!

Offre alléchante

Quoi faire alors?

Le meilleur des scénarios demeure une renégociation de contrat liant Markov et le Canadien. Mais voilà, il est loin d’être acquis que cela arrivera.

Après avoir « insulté » Markov avec une offre de contrat d’une saison avant la trêve olympique, le Canadien vient d’en déposer une autre d’une durée de deux ans.

Markov la rejettera. Avec raison puisqu’il sait très bien – et le Canadien aussi – qu’il obtiendra bien davantage par le biais du marché des joueurs autonomes l’été prochain.

La prudence du Canadien est normale. En raison des blessures qui l’ont miné au cours de sa carrière, Markov, qui vient de franchir le cap des 35 ans, représente un risque sur le plan financier.

Car puisqu’il a franchi l’âge vénérable de 35 ans, les millions qui lui seront versés en salaire dans le cadre de son prochain contrat ne pourront être soustraits au calcul de la masse salariale dans l’éventualité d’une blessure (sauf dans le cas d’une blessure à long terme ou d’une retraite) ou d’un renvoi dans les mineures.

Bon! Les chances que Markov se retrouve dans les mineures sont minces. Quant à celles qu’il soit à nouveau blessé sérieusement, personne ne sait vraiment.

Cela dit, Markov peut se bomber le torse en pointant du doigt son titre d’homme de fer du Canadien alors que ses 120 matchs consécutifs représentent la plus longue séquence du genre dans le vestiaire du Tricolore.

Je commence à croire que le Canadien est prêt à compléter la saison avec Markov au sein de sa formation, et ce, même s’il n’a pas de contrat en poche en vue de la prochaine saison.

Mais si j’étais Bergevin, je tenterais une autre offensive d’ici mercredi.

Markov mérite un salaire annuel, pour les deux prochaines années en tout cas, proche de celui que P.K. Subban touchera. Et il est clair que le Russe tiendra à l’obtenir.

Pour y arriver, j’offrirais un contrat de trois ans à Markov. Un contrat dont les paramètres lui permettraient de toucher le gros de son fric lors des deux premières saisons.

En donnant 6,5 voir 7 millions $ à Markov lors des deux premières années, mais 4,5 à 5 millions $ lors de la dernière, Bergevin pourrait l’intéresser.

Markov aura plus d’argent et plus d’années s’il attend l’été prochain avant de signer. C’est évident. Mais il aime Montréal. Il aime le Canadien. Et quelque chose comme 18 ou 19 millions $ pour trois ans, c’est loin d’être une insulte. Très loin.

Et si Markov dit non encore?

On le garde et on complète la saison en espérant que les offres anticipées seront moins vertigineuses que plusieurs – moi le premier – l’anticipent et qu’elles viendront de clubs – et de villes – de deuxième ordre qui ne mousseront pas ses intentions de quitter Montréal.

Une chose est certaine à mes yeux : tant qu’à courir un risque dans le dossier de Markov, il me semble que le Canadien est mieux de courir celui de le perdre sans rien n’obtenir en retour en juillet prochain que de courir celui de rater les séries ou d’en être chassé expéditivement dès la première ronde.

Le meilleur scénario serait une entente à long terme.

Le deuxième serait d’obtenir la lune dans le cadre d’une transaction impliquant Markov.

Le troisième consiste à maintenir le statu quo et à espérer une entente une fois la saison terminée. Et la beauté avec ce scénario, c’est que Markov voudra en donner le plus possible au Canadien dans le dernier droit de la saison et en séries, afin de maximiser l’intérêt des autres équipes à son endroit.

On verra.

Ailleurs dans le vestiaire

Il serait périlleux d’échanger Markov sans obtenir une compensation juste et capable de venir en aide à l’équipe immédiatement. Il en va autrement pour plusieurs autres joueurs du Canadien.

À quelques heures de la date limite des transactions, qui sont les plus susceptibles de partir?

Le premier nom qui me vient en tête est celui de Travis Moen.

À bientôt 32 ans, Moen n’est plus jeune. C’est vrai. Mais lorsqu’il est employé dans des circonstances justes, il est encore en mesure d’aider l’équipe. Vraiment. Son salaire de 1,85 M$ n’est pas démesuré. Ce qui ne fera pas trop titiller les équipes qui hériteront de deux autres années de contrat s’il décide de faire son acquisition. Moen a bonne réputation autour de la LNH. Les équipes qui croient en leur chance de se rendre loin en séries, voudront compter sur un joueur de sa stature et de son statut afin de solidifier leur quatrième trio ou simplement pour obtenir une solide police d’assurance.

Bon! Le Canadien n’obtiendra pas Steven Stamkos pour Moen. On s’entend. Mais un jeune prospect ou un choix au repêchage ne serait pas à dédaigner.

L’autre nom qui me vient en tête est celui de Lars Eller.

Je sais, Marc Bergevin chérit les jeunes joueurs de son équipe et les choix au repêchage comme la prunelle de ses yeux.

Mais il y a des limites.

Eller ne fonctionne pas. Il ne fonctionne plus. Et il est clair que le rôle de troisième centre qui semble être le seul qu’il puisse remplir avec le Canadien ne lui plaît pas.

Tomas Plekanec est le meilleur centre du Canadien. Le plus complet. L’échanger, à moins que ce sacrifice ne devienne grandement bénéfique au Tricolore sur un autre front, serait absurde.

David Desharnais a sa place assurée à titre de complice de Max Pacioretty. À moins qu’ils ne partent tous les deux, ils sont là pour rester. Du moins je crois.

Et il faudra bien un jour faire une place à Alex Galchenyuk au centre pour qu’il devienne le premier centre de cette équipe.

Il faudra donc libérer de l’espace.

Vrai qu’on n’échange pas un joueur quand sa valeur est à la baisse. Et celle de Lars Eller a piqué du nez comme le confirme sa fiche d’une passe à ses 20 derniers matchs. Et ce n’est pas comme s’il avait relevé avec brio des mandats défensifs pour justifier ce manque à gagner à l’attaque.

Ça non.

Mais Eller pourrait certainement faire parti d’une offre concoctée par Bergevin avec un autre joueur, un prospect et qui sait, un choix au repêchage, afin de renflouer immédiatement une brigade défensive qui en a bien besoin.

Car je ne crois pas que Davis Drewiske, acquis l’an dernier à la date limite des transactions et qui débarque à Hamilton pour une remise en forme après qu’il est passé la saison entière sur la liste des blessés, soit celui qui solidifiera la ligne bleue du Canadien.

Et s’il obtient un défenseur de qualité d’ici mercredi, Bergevin n’aidera pas seulement son équipe à court terme. Il l’aidera aussi en vue de la saison prochaine dans l’éventualité d’un départ de Markov.

Car si l’on peut anticiper les départs des Doug Murray et Francis Bouillon l’an prochain et les entrées de Jarred Tinordi et Nathan Beaulieu, il serait bien, pour ne pas dire nécessaire, de compter aussi sur un vétéran capable d’appuyer Subban, Gorges et Emelin si Markov quitte Montréal après avoir obtenu le gros lot ailleurs par le biais du marché des joueurs autonomes.

Il reste encore trois jours pour jongler avec tout ça. Pour balayer du revers de la main ou accorder un brin ou deux d’importance, mais rarement trois, aux rumeurs lancées aux quatre coins de la LNH.

À commencer par celle selon laquelle, plusieurs équipes font la file pour obtenir George Parros…