Ça riait de bon cœur dans le vestiaire du Canadien. Avec raison. Le Tricolore venait de profiter de l’escale des misérables Hurricanes de la Caroline pour remporter une victoire de 4-1.

Une victoire qui serait demeurée sans histoire n’eut été du premier tour du chapeau en carrière d’Alex Galchenyuk. Le premier du Canadien cette saison. Le premier réalisé par un joueur du Tricolore depuis les trois buts de Max Pacioretty le 4 avril dernier aux dépens des Sénateurs d’Ottawa. Un tour du chapeau qui permet à Galchenyuk de devenir le 2e plus jeune porte-couleurs du Canadien à réaliser l’exploit depuis Stéphane Richer qui avait 19 ans lorsqu’il a inscrit son premier tour du chapeau en mars 1986.

Ça fait une mèche!

Trois buts qui ont mis en évidence le nouveau premier centre du Canadien, bien sûr, mais aussi son nouveau complice Max Pacioretty qui a récolté des passes sur chacun de ces buts.

Et pas des passes tombées du ciel. Que non! Des passes parfaites, des passes surprenantes pour un gars reconnu pour être l’un des bons francs-tireurs de la LNH. Si vous trouvez que je m’emporte, n’oubliez pas que Pacioretty a terminé au 4e rang du circuit l’an dernier avec ses 39 buts.

Pacioretty a non seulement affiché une belle générosité à l’endroit de son nouveau centre, mais il a trimé dur pour lui offrir ces passes. Des passes qui ont mené à deux buts faciles alors que Galchenyuk a tiré dans des cages désertées par le gardien Cam Ward qui n’a jamais eu le temps de bouger avant que les deux rondelles ne touchent le fond du filet. Et une dernière passe qui a offert à Galchenyuk une belle échappée au cours de laquelle le héros de la soirée a pu démontrer, une fois de plus, la vitesse de ses patins, la vitesse de son maniement de la rondelle, la vitesse de son tir.

Bon. Il ne faudrait pas oublier de dire merci au défenseur Jay Harrison qui a perdu la rondelle en zone neutre pour en faire cadeau à Pacioretty qui a tout même bien réagi après avoir vu les Canes lui donner le disque si gentiment.

Sourires de satisfaction

En plus d’afficher de la générosité à l’endroit de son nouveau centre et de travailler pour contribuer à ses buts, Pacioretty s’est aussi permis de se moquer de Galchenyuk. Et il n’était pas le seul dans le coup.

Parce que Galchenyuk, à l’image de P.K. Subban, ressemble à un missile dont la NASA a perdu le contrôle lorsque vient le temps de célébrer ses buts, Pacioretty et le troisième membre du trio Brendan Gallagher sont demeurés loin de l’action pour simplement regarder Galchenyuk fêter au lieu de prendre une part active à la fête.

« On s’est payé sa tête et il a pris ça en riant », convenait un Pacioretty très fier de son coup après le match.

Cette bonne humeur représente une très bonne nouvelle pour Galchenyuk, le Canadien et ses partisans.

Pourquoi?

Parce que la séparation Pacioretty-Desharnais se passe beaucoup mieux que plusieurs l’anticipaient. Elle se passe même très bien.

Trois victoires, dont deux gains contre Vancouver il y a une semaine et contre la Caroline mardi directement reliée aux efforts du nouveau premier trio, ont vite fait de calmer une tempête passée en coup de vent. Même pas. Passée en petite brise.

Et non seulement la séparation Pacioretty-Desharnais sourit à Pacioretty, à Galchenyuk, à Gallagher et donc au Canadien, elle sourit aussi à David Desharnais qui a connu un autre bon match au sein du troisième trio qu’il pivote avec Brandon Prust et P.A. Parenteau.

Un trio sur lequel je reviendrai plus tard mercredi, mais dont on doit louanger le travail lors du match d’hier. Pas juste pour le but magnifique que Desharnais a offert à Prust. Mais pour la fougue et la conviction qu’il affiche. Deux termes qui n’étaient pas assez souvent associés aux noms de Desharnais et Parenteau depuis le début de l’année, mais qui doivent l’être depuis les chambardements apportés par Michel Therrien.

Combien de temps Galchenyuk passera au centre du premier trio? Je ne sais pas. Y est-il pour toujours, ou retournera-t-il à l’aile une fois Lars Eller en mesure de revenir au jeu?

Je ne sais pas.

Je sais toutefois, et ça ne prend pas un génie pour s’en rendre compte, je vous l’accorde, que l’expérience mérite d’être prolongée le plus longtemps possible.

Et Michel Therrien, malgré la grande prudence dans ses réponses, a reconnu que malgré ses 20 ans seulement, Galchenyuk, à sa troisième saison avec le Canadien, connaissait maintenant mieux la Ligue et ses pièges. Des atouts qui devraient l’aider à composer avec le défi pas commode qui se dresse devant lui. Le défi de faire produire le premier trio sur une base continue et non seulement un match ici et là.

Disons que le petit gars est très bien parti.

L’arrêt

Après deux périodes, tout allait bien dans le meilleur des mondes. Bien qu’il ne jouait pas un match sans faille et sans reproche, le Canadien menait 2-0 et parce que les Hurricanes de la Caroline jouaient comme les Hurricanes de la Caroline, l’issue du match semblait scellée.

Une fichue de bonne nouvelle pour Carey Price qui, après son vol de grand chemin aux dépens des Kings de Los Angeles, méritait une victoire facile. Et peut-être deux ou trois autres en prime.

Pas question de prétendre que Carey Price a volé la partie pour le CH. Ça non! Mais parce que ses coéquipiers ont commis la même erreur que moi en croyant que la troisième période ne serait que formalité, Price a eu à se signaler une fois ou deux pour garder son club en avant.

Seule lueur d’espoir à l’attaque pour des Hurricanes condamnés à réserver leurs tempêtes à de petits verres d’eau, les jeunes Elias Lindholm (20 ans), Victor Rask (21 ans) et Jeff Skinner (22 ans) ont fait de ce non-match une partie en inscrivant un but. Un but chanceux, c’est vrai. Mais un but quand même. Un but qui aurait dû réveiller le Canadien qui est demeuré assoupi.

Tout allait tellement bien!

Les Hurricanes par le biais de Lindholm ont alors frappé un poteau. Deux secondes plus tard, alors que la rondelle est retrouvée libre au centre de la zone du Tricolore, Ron Hainsey avait le but égalisateur au bout de la lame de son bâton. « Hollywood » comme on l’appelait alors qu’il jouait pour le Tricolore – remarquez qu’il aime peut-être encore aujourd’hui entendre ce surnom qui n’était pourtant pas tout à fait un compliment – se préparait à célébrer ce but lorsque Carey Price a fait ce qu’il fait de mieux depuis le début de l’année : un gros arrêt.

Un arrêt sans lequel les Canes auraient nivelé les chances plongeant alors le Centre Bell dans un état de choc dont on aurait facilement pu craindre des conséquences plus négatives encore.

Perdre contre la Caroline. S’il avait fallu.

S’ils sont demeurés assoupis après le premier but des Canes et qu’ils ont ouvert un œil après le poteau, les joueurs du Canadien se sont réveillés après le gros arrêt de Carey Price.

Un arrêt qui a propulsé le Canadien vers les deux buts qui ont donné l’impression que la victoire a été facile malgré tout.

Un arrêt qui a fait la différence.

Comme quoi, même dans un gain de 4-1 du Canadien, malgré le premier tour du chapeau en carrière de Galchenyuk et le fait que le Tricolore croisait un adversaire qui fait presque aussi dur que les Oilers d’Edmonton – seule différence, les Canes ont accédé une fois, une seule, aux séries depuis que les deux clubs se sont croisés en finale de la coupe Stanley en 2006 – Price a eu son mot à dire.

Où était Andrighetto?

Dans la bonne humeur reliée aux trois buts et à la victoire, une décision du Canadien m’a laissé pantois : celle de remplacer Sven Andrighetto par Dale Weise avec Thomas Plekanec et Jiri Sekac.

Andrighetto qui avait récolté un point à ses trois premiers matchs, qui avait le nez dans l’action, qui avait contribué aux beaux élans de son trio a été limité à six présences hier. Dont deux seulement – je crois du moins – avec Plekanec. Les autres étant avec Manny Malhotra et Michael Bournival au sein du quatrième trio.

Qu’a fait Andrighetto de mal pour se retrouver là?

Rien.

Michel Therrien, à qui j’ai posé la question, a expliqué cette permutation Weise-Andrighetto par une mesure défensive alors que le trio de Plekanec croisait celui d’Eric Staal. Parce que Weise, plus physique, méritait cette place pour protéger une avance alors qu’Andrighetto y aurait évolué si le Canadien avait eu besoin de but.

Tout ça est logique. J’en conviens.

Mais Eric Staal n’est plus l’ombre du joueur qu’il était. Et comme il était flanqué de Nathan Gerbe et Patrick Dwyer, je considère que le meilleur trio des Hurricanes encore hier était plutôt celui des jeunes Skinner, Rask et Lindholm.

Mais bon!

Pas question de virer le Centre Bell à l’envers pour autant. Surtout que je trouve qu’on installe souvent trop vite sur un piédestal un jeune joueur après quelques bons matchs seulement, mais j’ai été surpris de voir Andrighetto ainsi utilisé.

Et je sais que je ne suis pas le seul.

À moins que des blessures ne viennent miner le Canadien, Andrighetto retournera sans doute bientôt à Hamilton pour y poursuivre son apprentissage.

Mais j’aurais aimé le voir dans l’action un peu plus encore hier. Attendons de voir ce que l’avenir lui – et nous – réserve.