Un beau tremplin vers 2024

MONTRÉAL - Si le Canadien joue plus souvent en 2024 comme il l'a fait dimanche, à Tampa Bay, la nouvelle année sera bien meilleure que 2023 ne l'a été pour ses partisans.

Même s'il perd comme il l'a fait face au Lightning? Oui!

Car au-delà ce revers de 4-3, les joueurs du Canadien ont offert une performance qui permet à ses partisans, même les plus impatients, de regarder l'avenir avec un optimisme certain.

Ce n'est pas l'équipe qui a le mieux joué qui a gagné dimanche au Amalie Arena. C'est l'équipe la plus expérimentée qui s'est sauvée avec la victoire. L'équipe la plus talentueuse. L'équipe la plus opportuniste.

Le Canadien, malgré ses lacunes et son manque d'expérience, a disputé un fort match. À bien des égards, il a été meilleur que le Lightning.

Ses 30 tirs cadrés contre 20, ses 63 tirs décochés contre 50, ses 35 mises en jeu gagnées contre 17 seulement de perdues (67 % d'efficacité) le démontrent d'ailleurs pas mal. Tout comme le fait qu'il a distribué plus de mises en échec (27-25), qu'il a volé plus de rondelles (8-7) et en perdues moins (5-8) que ses adversaires. Le Canadien s'est même permis d'être parfait en désavantage numérique. Non seulement a-t-il blanchi le Lightning – les Bolts n'ont pas été forts cela dit lors des trois attaques massives obtenues – mais le Canadien n'a pas accordé le moindre tir.

Vous avez bien lu!

Belle vivacité d'esprit

Agressifs sur les 200 pieds de la patinoire, plus incisifs dans les poussées offensives, plus efficaces en couverture défensive, le Canadien méritait donc pleinement de marquer le premier but de la rencontre.

Un dixième pour Cole Caufield cette saison. Un deuxième en deux matchs dans le cadre d'une possible relance qui servirait grandement la cause du petit ailier et de son trio pour la nouvelle année qui commence.

En prime, le Lightning lui a fait tout un cadeau pour permettre au Canadien de doubler son avance. Un but comme je n'en avais jamais vu avant alors que les joueurs des «Bolts», croyant que le jeu était arrêté, se sont lentement rendus au banc pendant que leur gardien s'est dirigé vers le coin de la patinoire pour se délier les jambes.

Un manque de concentration collectif aussi frappant que navrant.

Il faut toutefois saluer la vivacité d'esprit de Samuel Montembeault qui a compris avant tout le monde ce qui était en train de se passer sur la glace. Au lieu de remettre la rondelle à un juge de ligne, le gardien du Canadien l'a vite remise en jeu en la glissant vers Johnathan Kovacevic. Montembeault s'est même permis de lui indiquer que le but était libre et de l'inciter à tirer. Kovacevic n'a ensuite eu qu'à s'assurer de bien viser la cage déserte.

En avant 2-0, le Canadien avait alors le plein contrôle. Il avait même le Lightning dans les câbles. Encore étourdis par le but inusité qu'ils venaient d'encaisser, les joueurs des «Bolts» semblaient prêts à être envoyés au tapis. Il ne manquait qu'un troisième but.

Ce but n'est pas venu. Et c'est là que le match s'est joué.

Le Canadien a eu des chances. Il est même passé proche et même très proche à quelques occasions. Mais passer proche, ce n'est pas assez pour mettre le match hors de portée. Pas assez pour gagner.

De prêts à être battus, les joueurs du Lightning, qui eux ne se sont pas contentés de passer proche, ont repris de la vigueur avec deux buts consécutifs en fin de période médiane. Ils en ont ajouté deux autres en troisième. Pour finalement gagner.

Le Canadien de demain gagnera

Plus tard en 2024, que ce soit lors des mois d'hiver ou seulement à l'automne, ou en 2025 seulement, le Canadien sera en mesure d'aller chercher la victoire au lieu de la laisser glisser comme il l'a fait dimanche à Tampa.

Avec plus d'expérience, avec plus de talent, avec plus de profondeur, le Tricolore sera en mesure d'aller chercher le but qui fait mal. Le but qui passe le knock-out à son adversaire du moment. Peu importe l'adversaire.

Il sera aussi en mesure d'éviter le genre de but trop généreux comme celui que Samuel Montembeault a accordé en fin de deuxième alors qu'Austin Watson a nivelé les chances 2-2 sur un jeu tout à fait anodin.

Montembeault a le droit de s'en vouloir sur ce but. Il est le mieux placé pour comprendre l'importance que ce mauvais but a eu sur le match. Pour savoir que cette rondelle n'aurait jamais dû le déjouer.

Cela dit, considérant ce qu'il a fait pour guider Kovacevic vers le deuxième but du Canadien, considérant aussi les nombreux arrêts solides qu'il a réalisés plus tard dans le match pour garder son club dans le coup, il serait exagéré de trop en vouloir à Montembeault sur ce jeu. Et il serait totalement injuste de lui imputer le poids de la défaite.

Le Canadien de demain ou d'après-demain gagnera plus souvent qu'il ne perdra les matchs comme celui de dimanche à Tampa Bay.

D'ici là, on ne peut que demander au Canadien d'aujourd'hui de jouer comme il l'a fait dimanche. De tout donner sur la glace. Ce qu'il a fait avec brio contre le Lightning même lorsque la partie a basculé dans le camp ennemi. Loin d'abandonner, les joueurs du Tricolore ont maintenu leurs assauts vers la cage défendue par Jonas Johansson. Ils ont frappé plusieurs fois à la porte. Nick Suzuki – quel but du capitaine en passant – est le seul à avoir trouvé une manière d'entrer.

Mais au-delà le résultat final, la performance collective du Canadien sert de très beau tremplin vers l'année 2024.

Il ne restera qu'à le prouver mardi à Dallas.

Entre les lignes

• Le cinquième but de Johnathan Kovacevic était surtout le 28e marqué jusqu'ici cette saison par les défenseurs du Canadien. Ce qui place les arrières du Tricolore au sommet de la LNH alors qu'ils partagent le premier rang avec les défenseurs de l'Avalanche du Colorado…
   
• La contribution des arrières du Canadien – 27,4 % (28 sur 102) de la production totale du Tricolore – est toutefois plus imposante que celle des défenseurs de l'Avalanche qui s'élève à 20,9 % : 28 buts sur les 134 marqués jusqu'ici…
   
• Les joueurs de centre du Canadien ont haché finement ceux du Lightning dimanche avec une efficacité collective de 67 %. La domination des joueurs de centre du Tricolore est impressionnante cette saison alors qu'ils ont gagné plus de mises en jeu qu'ils en ont perdues 29 fois en 36 parties. Ils ont été dominés cinq fois seulement alors que deux matchs se sont terminés sur des égalités 50-50…