BROSSARD, Qc - Maintenant que son premier contrat professionnel est arrivé à échéance, quelles conclusions doit-on tirer de la progression affichée par Alex Galchenyuk à ses trois premières saisons dans la Ligue nationale?

Un survol rapide de ses statistiques personnelles laisse croire à une amélioration constante. Galchenyuk, qui a fait ses débuts chez les professionnels lors de la saison écourtée par le lock-out, a bonifié son total de points à chacune de ses trois campagnes dans la LNH. Cette année, il a été l’un des quatre joueurs du Canadien à atteindre le plateau des 20 buts. Repêché en 2012, il est le seul membre de sa cohorte à avoir jusqu’ici surpassé le plateau des 100 points en carrière dans la LNH.

Mais à Montréal, les attentes sont plus élevées envers le prometteur choix de première ronde qui, en réalité, a affiché en 2014-2015 une moyenne de point par match sensiblement similaire à celle obtenue lors de sa saison recrue (0,58 contre 0,56), et ce même si son temps d’utilisation a depuis connu une augmentation de plus de quatre minutes par partie.

Galchenyuk possède des habiletés naturelles indéniables, mais semble tarder à trouver la formule qui lui permettrait de les incorporer à son jeu de façon régulière. On le sent hésitant à déployer son plein arsenal et craint déjà qu’il soit devenu trop prévisible. Son manque de constance, un boulet qui n’est pas l’apanage des joueurs sans expérience, est néanmoins difficile à ignorer. Il a terminé la saison avec seulement deux buts à ses 30 derniers matchs, séries éliminatoires incluses.

Malgré tout, le jeune Américain de 21 ans brossait un portrait plutôt positif de sa dernière saison à l’aube des vacances, jeudi.

« Je dirais que je me suis beaucoup amélioré comparativement à mes deux premières années. J’ai appris beaucoup de choses et je dirais que j’ai pris un pas dans la bonne direction », est d’avis Galchenyuk.

« Marquer 20 buts, je crois que c’est un accomplissement considérable pour un jeune joueur comme moi. Je me sentais assurément plus confortable et plus confiant dans ma compréhension du jeu. Et l’expérience supplémentaire acquise en séries ne peut que m’aider pour l’avenir. »

Galchenyuk se dit heureux comme un roi dans le marché montréalais. Les privilèges que lui vaut son statut de célébrité locale compensent amplement les aspects de sa réalité dont il pourrait se passer. Les rencontres avec les journalistes, par exemple, ne sont assurément pas son dada. Il y a aussi cette fameuse pression, mais pour l’instant du moins, ça ne semble pas l’empêcher de dormir.

« Je n’avais jamais été vraiment critiqué quand je jouais avec des gars de mon âge dans l’OHL, rappelle l’ancien du Sting de Sarnia. Maintenant, je suis dans la meilleure ligue au monde et je suis encore jeune. Dans un marché comme ici, il faut apprendre à gérer la pression. Parfois, une petite histoire peut en devenir une grosse. Il suffit de rester concentré sur ce qu’on a à faire. »

« Tous les joueurs traversent des creux de vague, mais c’est la façon dont il approchera tout ça qui déterminera son rendement à l’avenir, rassure Max Pacioretty. Personnellement, quand je traverse de l’adversité, c’est là que je puise mon inspiration pour devenir meilleur. »

« Je crois que je m’impose moi-même plus de pression que quiconque pourrait m’en faire ressentir, ajoute Galchenyuk. C’est difficile parfois quand je sens que j’aurais pu mieux jouer ou quand tout ne fonctionne pas comme je le souhaiterais, mais l’important, c’est de rester positif. Ça peut arriver à tout le monde de se tromper ou d’échouer. Mais une mauvaise expérience peut toujours en devenir une bonne. »

« On doit apprendre de ces expériences »

Brendan Gallagher, qui a commencé à gravir les échelons du hockey professionnel en même temps que Galchenyuk, ne voit pas de raison de s’en faire avec le cheminement de son bon ami.

« Ceux qui sont considérés comme les meilleurs joueurs au monde présentement n’étaient même pas dans la Ligue à son âge, soulignait généreusement Gallagher. Je suis convaincu que son esprit compétitif et sa force mentale lui permettront d’accéder au niveau supérieur. C’est un gars qui travaille toujours très fort durant l’été et je suis convaincu qu’il arrivera au prochain camp dans un bon état d’esprit. »

« Le talent lui sort par les oreilles, vantait Pierre-Alexandre Parenteau. Il faut être un peu patient, il est encore jeune. Il ne faut pas trop s’affoler et plutôt l’encourager. C’est la clé du succès. Je ne doute pas qu’il deviendra un excellent joueur dans la LNH. »

À l’aile ou au centre?

La question a provoqué un petit soupir d’impatience lorsqu’elle est parvenue aux oreilles du principal intéressé. Formé au centre, il a été contraint d’évoluer sur les flancs depuis trois ans en raison de l’achalandage de vétérans à sa position naturelle.

L’entraîneur Michel Therrien a tenté de brèves expériences en cours de saison, inversant notamment les rôles de Galchenyuk et David Desharnais l’instant de quelques matchs, mais les résultats mitigés qui en ont découlé ont rapidement mené au retour du statu quo.

« À ce moment, j’en arrachais un peu à l’attaque et la formation changeait assez régulièrement. En jouant au centre, j’avais un peu plus d’espace et j’avais l’impression de pouvoir mettre en valeur mes habiletés offensives. Mais je crois avoir un instinct de marqueur qui puisse m’aider à produire à l’aile également », estime celui qui pourrait devenir joueur autonome avec compensation le 1er juillet.

Il faudra donc attendre le prochain camp d’entraînement - et les modifications qui seront apportées à l’effectif d’ici là - pour voir si la saison 2015-2016 se fera sous le signe de la transition pour le jeune numéro 27.

« Je jouerai où l’organisation est à l’aise de me faire jouer. Si on me place au centre, je jouerai au centre et tenterai de faire du mieux que je peux à cette position. Si c’est à l’aile, j’aiderai l’équipe à gagner à l’aile. C’est aussi simple que ça. »