MONTRÉAL - Habituellement, un camp d’entraînement du Canadien amène son lot de surprises. Partisans et journalistes se demandent qui, parmi les espoirs de l’équipe, forcera l’état-major à lui faire une place au sein de la formation.

 

Nick Suzuki et Cale Fleury l’ont fait l’automne dernier. Jesperi Kotkaniemi l’avait fait un an plus tôt. Il y a trois ans, Victor Mete a su profiter des nombreuses brèches au sein de la brigade défensive pour, contre toute attente, amorcer la saison avec le grand club.

 

Dans le cadre du camp d’entraînement estival que le Canadien a amorcé lundi, les surprises se feront rares.

 

Le premier trio – Tatar-Danault-Gallagher – est intact.

 

« Je suis convaincu que la chimie que nous avions reviendra rapidement. Pour le moment, nous cherchons simplement à retrouver notre rythme. À nous retrouver sur la glace », a indiqué Tomas Tatar qui ne pense à rien d’autre qu’au hockey bien qu’il sera sur le point de pouvoir amorcer des négociations avec le Tricolore en vue d’un prochain contrat.

 

« Je suis convaincu qu’il y aura des discussions un moment donné, mais après la pandémie et ses conséquences, je me concentre sur le hockey, sur les Penguins et sur nos chances de nous rendre en séries et jusqu’à la coupe Stanley. J’ai vécu cette expérience il y a deux ans avec Vegas et j’ai adoré chaque minute de l’aventure. Je voudrais la revivre avec mes coéquipiers. J’aime l’équipe. J’adore Montréal et les partisans m’ont accueilli à bras ouverts ici. C’est évident que je veux demeurer avec le Canadien. Mais je ne me préoccupe pas le moindrement des histoires de contrat. Ça viendra en temps et lieu », a expliqué le Slovaque qui assure être en pleine forme physique et rempli de confiance à l’aube de la reprise.

 

Nick Suzuki est déjà un rouage important du club et semble bien campé entre Jonathan Drouin et Joel Armia.

 

Ragaillardi par la pause qui lui a permis de se remettre des différents maux physiques qui ont miné sa deuxième saison au point de forcer sa rétrogradation à Laval, dans la Ligue américaine, Kotkaniemi semble prêt à reprendre un rôle régulier avec le CH. « Il patine beaucoup mieux qu’il le faisait en début de saison. Il semble beaucoup plus à l’aise », a d’ailleurs insisté l’entraîneur-chef Claude Julien.

 

Quant à Mete, il évolue en compagnie de Jeff Petry.

 

Si Alexander Romanov avait le droit de disputer des matchs, on pourrait lui accorder toute notre attention, mais on devra se contenter de le regarder pratiquer.

 

Un camp inhabituel

 

Pour le reste, le club est fait. Ou à peu près...

 

« Ce n’est pas un camp habituel en ce sens que nous n’avons pas d’évaluations à faire. On connaît nos joueurs. On a vu ce qu’ils nous ont donné jusqu’à la pause en mars dernier. Nos joueurs connaissent le système. Le club est fait. Les grandes décisions sont prises. On a beaucoup de joueurs disponibles. On a beaucoup de joueurs qui sont près les uns des autres. Surtout sur le quatrième trio et le troisième duo de défenseurs. Si on a déjà une très bonne idée du haut de notre formation, on aura de la flexibilité pour la compléter », a convenu Claude Julien au terme de la deuxième journée d’entraînement de son équipe.

 

« J’aime ce que je vois jusqu’à maintenant. Nos gars sont en meilleure forme et sont plus près du niveau de jeu qui nous attend que je l’espérais », a-t-il ajouté avant de défiler les louanges à l’endroit du personnel de soutien pour l’organisation physique du centre d’entraînement et le sérieux affiché par les joueurs quant au respect de normes de sécurité.

 

« Les choses se déroulent très bien. Mieux que je l’anticipais. L’aménagement du vestiaire est très bien fait. On peut passer de la patinoire, au gymnase et à la salle vidéo sans problème. Nos gars ne peuvent pas être aussi actifs les uns avec les autres. Au lieu de déjeuner et de luncher ici et de jaser ensemble, on leur demande de retourner à la maison dès que les entraînements sont complétés. On pourra fraterniser davantage une fois dans notre bulle à Toronto. Mais pour le moment, on doit respecter les normes imposées », a soutenu Julien qui, comme tous ses joueurs, porte un masque à moins qu’ils ne soient sur la patinoire ou au gymnase.

 

Une crainte : les blessures

 

Parce que le Canadien pourra se rendre à Toronto avec 31 joueurs au lieu de se conformer à la limite de 23 comme c’est le cas normalement en début de saison, l’état-major pourra donc garder tout son monde. D’où le peu de surprises anticipées.

 

Du moins au niveau des effectifs. Car on conviendra tous, du moins je l’espère, que le Canadien causerait toute une surprise s’il devait « sortir » les Penguins de la ronde de qualification pour se tailler une place en séries.

 

Mais pour que cela arrive, il faudra que le Canadien évite les surprises négatives. À commencer par une ou des sorties ordinaires de Carey Price. Il faudra aussi éviter les blessures et infections à la COVID-19.

 

En plus de Max Domi qui jongle toujours avec la décision de prendre part, ou non, à la relance de la saison Shea Weber était absent de l’entraînement mardi.

 

Pour quelle raison?

 

« Il était impossible pour lui de prendre part à l’entraînement avec le reste du groupe », a simplement répondu l’entraîneur-chef Claude Julien s’appuyant sur les directives de la LNH qui obligent les équipes à cacher la nature des blessures subies par les joueurs et l’identité des joueurs susceptibles d’être affectés par la COVID-19.

 

À cet effet, Josh Brook, l’un des trois défenseurs qui manquaient à l’appel lundi, était sur la patinoire mardi. Xavier Ouellet et Brett Kulak étaient eux toujours absents. Il appert que deux des trois tests positifs tombés chez le Canadien étaient de faux positifs.

 

Il est permis de croire que Brook a reçu l’un d’eux. Il faudra attendre la suite du camp pour voir qui de Ouellet ou Kulak reviendra le premier sur la patinoire.

 

« Je sais que cette politique vous oblige à y aller avec de nombreuses spéculations. Mais nous devons la respecter. Tout va tomber en place au fil des jours. Mais il est clair que dans le cadre du déroulement du camp, nous devons prendre tous les moyens possibles pour faire attention aux blessures », a convenu Claude Julien.

 

Manque criant de profondeur

 

L’entraîneur-chef du Canadien sait mieux que n’importe quel partisan ou journaliste que bien qu’il ait 31 joueurs à sa disposition, il lui sera très difficile, voire impossible, de battre les Penguins et d’avancer en séries s’il doit aller piger dans sa banque de joueurs de réserve.

 

Avec Suzuki et Kotkaniemi qui auront déjà de très gros patins à chausser si Max Domi doit déclarer forfait, avec un quatrième trio – Weise-Evans-Weal – de calibre de la Ligue américaine et Charles Hudon, Alex Belzile, Laurent Dauphin et Ryan Poehling comme radeau de sauvetage à l’attaque, Noah Juulsen, Christain Folin, Josh Brook et Gustav Olofsson comme embarcation de fortune à la ligne bleue, le Canadien ne peut se permettre de frapper un récif de blessures d’ici la reprise des activités.

 

D’où l’importance de trouver un bon équilibre entre intensité et prudence dans le cadre du camp.

 

« Nous passerons la première semaine à travailler sur certains aspects de notre jeu qui ont besoin d’être améliorés. La semaine prochaine, nous travaillerons plus spécifiquement sur la préparation en vue de la série contre les Penguins », a indiqué Claude Julien.

 

S’il est normal de craindre les blessures – bien hâte de voir si Weber sera de retour sur la patinoire mercredi après un congé préventif – Claude Julien assure qu’il ne craint pas du tout avoir à compter sur ses jeunes joueurs de centre.

 

À commencer par Suzuki et Kotkaniemi.

 

« Nick est un excellent jeune joueur de hockey. S’il connaissait une baisse de régime lorsque la pause a été décrétée c’était simplement une question de fatigue. Après le Championnat du monde junior, une dernière année junior qui s’est terminée à la coupe Memorial, notre camp d’évaluation et camp des recrues, Nick a pratiquement joué deux saisons en une. La fatigue l’a rattrapé. Il revient plus reposé et je suis convaincu qu’il sera en mesure de nos donner du bon hockey. Même chose pour Kotkaniemi qui a grandement bénéficié de la pause pour reprendre ses forces et se remettre de ses blessures. Je vous l’ai dit tantôt. Il patine très bien. Beaucoup mieux que l’automne dernier. On ne sait pas ce qui arrivera avec Max Domi, mais le rôle qu’on donnera à KK ne tient pas seulement à la décision de Max », a indiqué Claude Julien.

 

Quant à Jake Evans, Julien croit qu’il a démontré de belles aptitudes lors des 13 matchs disputés après son rappel du club-école.

 

Le principal intéressé entend d’ailleurs bâtir sur cette expérience pour confirmer sa place au sein de la formation. Remarquez qu’il n’aura pas d’autres choix alors que les joueurs marginaux comme lui profitent habituellement des matchs préparatoires comme tremplin. Au lieu de se défoncer contre des adversaires sans crier gare, il doit afficher de l’intensité tout en minimisant les risques de blesser ses coéquipiers lors des entraînements.

 

« On a les moyens de démontrer nos qualités et de déployer la fougue nécessaire pour convaincre l’état-major de nous faire une place. C’est du moins ce que je vais tenter de faire », a assuré Evans qui a marqué deux buts et ajouté une mention d’aide lors de ses 13 parties avec le Tricolore.

 

Un de ces matchs opposait d’ailleurs le Canadien aux Penguins. Evans a donc pu briser la glace face aux Crosby, Malkin et autres vedettes des Penguins. « J’étais impressionné lors de l’échauffement par le fait de me retrouver sur la même patinoire que des gars que j’ai toujours voulu imiter. Ce sera un très gros challenge de nous retrouver contre Pittsburgh. Ils sont bons. Rapides. Ils peuvent profiter des moindres chances que tu leur accordes. Il faudra être prêts », a conclu celui qui pourrait piloter le quatrième trio du Canadien lors du premier match du tournoi de qualifications.

 

À moins d’une surprise...