Le Canadien a pris les moyens pour rebondir au lendemain de la dégelée encaissée à Washington samedi aux mains d’Alex Ovechkin et des Capitals. Il a bien amorcé la partie. Il a patiné. Il a appliqué de la pression sur des Rangers de New York qui étaient complètement débordés.

 

Mais les buts ne sont pas venus. En fait oui : ils sont venus, mais les deux buts marqués par le Tricolore ont été refusés. À tort? À raison? On y reviendra plus tard. Mais ce qui est clair, c’est qu’après avoir encaissé la déception de ces deux buts renversés par les arbitres, le Canadien s’est effondré. L’intensité des 10 premières minutes est disparue et le Tricolore est disparu avec elle.

 

Un club fragile ne se remet pas de décisions défavorables comme les deux que le Canadien a encaissées dimanche. Il ne se remet pas des arrêts miraculeux des gardiens qu’il affronte. Il ne se remet pas des buts chanceux marqués par ses adversaires. Le Canadien n’a pas eu à composer avec les miracles de Lundqvist. Il ne s’est toutefois pas remis des deux autres épreuves qu’il a affrontées. Résultat : le Canadien a été blanchi 2-0 par Henrik Lundqvist qui n’avait rien d’un prétendant au trophée Vézina et des Rangers qui sont loin, très loin, d’avoir disputé un grand match.

 

Un club fragile, c’est ça!

 

Quoi retenir de cette deuxième défaite consécutive?

  1. Deux décisions qui ont tout changé
  2. Un but par match, ce n’est pas assez
  3. Tirer c’est bien, marquer c’est mieux
  4. Quoi faire avec Galchenyuk?
  5. Alzner-Petry : la patience a ses limites

 

Le chiffre du match : 0

 

La saison n’est vieille que de trois matchs. Je veux bien. Il est donc beaucoup trop tôt pour paniquer ou pis encore pour lancer la serviette. Mais un fait demeure : après ces trois matchs qui représentent 185 minutes de jeu, le Canadien ne s’est pas encore offert une avance au pointage une seule fois…

 

Deux décisions qui ont tout changé

 

Les partisans ont crié au vol tout le match. C’est normal, car c’est la nature du partisan de donner le bénéfice du doute à ses favoris.

 

Mais de vol, il n’y a pas eu dans le cadre des deux décisions rendues par les arbitres après les révisions des deux buts marqués par le Canadien.

 

Andrew Shaw a clairement botté la rondelle avec ses patins sur le jeu qui a mené au premier but annulé. Shaw a frappé la rondelle avec son patin droit. La rondelle a touché la jambière gauche de Lundqvist. Sur cette portion de séquence, les arbitres auraient pu refuser le but simplement en déterminant que le geste de Shaw était volontaire. Mais la reprise a clairement démontré que Shaw a récidivé, cette fois avec la lame de son autre patin (gauche) alors que le gardien des Rangers tentait de toucher au disque. D’où la décision de renverser la décision initiale. Ce qui était tout à fait normal considérant que la reprise donnait des indications sans équivoque que la décision initiale était incorrecte.

 

Sur le deuxième jeu, c’était moins évident. Du moins à mes yeux. Il y a clairement un impact entre Max Pacioretty et Henrik Lundqvist après que le gardien des Rangers eut réalisé l’arrêt sur un tir de Shea Weber. Après l’impact, la rondelle frappe le défenseur Ryan McDonagh qui la redirige derrière son gardien.

 

Au banc des Rangers, Lindy Ruff, l’un des adjoints d’Alain Vigneault a consulté les reprises à la disposition des équipes et il a suggéré à son patron de contester la décision initiale. En consultant les reprises, les arbitres ont changé d’idée.

 

Pourquoi?

 

Parce que contrairement à mes prétentions initiales et à celles des fans du Canadien, les arbitres ont déterminé que le contact avec Lundqvist était attribuable à Pacioretty et à lui seulement. Résultat : Pacioretty étant le seul responsable du déséquilibre de Lundqvist, les arbitres ont déterminé que l’impact a empêché le gardien des rangers de se retourner et de tenter d’empêcher la rondelle de glisser derrière la ligne rouge.

 

Pouvait-il y arriver? Peut-être pas. Mais parce qu’on a imputé au capitaine du Tricolore la seule responsabilité de l’impact, il devenait normal que les arbitres infirment leur décision initiale.

 

D’ailleurs le capitaine a convenu avec les journalistes que cette décision finale était sans doute la bonne.

 

Deux problèmes :

  • Il me semble que les arbitres ont infirmé leur décision initiale très rapidement. Bien plus que je m’y attendais considérant le fait que McDonagh semblait vraiment avoir une part de responsabilité.
     
  • J’ai hâte de voir lors des prochains matchs quelles seront les décisions sur des jeux similaires. Estce que les défenseurs seront blanchis de la même façon que l’a été le capitaine des Rangers hier? On verra!

Un but par match, ce n’est pas assez

 

Qu’on soit d’accord ou non avec les deux renversements rendus par les arbitres et même s’il est vrai que ces deux décisions ont fait mal au Canadien, elles n’auraient pas dû lui scier les jambes complètement. Surtout que les Rangers sont loin d’avoir disputé le grand match qu’on anticipait après leurs deux défaites consécutives encaissées pour amorcer la saison.

 

Ce qui nous amène au vrai problème du Tricolore : marquer des buts.

 

Le Canadien n’en a pas marqué un seul – vrai – à New York. Il en a marqué qu’un à Washington samedi. Les deux enfilés à Buffalo, c’était pas mal, mais il en a fallu un autre en tirs de barrage pour remporter la victoire.

 

Tout ça pour dire que le Canadien ne gagnera pas souvent en marquant un petit but par match.

 

Le Canadien ne gagnera pas souvent non plus si c’est le trio de Plekanec, flanqué de Hudon et de Lehkonen qui ont très bien fait hier encore, est le plus menaçant du Tricolore.

 

Drouin, Pacioretty et Gallagher ont été muselés encore hier. Ils jouent contre les meilleurs joueurs défensifs des autres formations et lors des deux derniers matchs, ils ont fini deuxièmes. Et ce ne sera pas plus facile mardi au Centre Bell alors qu’ils trouveront Jonathan Toews, Duncan Keith, Corey Crawford sur leur route.

 

Si c’est difficile et que ce le sera pas mal toujours de marquer à cinq contre cinq face aux meilleurs éléments des autres clubs, Drouin, Pacioretty,  Gallagher ou tout autre ailier droit évoluant à sa place devront profiter des attaques massives pour mousser leur production.

 

Je l’ai écrit dans mes prédictions consacrées à la saison du Canadien : le Tricolore demeure un club petit dans les paramètres de la LNH. Exception faite de Shea Weber, il ne compte pas sur des joueurs capables de faire mal aux adversaires avec de bons coups d’épaule. Seule l’attaque massive peut agir à titre de redresseur de torts pour ralentir les ardeurs déployées par les autres clubs pour le ralentir. À New York dimanche, le Canadien a bousillé sa seule attaque à cinq. Il est loin d’avoir effrayé les Rangers qui l’ont frappé rondement et qui l’ont ralenti au point que le Tricolore n’a rien fait pour pousser les Blue Shirts à écoper des pénalités à ses dépens.

 

Une combinaison perdante pour Montréal.

 

Tirer c’est bien, marquer c’est mieux

 

Ceux qui préfèrent voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide se retourneront vers les tirs obtenus par leurs favoris pour identifier du positif à accoler au Canadien.

 

Je salue ici leur optimisme.

 

Vrai que le Canadien a décoché 63 tirs dimanche et qu’il a cadré 34 rondelles sur le filet des Rangers qui n’ont obtenu que 25 tirs cadrés sur leurs 43 tentatives.

 

Il est tout aussi vrai que le Canadien a tiré 70 fois (39 tirs cadrés) samedi à Washington alors que les Caps ne l’ont fait que 37 fois (23 tirs cadrés).

 

Mais voilà, les Caps ont marqué huit fois contre une seule pour le Canadien.

 

Et hier, Henrik Lundqvist a encore tout arrêté.

 

Ce n’est pas parce que Holtby et Lundqvist ont excellé devant leur cage que le Canadien n’a marqué qu’une fois en 74 tirs. Oui les gardiens ont fait quelques bons arrêts ici et là. Mais c’est surtout parce que beaucoup trop de ces tirs du Tricolore ne représentaient pas de bonnes occasions de marquer.

 

C’est bien de tirer, de tirer souvent, de tirer de partout. Car oui, un moment donné ça finira peut-être par payer. Mais c’est mieux encore de maximiser la qualité de ces tirs en s’assurant qu’ils représentent le plus souvent possible de bonnes occasions de marquer. Ce que le Canadien n’a pas vraiment fait encore hier. Ce qu’il devra faire beaucoup plus souvent ! À commencer par son premier trio et ses mercenaires de l’attaque massive.

 

Quoi faire avec Galchenyuk?

 

Alex Galchenyuk n’est pas plus responsable de la timidité offensive du Canadien après trois matchs que le reste de ses coéquipiers.

 

On peut lui reprocher d’être perdu aux côtés de Phillip Danault et de l’être tout autant lorsqu’il est envoyé en avantage numérique. Galchenyuk se cherche c’est évident.

 

Mais s’il est clair qu’il faudra du temps pour développer une complicité avec Danault et Shaw, il est clair aussi que d’autres joueurs – je pense à Gallagher ici – a été en mesure de se faire complice de Danault bien davantage et bien plus rapidement que Galchenyuk.

 

Si les trois autres trios fonctionnaient à plein régime et remplissaient les buts adverses de rondelles, je dirais à Galchenyuk de trimer plus dur pour développer des liens avec ses compagnons de jeu.

 

Mais avec les ennuis que le Canadien connaît, peut-être qu’il faudrait, oui déjà, chambarder les trios afin de voir si on ne pourrait pas en tirer quelque chose de bien.

 

J’aime bien Gallagher. Beaucoup même. Et je sais qu’il peut faire le travail au sein du premier trio. Mais est-ce qu’il ne serait pas utile de donner un petit survoltage à l’attaque en remplaçant Gallagher par Byron qui a beaucoup de vitesse et en envoyant Gallagher au sein d’un même trio que Galchenyuk?

 

Peut-être que les liens d’amitié qui lient les deux joueurs et la fougue du plus petit des deux réussiraient à fouetter Galchenyuk.

 

Pourquoi pas Galchenyuk avec Drouin et Pacioretty sur une base régulière au lieu des quelques essais que Claude Julien a tentés en fin de rencontre dimanche?

 

Parce que je n’aime pas l’idée de récompenser un gars au détriment d’autres qui le méritent peut-être davantage. Cela dit, ça vaudrait peut-être la peine d’essayer…

 

Est-ce que Lehkonen ne serait pas le meilleur pour jouer avec Drouin et Pacioretty? Peut-être. Mais j’aime tellement la complicité qui s’installe au sein du trio de Plekanec que je me montrerais patient avec eux, car j’ai l’impression que Hudon et Lehkonen sont sur le point de débloquer.

 

Shaw? C’est un pompier de qualité. Mettez-le n’importe où au sein de la formation pour éteindre les feux, et il fera le travail pourvu qu’on n’attende pas de lui qu’il tienne l’attaque à bout de bras. Ce qui serait injuste on en conviendra tous.

 

Alzner-Petry : la patience a ses limites

 

On peut bien parler des ennuis offensifs du Canadien, des difficultés qu’on les attaquants à transformer les tirs en bonnes occasions de marquer et aussi en buts. On doit le faire même.

 

Mais il est crucial aussi de dire que bien des ennuis offensifs du Canadien sont attribuables aux plus sérieux encore ennuis que connaît la brigade défensive du Tricolore.

 

Le jeu de Jeff Petry et de Karl Alzner est désolant. Vraiment. Non seulement n’arrivent-ils pas à contenir leurs adversaires en zone défensive – Petry s’est fait battre comme un débutant derrière Carey Price sur le deuxième but des Rangers – mais les deux joueurs arrivent encore moins à effectuer des relances qui aideraient l’attaque.

 

Jordie Benn et son nouveau partenaire Brandon Davidson – il a été un brin meilleur que Mark Streit qu’il a remplacé dimanche à New York – n’ont pas été beaucoup mieux laissant à Weber et Mete l’entière responsabilité d’appuyer l’attaque.

 

On ne le dira jamais assez : c’est par la défensive qu’on orchestre les attaques. On doit soutirer la rondelle à l’adversaire, on doit la contrôler puis la relancer vers l’avant.

 

Les deuxième et troisième duos de défenseurs du Canadien n’y arrivent pas. Mais alors là pas du tout.

 

Je ne peux concevoir qu’on sorte aussi vite Petry de la formation. À moins qu’il souffre d’une blessure quelconque que le Canadien nous cacherait.

 

Mais Karl Alzner est un bien meilleur défenseur que ce qu’il offre après trois matchs. Petry aussi. Comme le soulignait mon collègue Vincent Damphousse dans l’Antichambre après la rencontre, il est toutefois clair que les choses ne cliquent pas entre ces deux arrières. Du moins pour l’instant.

 

Combien de temps l’état-major sera-t-il encore patient avant de procéder à des changements?

 

Pendant ce temps, Victor Mete continue de bien jouer et de démontrer que personne au sein de la brigade actuelle n’est en mesure de le déloger du premier duo.

 

Tant mieux pour le jeune, tant pis pour les autres!