La transaction qui permet au Canadien de mettre la main sur le vétéran Sergei Gonchar est un vote de non confiance envers Jarred Tinordi et Nathan Beaulieu.

On leur a préféré un joueur de 40 ans, dont les meilleures années sont derrière lui. Ça veut dire que ni l'un ni l'autre n’a été capable d'assumer le rôle qu'on leur demandait. Je trouve la situation dommage, car Tinordi et Beaulieu sont professionnels depuis déjà trois ans. S'ils ne sont pas prêts maintenant, quand le seront-ils? Ce sont des choix de première ronde et on est en droit de s'attendre à plus d'eux. Je ne comprends pas.

Tinordi est là pour assumer le rôle d'un défenseur robuste alors que Beaulieu doit être en mesure d'alimenter l'attaque. Les deux n'ont pas été capables de remplir les attentes du Canadien. Michel Therrien leur a pourtant donné la chance de se faire valoir.

L'arrivée de Gonchar est un désaveu pour les deux jeunes sur une courte période. La direction devra céder un des deux arrières aux Bulldogs de Hamilton, car l'équipe ne gardera pas huit défenseurs dans sa formation. Je pense que Beaulieu est celui qui va écoper puisque Gonchar amène avec lui le profil offensif que le jeune n'est pas en mesure de donner actuellement.

Cette transaction signifie aussi que Tom Gilbert ne chausse pas les patins qu'on attendait de lui lors de son embauche. On peut se poser beaucoup de questions quand on obtient un gars de 40 ans, qui a déjà été une grande vedette, mais qui est sur la pente descendante.

Gonchar va peut-être aider l'attaque massive au sein d'une deuxième vague derrière P.K. Subban et Andrei Markov qui demeurent les pierres angulaires de cette unité. Sur ses 219 buts en carrière, 102 ont été marqués sur des avantages numériques. Il pourrait être le coup de main qu'on espérait voir venir de Beaulieu et de Gilbert.

Le nouveau venu dispute la dernière année de son contrat et il devrait coûter environ 3,5 millions sur la masse salariale du Canadien. Gonchar est à Montréal pour colmater un trou d'ici la fin de la campagne.

Certains diront que le Canadien aurait dû garder Francis Bouillon, qui a 39 ans, mais je pense que le Tricolore est mieux avec Gonchar qu'avec le Québécois. Connaissant toutefois l'ardeur au travail de Bouillon, je me garde une certaine réserve.

Travis Moen lui n'a pas le coup de patin de Dale Weise ou de Michaël Bournival et puisqu'il ne touchait plus la cible, il devenait un joueur unidimensionnel. Il peut certes jouer sur le quatrième trio des Stars de Dallas au cours des deux prochaines saisons, mais j'ignore s'il pourra obtenir un nouveau contrat par la suite, car peu importe avec quelle équipe il sera, il y aura toujours un plus jeune pour essayer de lui voler sa place.

Bourque n'a que lui à blâmer

Michel Therrien n'a rien à se reprocher pour le départ de Rene Bourque vers Hamilton. Le pilote du Canadien lui a donné toutes les chances de réussir et je pense qu'il a été extrêmement patient avec le joueur originaire du Lac La Biche. Parce qu'il avait connu de très bonnes séries, Therrien avait décidé d'être patient avec lui, mais ça n'a pas fonctionné.

Dans l'ensemble, que ce soit dans le cas de Bourque, de Beaulieu, de Tinordi ou de Moen, Michel Therrien a été très patient. Ils ont tous eu leur chance à part de Bournival, qui est blessé. Il n'y en a pas un qui peut se plaindre de l'attitude de l'entraîneur.

Je pense que Bourque a encore les qualités pour jouer dans la LNH. Il a le patin, le physique, mais il n'est pas capable d'être constant à part la période de ses deux saisons de 27 buts à Calgary. C'est une question d'effort et de volonté. Il n'a pas encore marqué en 15 parties cette saison à Montréal. Je pense que c'est une question d'implication devant le filet.

*propos recueillis par Robert Latendresse