Quelques jours avant que P.K. Subban ne soit garanti d'être un membre du Canadien de Montréal pour six autres années, l'organisation a fait le choix de le transiger aux Predators de Nashville en retour de Shea Weber.

Le fait d'échanger un joueur aussi apprécié a créé toute une onde de choc. En retour, le CH a mis la main sur un défenseur qui est de 4 ans l'aîné de P.K. et qui est sous contrat pour encore 10 ans, le Tricolore économisant seulement 1,14 million et des poussières sur le plafond salarial. Il s'agit probablement de la plus importante transaction impliquant le CH depuis le douloureux jour où il a échangé Patrick Roy en 1995.

Il est difficile de décortiquer cette transaction, car peu importe l'angle d'analyse, il est difficile de comparer ces deux joueurs. Shea Weber se comparait mieux la saison dernière, alors qu'il était âgé de 30 ans, à Dion Phaneuf. Il possède un tir foudroyant, mais il ne touche à la rondelle qu'à 69,2 occasions pour chaque tranche de 20 minutes de jeu jouées à égalité numérique. Cela peut paraître beaucoup, mais c'est sous la moyenne de la ligue qui est de 75,4 touches pour chaque tranche de 20 minutes jouées. Ce résultat est d'autant plus inférieur comparativement à la moyenne de 89 touches de Subban, celui-ci menant la LNH à ce chapitre.

Essentiellement, le Canadien a échangé un défenseur qui fait tout (transporter le disque, créer des occasions de marquer, récupérer des rondelles libres, soutirer le disque à l'adversaire) pour un défenseur préférant demeurer en retrait et réaliser des jeux lorsque cela est nécessaire.

À première vue, il est difficile d'affirmer avec certitude que l'un de ces styles de jeu est supérieur à l'autre, mais les comparables de Subban sont Victor Hedman, Brent Burns et Erik Karlsson, alors que ceux de Weber sont Fedor Tyutin (dont le contrat a récemment été racheté), Cody Ceci et Ladislav Smid. Cela ne signifie pas que Weber est aussi mauvais que ces joueurs, mais son impact général sur une partie de hockey est moindre puisqu'il touche moins souvent au disque.

Il est fort probable que le Canadien savait qu'il serait perdant en termes de temps de possession et de chances de marquer générées. Il a peut-être pris en considération ce que chacun de ces joueurs fait et ne fait pas en possession de la rondelle avant de conclure cette transaction. Les données de la LNH portant sur les revirements commis ont souvent été citées depuis l'annonce du présent échange pour démontrer que Subban commet davantage de revirements que Weber. Il n'est toutefois pas possible de se fier à ces chiffres, ceux-ci étant comptabilisés de façon différente dans chaque aréna. De plus, si Subban complète 20 jeux de plus pour chaque tranche de 20 minutes jouées, il est normal, en termes de chiffres bruts, qu'il commette plus de revirements.

Ce qu'il est possible de faire pour dresser un comparatif plus juste entre ces deux joueurs, c'est d'observer le pourcentage de jeux tentés qui fait perdre la possession du disque à son équipe en utilisant la moyenne de l'équipe comme base de référence. Essentiellement, cela nous donnera un taux de revirements pour chaque zone. Afin de clarifier cet exercice, nous allons inverser les chiffres pour que plus un chiffre soit élevé, meilleur soit le résultat. La raison pour laquelle nous utilisons des taux de revirements relatifs est que le nombre de revirements dépend grandement du système de jeu pratiqué. Si une équipe dégage plus souvent le disque depuis son territoire défensif et le rejette plus souvent en territoire adverse, le taux de revirements commis par cette même équipe sera plus élevé.

P.K. Subban et Shea Weber à égalité numériqueÉtonnamment, Subban est celui qui semble commettre le moins de revirements comparativement à ses coéquipiers. Il affiche le meilleur taux de revirements commis de la ligue en zone offensive, ce qui veut dire qu'il fait le moins d'erreur par jeu tenté.

Weber a le dessus sur Subban en territoire défensif, mais par une faible marge de 0,2 %. Il passe davantage de temps dans son territoire défensif et il y réalise une plus grande proportion de ses jeux en possession du disque, car il est moins impliqué en zone neutre et adverse.

Les deux joueurs en cause se classent dans la moyenne en ce qui concerne la zone neutre, mais encore une fois, Subban y réalise significativement plus de jeux. De manière générale, Subban affiche un meilleur taux de revirements commis.

Pour le bien-fondé de cet argumentaire, je prends aussi en compte le Corsi et le pourcentage de buts accordés alors que le joueur était sur la glace comparativement à ses coéquipiers, et ce, lors des trois dernières années. Alors que Subban s'est classé parmi l'élite de la LNH pendant cette période, Weber a actuellement moins bien fait que la moyenne de Nashville.

Cela signifie que lorsque Weber fut sur la glace, Nashville a davantage été dominé au chapitre des lancers et des buts que lorsqu'il est sur le banc. Weber jouait de grosses minutes à Nashville, mais si vous êtes véritablement un défenseur appartenant à l'élite, vous ne devriez pas enregistrer un résultat négatif dans l'une de ces deux catégories.

Il y a eu un moment où Weber fut parmi les meilleurs défenseurs de la ligue, mais pour celui qui aura 31 ans en août, cette période est révolue. Pour sa part, Subban est au sommet de sa forme. Au moins, en transigeant Patrick Roy, le Canadien pouvait se justifier en affirmant qu'un échange était nécessaire et qu'il s'était rajeuni. Le présent échange vieillit le Canadien, le rend plus lent et moins dynamique. De plus, il dépense 8 millions sur le plafond salarial pour les dix prochaines années. Qualifier cela de mauvaise transaction serait être généreux.