BROSSARD, Qc - Dès qu’il a été repêché par le Canadien, Will Bitten a commencé à se voir ailleurs. Oh, l’idée de jouer un jour à Montréal l’emballait! Mais avant d’en arriver là, il sentait qu’il avait besoin d’un changement de décor.

Bitten avait l’impression d’avoir assez donné à ses deux premières années dans la Ligue junior de l’Ontario. À 15 ans, il avait été repêché par les Whalers de Plymouth, une équipe qui évoluait à 850 kilomètres du domicile familial situé à Ottawa. « Je crois que je n’aurais pas pu me retrouver plus loin de la maison », calcule-t-il.

L’année suivante, les Whalers ont déménagé à Flint, où l’équipe a rapidement été plongée dans la polémique. En novembre, le propriétaire Rolf Nilsen a congédié l’entraîneur-chef John Gruden sans raison apparente, l’a réembauché à la demande des joueurs et l’a remercié de nouveau en février. Un désaccord quant à l’utilisation du fils de proprio, un défenseur au sein de l’équipe, aurait été au cœur de ces décisions. En avril, le commissaire de la l’OHL a infligé à Nilsen une suspension de cinq ans et lui a imposé une amende de 250 000 $.

Un zoo, bref. Excédé par ce mélodrame, Bitten a exigé une transaction durant la saison morte.

« Ce n’était pas juste pour ça, affirme-t-il. Premièrement, je voulais pousser mon cheminement et m’améliorer. Je voulais faire les séries aussi, c’était une grosse raison. J’en ai parlé avec le Canadien et on pensait tous que c’était la meilleure chose pour moi. »

Le souhait de Bitten n’a pas été exaucé sur le champ. Les Firebirds avaient déjà disputé trois matchs quand ils ont finalement acquiescé à sa demande en l’envoyant aux Bulldogs de Hamilton. Et selon sa version de l’histoire, c’est ici que son association avec Montréal a été payante.

« Le propriétaire des Bulldogs, Michael Andlauer, est aussi l’un des actionnaires du Canadien. Je pense qu’il a eu son mot à dire là-dedans, dit Bitten avec un sourire en coin. C’est pas mal cool. »

Mais ils sont plus d’un à Hamilton à avoir tiré les ficelles pour y attirer le jeune Franco-Ontarien. Un autre lobbyiste de première ligne fut John Gruden, son ancien entraîneur, qui avait trouvé un emploi derrière le banc des Bulldogs.

« Il sait que je suis un très bon joueur. Il m’aime beaucoup et j’aime aussi jouer pour lui, concède Bitten. Je ne m’étais jamais fait échanger avant alors ça m’a pris un peu de temps à me retrouver, mais le coach m’a confié le même rôle que l’année précédente à Flint et après deux ou trois semaines, j’étais comme à la maison. »

Les épaules soulagées du poids de la controverse, Bitten a connu une saison à la hauteur de ses attentes. Il n’a pas été en mesure de surpasser son total de points de la saison précédente, mais il s’est tout de même logé au deuxième rang du classement des marqueurs de son club et son différentiel est passé de moins-29 à plus-13, une amélioration dont il retire une grande fierté.

« Je trouve que j’ai très bien joué. J’étais plus efficace dans les deux sens de la patinoire. [Le différentiel], je pense que toutes les équipes regardent ça, c’est un point intéressant. Un joueur veut toujours être dans le positif, mais à Flint on n’avait pas un club pour faire les séries. C’était différent. »

À Hamilton, c’est exactement ce que l’arrivée de Bitten a contribué à faire des Bulldogs : une équipe de séries. Derniers dans l’Est avec 58 points en 2015-2016, ils ont ajouté 16 points à leur récolte l’année suivante pour terminer au cinquième rang dans leur association. Ils ont ensuite poussé les Frontenacs de Kingston à la limite avant de s’incliner au premier tour des séries éliminatoires.

« L’année prochaine, on y va jusqu’au bout », lance le joueur de centre avec optimisme.

Avant de viser les séries, Bitten fixera sa mire sur un ambitieux objectif personnel, celui de gagner sa place au sein d’Équipe Canada junior en vue du Championnat du monde qui aura lieu cette année à Buffalo. Déjà, il a reçu son invitation pour participer au camp d’évaluation estival de la jeune sélection. La suite lui appartient.

« J’ai besoin d’une très grosse année parce que j’aimerais ça jouer à Laval dès l’année prochaine, rêvasse-t-il. Ça, c’est mon but et ça serait incroyable de l’atteindre. »