BROSSARD, Qc - Quand on lui a demandé, après la victoire des siens contre les Blackhawks de Chicago, si certains joueurs commençaient à lui causer des maux de tête alors qu’une partie de moins le séparait de l’heure des décisions finales, Michel Therrien a immédiatement prononcé le nom de Darren Dietz.

Jeudi, alors le Canadien s’entraînait pour la dernière fois avant de clore son calendrier préparatoire avec une série aller-retour contre les Sénateurs d’Ottawa, les éloges de l’entraîneur au sujet du jeune défenseur ont trouvé écho dans les plus récentes réductions d’effectif effectuées par la direction. Cinq joueurs ont été retranchés et renvoyés dans la Ligue américaine, mais Dietz a échappé à la guillotine.

Therrien, qui jonglera avec neuf défenseurs d’ici l’annonce des dernières coupes, s’avoue surpris par le rendement de l’arrière de 21 ans.

« Il a été blessé assez sérieusement l’année dernière, mais il a été un excellent défenseur au niveau junior. Il nous démontre de belles choses. J’aime son implication avec la rondelle, son accélération. Il est capable d’exploser pour se séparer du jeu et faire une bonne transition. C’est l’une des raisons pour lesquelles on a voulu le garder. On veut lui donner l’opportunité de disputer au moins un match en fin de semaine. »

Dietz, lui, ne ressent pas l’effet de surprise que provoque son séjour prolongé à Montréal. « Je suis extrêmement enthousiaste, mais je ne dirais pas que je suis étonné d’être encore ici. J’ai confiance en mes moyens et je travaille avec acharnement pour m’améliorer. Je me dis que tant que je vois les choses de cette façon, on ne sait jamais ce qui peut arriver. »

Jusqu’ici, la progression semble évidente. Avant de connaître une première saison chez les professionnels écourtée par deux blessures, Dietz avait enfilé l’uniforme bleu-blanc-rouge une première fois au camp d’entraînement de 2013. Le match de mercredi à Chicago, au cours duquel il a été le joueur le plus utilisé par Therrien, était sa deuxième chance de se faire voir par les grands patrons.

« Chaque fois qu’un joueur se présente à un camp d’entraînement, son but est de se tailler un poste avec l’équipe, alors je ne crois pas avoir accompli quoique ce soit de spécial ici », affirme l’ancien des Blades de Saskatoon, les deux pieds sur terre.

« Présentement, je ne pense qu’à ma prochaine journée de travail. C’est un privilège d’être ici et je dois le mériter chaque jour. »

À l’entraînement jeudi, Dietz a fait équipe avec Jarred Tinordi au sein de ce qui peut être identifié comme la quatrième paire de défenseurs du club.

Tinordi, un choix de première ronde en 2010, voyait d’un œil positif sa prestation de la veille et se réjouissait d’avoir survécu aux coupes du jour, mais les rapports sont moins élogieux dans son cas. Visiblement, les évaluateurs du Canadien ne sont pas pleinement satisfaits de son rendement. « Il doit s’ajuster au temps de la Ligue nationale », a d’abord soulevé Therrien sans même qu’on ne lui pose la question.

« Il assure une présence imposante et très physique, mais son exécution doit être meilleure, a ensuite développé le coach. Nous essayons de travailler avec lui et parfois, on voit des signes d’amélioration. Le chemin peut être plus long pour un jeune défenseur, surtout un gars de son gabarit. Il aura une longue et fructueuse carrière dans la LNH, je n’en doute pas, mais pour l’instant il est engagé dans un processus normal. »

« Mon but est de devenir un joueur plus constant. Je crois que c’est surtout ce qu’on veut voir de ma part », convient Tinordi.

Bouillon et le malheur des autres

Pendant ce temps, Francis Bouillon continue son petit bonhomme de chemin. Il est maintenant clair que le vétéran de 38 ans, qui comble chaque temps mort avec de petits exercices en solitaire lors des entraînements, ne contrôle pas entièrement sa destinée.

« Francis n’est pas en audition, a clarifié Therrien. S’il y a quelqu’un qui sait exactement à quoi s’attendre de sa part, c’est bien moi. Il s’agit plutôt de voir comment se développent nos jeunes. Sont-ils prêts pour la Ligue nationale? Quand on va faire notre évaluation, une décision sera prise en conséquence. »

« C’est sûr que je suis fébrile un peu, a admis Bouillon, qui n’a pris part qu’à un seul des cinq matchs préparatoires du Canadien cet automne. J’ai hâte de voir ce qui va se passer, mais j’étais arrivé ici avec une bonne attitude et je n’avais pas vraiment d’attente. Je suis ici pour gagner un poste et je vais me concentrer sur ce que je sais faire de mieux, c’est-à-dire jouer au hockey. »

Bouillon n’a pas obtenu de mise à jour sur ses chances de gagner son pari depuis qu’il s’est pointé sans contrat au camp. Mathématiquement, à tout le moins, les départs de Pateryn et Drewiske augmentent ses probabilités d’amorcer une autre saison dans la LNH.

« Ce n’est jamais de bonnes nouvelles pour personne, mais parfois il faut profiter du malheur des autres. Je suis dans une bataille contre plusieurs jeunes. Il y a beaucoup de bons espoirs ici, mais je ne m’étais pas amené ici pour donner des conseils à tout le monde. C’était pour faire ma place et c’est toujours mon but, même si je n’ai pas le plein contrôle là-dessus. »