Il est essentiel de retenir une chose prioritaire au lendemain de l’élimination du Canadien face aux Sénateurs d’Ottawa. Cela fait exactement un an et huit jours, à peine, que les grands bouleversements ont été amorcés au sein de l’organisation et on peut donc conclure que c’est un véritable pas de géant qui a été effectué depuis le 2 mai 2012, date de l’embauche de Marc Bergevin à titre de directeur général. Un pas de géant, certes, mais un premier pas seulement car comme le disait Michel Therrien lors de son point de presse, quelques minutes après la défaite de jeudi soir, il reste encore beaucoup de travail à faire pour rendre son équipe apte à aspirer aux grand honneurs.

Le facteur le plus important, sans l’ombre d’un doute, est l’intégration dans la formation de très jeunes joueurs tout à fait remarquables, qui assureront une base extrêmement solide au développement qui se poursuivra au cours des prochaines années. Brendan Gallagher, Alex Galchenyuk et, en fin de parcours, Jarred Tinordi ont tous démontré un niveau de jeu exceptionnel, compte tenu de là où ils en sont dans leur vie professionnelle. Qu’on leur ait fait une place avec le « grand club » représentait déjà une véritable bouffée d’air frais, compte tenu des politiques du passé chez le Canadien, mais la maturité démontrée par les trois fut renversante !

Autre facteur de premier ordre, un peu dans le même sens : l’éclosion de jeunes « vétérans », qui ont haussé leur jeu à un niveau très élevé. Je pense bien sûr à P.K. Subban, candidat au trophée Norris, mais aussi à Lars Eller envers qui plusieurs avaient de sérieux doutes et qui, en fin de saison, était devenu rien de moins que le meilleur centre du Canadien de Montréal. Le deuxième vient à peine d’avoir 24 ans, le premier les aura dans quelques jours. En ajoutant le nom de Max Pacioretty au « groupe des 24 ans », nous avons là une autre plate-forme rassurante pour plusieurs années à venir.

Du poids

Par ailleurs, à mots à peine couverts, l’entraîneur Michel Therrien avouait en point de presse jeudi soir que l’aspect « physique » de la série contre les Sénateurs avait été un facteur qui a joué en défaveur de son équipe et qui, éventuellement, a fait basculer les choses dans la cour des rivaux. En fait, en toute objectivité, c’est à compter du moment où le jeu a gagné en intensité, dans le dernier droit de la saison, que le Canadien a commencé à perdre de son lustre. C’est aussi à compter de ce moment que sont apparus tous les bobos, petits et gros, et que les défaites se sont accumulées à un rythme inquiétant! Depuis la blessure au défenseur Alexeï Emelin, la fiche de l’équipe est de cinq victoires et dix défaites, incluant la série de première ronde contre Ottawa. La corrélation est indéniable.

Au cours de l’été, Marc Bergevin devra donc se pencher sur cette réalité qui a miné son équipe depuis environ un mois. L’ajout de Brandon Prust fut un pas dans la bonne direction, mais le fougueux ailier a fini par s’user à la corde tellement il était seul à jouer le rôle de policier, rôle qu’il ne peut jouer complètement, du reste, compte tenu de son physique plus délicat que la plupart des matamores qu’il doit affronter, soir après soir. Ryan White est un joueur d’énergie, mais il ne fait que 6 pieds et même pas 200 livres. Quant à Travis Moen, il est clair qu’il n’est plus intéressé à jouer un rôle de cette nature, sauf de temps en temps.

Le Canadien doit donc gagner en poids et en robustesse, qu’on le veuille ou non. Sinon, les petits joueurs talentueux de l’organisation n’auront plus de carburant dans le réservoir, le printemps venu, comme on l’a vu de façon assez criante au cours de la dernière séquence.

Et le gardien?

C’est encore une fois le poste de gardien de but qui laisse perplexe, quelques heures après la fin de cette courte saison. Les amateurs et la direction auront le temps d’analyser en long et en large le rendement de Carey Price au cours des prochains jours ou semaines, mais à chaud, on doit admettre qu’on reste encore sur notre appétit dans le cas de Price.

Il a si bien paru, si souvent. Mais si mal, trop souvent, particulièrement dans les moments clés. Le remarquable potentiel qu’on lui reconnaît tous, unanimement, ne parvient pas à se transformer en rendement constant, sur la patinoire. Ce que Craig Anderson a accompli pour les Sénateurs en saison régulière, mais surtout au cours de la série contre le CH, est venu renforcer les conclusions auxquelles on arrive malheureusement de plus en plus souvent dans le cas de Carey.

Quelqu’un me disait récemment qu’il n’avait peut-être pas la « personnalité » pour être un gardien de premier plan à Montréal, où tout est amplifié, voire même démesuré et que ce n’était peut-être donc pas une question de talent brut, après tout. Difficile à dire.

Chose certaine, le Canadien de Montréal en fait encore, à court terme et moyen terme, son gardien de prédilection. Mais il devra passer à l’étape qui lui reste encore à franchir dès la saison prochaine s’il veut être à la hauteur des attentes placées en lui.