La vie de Serge Savard a été façonnée par le parcours de l’illustre Jean Béliveau et il n’a pu retenir ses émotions quand le moment est venu de parler de celui qui a été son idole de jeunesse, son coéquipier, son meneur et son collègue au sein de l’administration du Canadien.

« Jean Béliveau c’était l’un des plus des grands si ce n’est pas le plus grand de l’histoire du Canadien », a témoigné Savard avec un ton empreint de respect pour le célèbre numéro 4.

« Plusieurs joueurs ont vu leur chandail être retiré ou ont été admis au Temple de la renommée, mais Jean et Maurice Richard étaient à un autre niveau, au sommet du peloton », a-t-il pris le temps d’insister.

Mais c’est au moment de revenir sur ses derniers moments avec le légendaire « Gros Bill » que Savard a été noué par les émotions. Puisque leurs parcours ont été liés au fil du temps, Savard est toujours demeuré proche de M. Béliveau et il avait été le visiter récemment.

« Je suis allé le voir il y a quelques semaines, il ne pouvait pas se lever du lit, mais il était encore très conscient. Il a été une grande personne dans ma vie et ça me faisait beaucoup de peine de le voir ainsi », a-t-il raconté.

« Je l’ai remercié pour ce qu’il a fait pour nous... », a poursuivi Savard en ne pouvant retenir ses larmes.

Il faut dire que le membre du « Big Three » est littéralement tombé en admiration avec M. Béliveau dès qu’il a fait ses premiers pas avec l’organisation du Tricolore et ce, par l’entremise de la radio.

« Je me souviens quand il avait marqué trois buts à son rappel des As de Québec. J’étais accoté sur mon gros radio chez mes parents en Abitibi et il est devenu une idole instantanée », s’est rappelé Savard à propos de cet homme si humble et généreux.

Lorsque ce fut à son tour de faire le saut avec le CH, Savard n’aurait jamais imaginé la scène qui allait se présenter à lui prouvant l’ampleur du monument qu’a été M. Béliveau.

« Quand je suis arrivé chez le Canadien, je suis tombé face à face avec lui. Il m’a dit : "Bonjour Serge et bienvenue". Il me connaissait parce que j’évoluais avec le Canadien junior », a exprimé Savard en se remémorant ce précieux souvenir.

Même s’il n’était pas l’homme des grands discours, Savard et tous ses coéquipiers se tournaient toujours vers lui pour trouver l’exemple à suivre. L’ancien défenseur et directeur général du Canadien a rappelé que M. Béliveau était d’une influence sur tous les aspects pour ses confrères.

« Il donnait l'exemple avec son jeu »

« On avait des casiers postaux dans la chambre et il recevait 10 fois plus de courrier que les autres joueurs, mais il répondait personnellement à son courrier. Quand on le voyait agir ainsi, on devait en faire autant. Il nous disait aussi : "Si vous n’êtes pas capables de signer votre nom pour qu’on puisse le lire, ne le signez pas"», a exprimé celui qui a partagé quatre saisons en sa compagnie.

Si Gordie Howe est surnommé M. Hockey, Savard identifiait M. Béliveau ainsi.

« Il a été Monsieur Respect. Quand quelqu’un meurt, on dit souvent qu’il n’avait pas d’ennemis, mais c’était vraiment le cas pour M. Béliveau. On lui a offert d’être Sénateur et Gouverneur général et tout le monde aurait salué cette nomination s’il avait accepté », a rappelé Savard avec justesse.

En accédant au poste de directeur général du Canadien, Savard n’a pas eu à chercher pour trouver l’exemple de prédilection dans son style de gestion.

« Quand je suis arrivé dans ce poste en 1983, le bureau de Jean était le voisin du mien et je suis allé plusieurs fois prendre un café avec lui pour connaître son opinion sur différents dossiers », a conclu Savard qui s’est inspiré du grand calme de M. Béliveau pour soupeser les importantes décisions à prendre durant son règne.

André Savard rappelle à quel point M. Béliveau aimait aider les gens

Après l’avoir connu à son époque comme joueur des Remparts de Québec, André Savard a découvert davantage la merveilleuse personnalité de Jean Béliveau quand il a accédé au poste de directeur général du Canadien.

« Quand je l’ai rencontré pour la première fois avec les Remparts, j’étais plus gêné et je lui avais parlé brièvement. Il était tellement imposant, c’était M. Hockey et M. Respect », s’est souvenu André Savard à propos de celui qu’il rencontrait souvent avec sa femme.

Dans son rôle de dirigeant, André Savard a pu bavarder avec M. Béliveau à plusieurs reprises et il a notamment été impressionné par son énorme altruisme.

« Il aimait tellement aider les gens. Il a été un facteur important pour que les anciens joueurs des années 50, 60 et 70 qui ont été moins fortunés obtiennent plus d’argent à partir de 65 ans. Jean n’avait pas besoin de cet argent, mais il a sensibilisé à la LNH à ce sujet », a mentionné André Savard.

Avec sa diplomatie éloquente, M. Béliveau commentait parfois les ressources à la disposition du Canadien sur la patinoire.

« Il venait parfois faire son tour dans mon bureau et il trouvait que nous étions un peu trop petits en attaque. J’étais d’accord avec lui, mais je lui disais que je n’avais pas de Jean Béliveau à ma disposition », a rappelé André Savard en riant.